Quand Marc Le Fur (député UMP, droite populaire) soutenait des extrémistes…

dimanche 3 juin 2012.
 

Trente-quatre catholiques traditionalistes comparaissaient hier devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils étaient poursuivis par le parquet pour avoir perturbé fin octobre le spectacle de l’Italien Romeo Castellucci, « Sur le concept du visage de Dieu ». Dès la première représentation, ils étaient montés sur la scène du Théâtre de la Ville (Paris). Certains d’entre eux avaient invectivé les spectateurs, jeté de l’huile de vidange ou des œufs. Et pour d’autres, prié et entonné des chants religieux. Des actes répétés le lendemain et encore trois jours plus tard, qui leur valent d’être poursuivis pour avoir « de manière concertée et à l’aide de voies de fait », ou de « violence » pour certains, fait « entrave à la liberté d’expression ».

Pourquoi parler de ce procès renvoyé pour la seconde fois ? Parce qu’au moment des faits Marc Le Fur (candidat UMP dans la 3e circonscription des Côtes d’Armor) avait été l’un des quinze premiers députés à trouver du « mérite » aux manifestants poursuivis. Dans un communiqué qui figure toujours sur son blog, M. Le Fur et ses collègues estimaient que les manifestations organisées devant ce théâtre par le Renouveau français et l’Institut Civitas, deux mouvements catholiques intégristes, traduisaient une « très légitime indignation ». « Sans doute certains sont-ils excessifs », ajoutait-il, « mais ils ont le mérite de réveiller une certaine apathie chez nos concitoyens qui, tout en étant d’accord avec eux, n’osent pas réagir, terrorisés par l’opinion médiatique qui les ferait passer pour des « fondamentalistes chrétiens«  ». Voilà qui éclaire sous un nouveau jour la personnalité du député sortant et révèle une facette de ses engagements, malheureusement ignorée de l’immense majorité des habitants de la circonscription.

Les groupes dont M. Le Fur défendait l’action ne sont pas seulement « excessifs » dans les moyens employés, ils sont aussi hostiles à la République. « Nous sommes contre l’inscription de la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans la Constitution », proclame Alain Escada, le secrétaire général de l’institut Civitas, qui revendique son activité de « lobbyiste auprès des décideurs politiques dans le but de rechristianiser la France ». Cet « institut » qui ne cache pas son intention de vouloir investir le terrain politique s’appuie sur les traditionnalistes qui fréquentent l’église parisienne Saint-Nicolas-du-Chardonnet, illégalement occupée depuis 1977 par la Fraternité Saint-Pie X.

En novembre dernier, quand Civitas appelait à manifester devant les théâtres, l’archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, Mgr André Vingt-Trois, s’était clairement démarqué de leurs agissements lors d’un entretien à Radio Notre-Dame : « C’est un groupuscule qui se réclame de l’Église catholique sans aucun mandat » et qui « fait de la foi un argument de violence. » « On est en face de gens qui sont organisés pour des manifestations de violence et pour obtenir, ce qu’ils ont obtenu d’ailleurs, une place dans les journaux », dénonçait-il.

Christiane Chombeau, candidate Front de Gauche 3e circonscription des Côtes d’Armor


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