« Pacte pour la croissance et l’emploi »... Une pantalonnade

mercredi 11 juillet 2012.
 

Venons-en au fumeux « pacte pour la croissance et l’emploi » prétendument arraché au gouvernement allemand. Une pantalonnade ! Le document ne comporte aucune nouveauté par rapport à ce qui avait déjà été décidé. Contrairement à ce qui s’est beaucoup claironné de tous côtés, les bornes de ce « pacte » ont été clairement fixées par référence au passé récent où Sarkozy et Merkel menaient la barque. Car il est bien précisé qu’il s’appuiera « sur l’ensemble de mesures arrêtées lors des précédentes réunions » en la matière. Et, en cas d’oubli, il est bien dit que ce « pacte » respectera « le cadre des efforts d’assainissement budgétaire intelligent qui sont actuellement déployés ». Intelligent ? Dans ces conditions, que contient le « pacte pour la croissance et pour l’emploi » tel que « négocié » par Hollande, Merkel, Rajoy et Monti à Rome le 21 juin dernier ? L’injection, paraît-il, de 120 à 130 milliards d’euros « pour la croissance ». Chiffre qui permet d’annoncer qu’il s’agit de « 1% du PIB européen ». Impressionnant ? Notons déjà que le PIB européen est de 14 000 milliards. 1% ferait 140 milliards et non 120 ! Quoiqu’il en soit, cette somme est dérisoire comparée aux milliards engagés récemment sans contrôle d’usage au profit des banques. Ainsi quand plus de 1000 milliards, rien que pour janvier et février 2012, ont été prêtés aux banques européennes pour trois ans et au taux de 1%. Personne n’en a vu la couleur dans l’économie réelle. On dit que même madame Merkel est déçue ! Cela tourne à la farce quand on découvre que cette somme de 120 milliards est acquise en mobilisant ce qui reste des « fonds structurels » inutilisés ! D’autant que pour savoir ce qui sera effectivement utilisé ou pas il y a doute aussi car le budget les a provisionnés jusqu’à 2013 ! Cela devient insupportable à entendre quand on sait que ces fonds « structurels » ainsi réaffectés sont ceux dont bénéficient prioritairement les régions les plus pauvres ainsi que les DOM et les TOM français. Enfin le ridicule vient de ce que ces fonds ne sont pas utilisés en raison même de la politique d’austérité. En effet ils cofinancent des projets conclus entre les Etats et le secteur privé. Mais les Etats sont invités à ne pas augmenter la dépense publique !

J’achève cette partie démoralisante de ma note avec la fausse victoire de « la taxe sur les transactions financières ». Les quatre dirigeants européens se sont mis d’accord pour adopter cette taxe dans le cadre d’une « coopération renforcée » c’est-à-dire un accord incluant au moins neuf Etats de l’UE. Quelle nouveauté ? Aucune ! Il n’y a strictement rien de nouveau là-dedans. La France de Sarkozy, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, l’Autriche, l’Espagne, la Finlande, la Grèce et le Portugal, ont annoncé en février dernier qu’ils entraient en coopération renforcée pour la mise en place de cette taxe ! Je précise, comme je l’ai déjà fait à l’époque, qu’il s’agit d’une taxe déséquilibrée, trop favorable à la spéculation. En effet les produits dérivés, qui représentent plus de 80% des transactions financières, se verraient appliquer un taux d’imposition réduit. Je découvre à présent que cette taxe sera perçue sur une base très loin de l’« assiette assez large » promise par Hollande. Elle ne concernerait pas par exemple le marché des changes.


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