De la délégation de PRS au Forum Social Mondial de Nairobi (compte-rendu des 3 premiers jours)

vendredi 26 janvier 2007.
 

La septième édition du Forum Social Mondial se tient à Nairobi, au Kenya, du 20 au 25 janvier 2007. C’est la deuxième fois consécutive - après Bamako au Mali en 2006 - que le FSM est organisé sur le continent africain. L’association Pour la République Sociale est représentée en particulier par Nicolas Voisin, membre du Bureau National qui participe aux travaux. Pendant les cinq jours du Forum, il nous envoie son carnet de route.

Jour 1 - Dimanche 21 janvier 2007

Arrivé hier soir trop tard à Nairobi pour participer à la manifestation qui a ouvert symboliquement le FSM. Plusieurs dizaines de milliers de manifestants, syndicalistes, élus et militants venus du monde entier, ont, avec leurs camarades Kenyans, traversé les quartiers pauvres de la capitale.

Ce matin, le FSM a commencé... il faut le reconnaître, dans une certaines confusion. Puisqu’à 11 heures, aucune des dizaines de réunions programmées à 8h30 n’avait débuté. C’est donc sous le soleil équatorial monté à son zénith que les premières rencontres ont réellement démarré, sur les mille qui sont prévues pour les 5 jours de ce ce FSM. Mais curieusement, l’ordre s’est installé dans cette véritable fourmillière installée autour du stade, les organisateurs d’initiatives programmées tôt le matin acceptant de bon cœur de se donner rendez vous plus tard, dans une salle qui restera à définir, pour permettre aux suivants d’exposer leurs travaux.

Pour PRS, cette première journée un peu confuse où les participants passent pas mal de temps à chercher leurs salles, est l’occasion de multiplier les rencontres improvisées avec nos amis politiques. Un FSM, au-delà des travaux programmés et officiels, c’est aussi cela : cette concentration de militants permet d’être sûr de rencontrer les camarades et d’improviser des discussions informelle mais qui sont parfois décisives pour ouvrir de nouvelles perspectives d’action.

Ainsi, il a été possible de faire le point avec un certain nombre de nos amis Latino-américains (notamment du Parti des Travailleurs du Brésil, et de Frente Amplio d’Uruguay)sur la situation politique française, les suites du Non à la Constitution, et les enjeux de l’élection présidentielle de mai 2007 pour la Gauche.

Mais c’est avec les camarades européens que les choses ont significativement avancé aujourd’hui pour PRS, puisque plusieurs responsables politiques ont manifesté leur plus grand intérêt pour l’initiative prévue en France les 23 et 24 février prochains (au Sénat) d’une réunion de notre réseau Initiative pour une Assemblée Constituante européenne.

Toutes nos discussions du jour le confirment : la demande est forte, au sein de la Gauche en Europe, pour que cette question de la Constituante européenne soit inscrite dans la campagne présidentielle. Nos amis politiques européens, partisan du Non, mais aussi du Oui, tenant compte avec sérieux du référendum français, nous demandent de nous battre pour que l’arrivée de la Gauche au pouvoir en France soit le début d’un nouveau processus constituant, mais démocratique cette fois-ci. Aujourd’hui, nous avons obtenu la confirmation de la présence lors de notre initiative des 23 et 24 février de plusieurs parlementaires espagnols (PSOE et Izquierda Unida), suisses, et de parlementaires européens d’Italie.

Nous avons également rencontré Nicola Vallinoto, Vice Président du mouvement fédéraliste européen, avec qui nous avions co-organisé un séminaire lors du FSE d’Athènes en 2006.

Une première journée utile à Nairobi, sur le long chemin de la République Sociale...

Jour 2 - Lundi 22 janvier 2007

Dès la première journée, mon attention a été attirée par le nombre importants d’ateliers consacrés à la question de l’eau. Ce sont en effet des dizaines de réunions qui sont programmées sur ce sujet tout au long du forum, à l’initiatives d’ONG et d’organisations syndicales ou politiques venues du monde entier.

Impossible pour moi de participer à toutes les rencontres, mais le seul constat de leur nombre démontre que la question de l’eau est devenue un enjeu décisif, tant sur le terrain environnemental que politique, tant dans les pays du Nord que ceux du Sud.

Dimanche en fin d’après midi et lundi matin, j’ai participé à deux de ces nombreux ateliers. Le premier abordant la question sous l’angle des services publics en général, le deuxième, à l’initiative de la Fondation Rosa Luxembourg, permettant de faire un tour d’horizon de l’activité prédatrice des entreprises transnationales (dont les capitaux sont souvent Français) dans certains pays du Sud, comme au Mexique et en Afrique du Sud.

L’eau ne saurait être considérée comme une marchandise. C’est un bien commun de l’Humanité et cela implique que sa gestion doit être publique. C’est le point de vue largement partagé ici, au FSM. 

Mais force est de constater que beaucoup de terrain a d’ores et déjà été perdu face à la marchandisation de tous les secteurs de l’activité humaine. De plus, la raréfaction et la pollution des ressources en eau (y compris sous nos lattitudes) rendent l’enjeu de leur gestion de plus en plus sensible.

En France, la prise de conscience de cette question de l’eau progresse, et un mouvement est en train de prendre de l’ampleur, notamment parmi les élus.

Présent au FSM, Michel Partage, maire de la Commune de Varage dans le Var (03), est venu à Nairobi pour partager l’expérience de l’appel pour la gestion publique de l’eau (connu sous le nom de l’Appel de Varage), lancé à son initiative en France en octobre 2005, signé par un nombre important d’élus locaux en France, et qui désormais a pris une dimension internationale, notamment en Afrique et en Amérique latine.

Aujourd’hui, sur la base de l’appel de 2005, une association est en train d’être constituée en France, sous le nom de EAU (Elus, Association, Usagers) et dont l’une des principales activités sera d’encourager les élus des villes qui ont délégué au secteur privé la gestion de l’eau (de la production à la distribution) à revenir à une gestion publique, afin de garantir aux usagers le droit d’avoir accès à l’eau en tant que bien public. L’association agit également pour faire inscrire ce principe dans la Constitution.

A la veille des élections présidentielles, il est important que ce combat se développe. Il est décisif pour une certaine conception de la République. Au niveau international, il est exemplaire, car comme Michel Partage nous l’a expliqué, ce sont les entreprises transnationales françaises qui sont en pointe de la marchandisation de l’eau. Un coup d’arrêt donné à la privatisation en France serait un signal pour tous les peuples afin qu’ils se réapproprient leur bien public.

Bientôt l’interview de Michel Partage en cinq questions :
- Quelle est l’histoire de l’Appel pour une gestion publique de l’eau ?
- Quelles sont les prochaines initiatives de l’association E.A.U. pour une gestion publique de l’eau ?
- Faut-il inscrire la question dans la campagne présidentielle ?
- La gestion publique de l’eau : un enjeu international ?
- L’eau : une question républicaine ?

Jour 3 - mardi 23 janvier 2007

Plus les contacts se multiplient avec les responsables d’organisations présentes à Nairobi, plus l’initiative pour une Assemblée Constituante Européenne rencontre un écho favorable.

Souvent empêtrés dans des discussions à n’en plus finir sur l’opportunité de changer les Traités et sur la nécessité d’élaborer une nouvelle Constitution Européenne, les mouvements sociaux ont peu avancé depuis le vote Non en France et en Hollande.

C’est pour cela que les journées de travail proposées par PRS au Sénat en février prochain, qui doivent déboucher sur un dialogue avec les candidats de gauche à la présidentielle, sont vécues comme une excellente initiative.

Après celles que j’ai pu annoncer dès le premier jour du FSM (de camarades Espagnols, Suisses et Italiens), de nouvelles confirmations de présence aujourd’hui, parmi les ONG comme l’allemande Mehr Demokratie (Plus de Démocratie) qui organisait un débat hier après-midi.

Autre bonne nouvelle, l’ONG hollandaise TNI (Transnational Institute), qui viendra, a proposé de diffuser l’information sur la réunion de Paris à tout son réseau de contacts.

La vision republicaine de PRS à propos des institutions européennes est apréciée jusqu’en Amérique Latine, où nous sommes sollicités pour présenter nos analyses et l’Initiative pour la Constituante.

La toute première session du Parlement du Mercosur tombe en même temps que les 50 ans du Traité de Rome. Cela pourrait offrir l’occasion d’une rencontre entre parlementaires de France et d’Espagne avec leurs collègues Argentins, Brésiliens, Urugayens, et Paraguayens, à propos de l’approfondissement démocratique dans le cadre de l’intégration régionale. Encore une idée qui surgit pendant le FSM... mais dont la mise en œuvre est déjà en marche puisque des mail évoquant cette perspective sont déjà partis à Montevideo, et des representants de Brasilia ont commencé à en discuter ici, à Nairobi.


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