Raoul Marc Jennar adhère au Parti de Gauche

jeudi 16 août 2012.
 

De l’engagement. Les raisons d’une adhésion.

On ne naît pas citoyen. On le devient. On fait le choix d’être acteur dans la Cité. Ou d’être simplement témoin du temps qui passe. On agit ou on subit.

A l’origine de la démarche citoyenne, une cristallisation a eu lieu sans bien souvent qu’on s’en rende compte. L’école, les lectures, le milieu familial et social, la confrontation au réel y contribuent. On se cherche des références et on se crée un Panthéon. Le mien est peuplé par Socrate, Antigone, Démosthène qu’ont rejoint Cincinnatus et Cicéron suivis par les philosophes des Lumières, puis par les femmes et les hommes qui ont animé le souffle formidable de 1789 à 1793 pour briser les chaînes de la tyrannie et de l’obscurantisme. L’immense Jaurès s’y est ajouté ainsi que Gandhi et les anonymes de cette armée des ombres qui a lutté contre le fascisme dont la geste me fut mille fois racontée tout au long de mon enfance et de ma jeunesse.

L’Histoire offre des repères pour une morale de vie où la dignité qui est en chaque être humain est le bien le plus précieux, où le combat pour la liberté est inséparable de l’exigence d’égalité. Elle nous forge pour que, le moment venu, nous fassions ce qu’il faut faire.

J’appartiens à une génération qui n’avait pas besoin qu’on lui demande de s’indigner tant l’indignation devant l’injustice était spontanée. Dans les années soixante, il n’était guère concevable de ne pas s’engager, Oh oui, nous voulions « retrouver l’homme partout où nous avons trouvé ce qui l’écrase » (Malraux). Oh oui, nous voulions « changer la vie » !

L’espérance née le 10 mai 1981 s’est fracassée deux ans plus tard sur le reniement, poursuivi par l’interminable – et semble-t-il inachevée – dérive sociale-libérale d’un socialisme français qu’on avait cru renaître à Epinay. Avec quelle fougue et quelle arrogance, ceux dont la mission historique était de protéger les plus faibles sont devenus les complices des puissants ! Avec quelle duplicité ceux qui prétendaient incarner la gauche ont répondu aux attentes des commanditaires de la droite ! L’Histoire a dès à présent enregistré que les avancées les plus décisives en France et en Europe de la dérégulation, (en particularité financière) de la privatisation, du primat de la concurrence de tous contre tous, de la remise en cause par l’Union européenne des acquis démocratiques et sociaux furent et sont le fait de gens se réclamant de la social démocratie. Ces gens et le parti dans lequel ils agissent ne méritent en aucune façon ma confiance.

Que de désenchantements, que de déceptions tout au long des trente, quarante années écoulées ! Mais comme le rappelle le grand Jaurès, « L’Histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’indicible espoir. »

Le socialisme démocratique, c’est-dire le projet d’une société de liberté et de justice, d’une République démocratique et sociale demeure pertinent. Aujourd’hui, l’exigence vitale d’une nouvelle relation entre l’humain et la nature complète ce projet.

Ce projet requiert l’engagement. Mais la question se pose inévitablement des modes et des formes de celui-ci.

Parce que je suis convaincu que la fin se trouve déjà dans les moyens employés, rien strictement rien – et surtout pas les circonstances du moment – ne peut être invoqué pour justifier des moyens contraires à la fin promise et recherchée.

Parce que je suis fondamentalement adogmatique, j’éprouve une détestation profonde pour les groupes humains dès lors qu’ils sont organisés en églises. Qu’elles soient religieuses ou politiques. Avec leurs textes sacrés, leurs dogmes, leurs prophètes, leurs prêtres et leurs fidèles. Où perpétuer la structure tient lieu de raison d’être. Au point même d’enfreindre la foi proclamée.

J’entends le rassemblement de femmes et d’hommes dans une structure comme la réponse momentanée à une nécessité. Une association, un mouvement, un parti ne sont pas des fins en soi. Ce sont des outils qu’il faut, à un moment donné, abandonner ou transformer.

Mon engagement, je veux le mettre au service d’une action politique qui tend vers la satisfaction, dans la liberté républicaine, des exigences du socialisme démocratique et de l’écologie.

Je veux servir cette cause au sein d’un parti ouvert et démocratique, qui donne toute sa place – une des premières à mon estime – à la formation permanente, qui allie réflexion et action et entend se dépasser en permanence dans l’ouverture aux défis nouveaux et à celles et ceux qui en sont les pionniers, qui donne la priorité au rassemblement de ce que Pierre Bourdieu appelait la « gauche de gauche », qui, dans un esprit internationaliste, porte l’espérance d’une union des peuples d’Europe.

J’ai tiré, dans mes écrits, les leçons de l’échec de la recherche d’une candidature unitaire en 2006 comme de l’échec du NPA. J’ai analysé aussi les raisons du succès de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle et de l’échec du Front de Gauche aux législatives qui ont suivi.

Voilà pourquoi, au sein du Front de Gauche dont j’ai soutenu les campagnes cette année-ci, j’ai adhéré il y a peu au Parti de Gauche.

Mercredi 1er août 2012


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