Sodimédical est la honte des hontes

jeudi 6 septembre 2012.
 

Je suis allé dans l’Aube, 12 000 euros de la caisse de solidarité du PG en poche, bras dessus bras dessous avec Martine Billard et Laurence Sauvage. Notre but : rendre une visite de renfort et réconfort aux ouvrières de Sodimédical. Sur place les camarades avaient tout organisé dans les détails exactement comme nous aimons faire les choses dans notre parti. Convoi, escouade, tout impeccable. Mireille Brouillet et ses camarades savent faire. En chemin j’ai senti ce que serait l’automne par là-bas car ils ont des forêts de feuillus. Les feuillus disent beaucoup de choses. Ici ce sont de beaux arbres, un peu trop bien rangés à mon goût. L’automne sera splendide. Les arbres tournent doucement leur couleur déjà. Comme elles sont là les ramures montrent un feuillage qui a beaucoup bu de soleil. Il est tout mou et blanchissant. Ça va pousser tout ça au bout de soi et de ses couleurs quand ça va tourner à la feuille morte. L’automne sera rouge, sang et or, dans les branches. D’ici là profitons des dernières heures d’août. Car c’était alors encore le mois d’août. Comment est-ce possible ? Seulement le mois d’août ! Je me croyais bien plus tard. D’abord à cause du rythme de travail que j’ai déjà. Ensuite à cause du niveau de fréquentation de ce blog. Enfin à cause du degré d’usure déjà visible du système politique sorti des urnes il y a à peine quatre mois.

Sodimédical est la honte des hontes. Je ne raconte pas toute l’histoire. Je m’en tiens au point présent. Les ouvrières ont gagné trente deux procès. Le dernier a condamné le patron du groupe allemand à payer les salaires et à relocaliser l’activité. Le patron ne veut rien savoir ! Le tribunal a ordonné une amende de 2400 euros par salarié(e) pour chaque jour de retard à exécuter sa décision. C’est clair, net et précis. Une décision de justice de la même clarté que celle au nom desquelles on expulse séance tenante un camp de Rom ! Mais là, pas besoin de changer la loi pour faire cesser la barbarie et les mauvais traitements. C’est le contraire : il faut l’appliquer. Pas besoin de désavouer des décisions de juges. Au contraire il faut les faire respecter. Facile ? Non.

Le ministre du redressement productif qui tenait là une magnifique occasion d’élever la voix en faveur d’une relocalisation d’activité, de la démondialisation concrète, en quelque sorte, qu’a-t-il proposé ? Rien.

Le ministre du travail, Michel Sapin, l’homme de « la gauche qui agit » et surtout pas de la « gauche tonitruante, la gauche d’Amérique du sud ». Rien non plus. Ou plutôt si : une honte de plus. Il a nommé un « médiateur ». Vous avez compris ? Une personne est victime d’un vol. Le voleur est condamné à rendre son butin mais il ne veut pas. Que faire ? Un médiateur entre la victime et le voyou, « un médiateur » entre une décision de justice et son exécution. Elle n’est pas belle la « gauche non tonitruante » en action ?

Et le procureur qui devrait donner suite aux procès-verbaux de l’inspection du travail constatant que les salaires n’ont pas été versés. Déclenche-t-il la procédure pour infliger au patron voyou les 2400 euros d’amende par salarié ? Non. Le procureur ne fait rien non plus. Ou plutôt si : il fait quelque chose ! Il classe « sans suite » ! Incroyable mais vrai. La justice a décidé, mais elle se fiche de savoir si ce qu’elle a décidé est appliqué ou non.

Et que fait la ministre garde des sceaux dont c’est le devoir de donner des instructions sur la politique que doivent appliquer les procureurs ? Rien, comme ses autres collègues. Ou plutôt si, elle fait déclarer par son cabinet : « on ne peut rien pour vous ». Le patron voyou de Sodimédical nargue les ouvriers et refuse d’appliquer la décision de justice, mais « on » ne peut rien pour vous. Vraiment rien. Pendant que j’étais là parmi ces femmes, Jean-Marc Ayrault caressait le MEDEF. Sans contrepartie, sans un mot pour exiger que cessent ces comportements patronaux, ni un mot pour les syndicalistes ouvriers réprimés ou bafoués. D’ailleurs il n’y a pas eu de loi d’amnistie pour eux. L’urgence gouvernementale était ailleurs : auprès du MEDEF.


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