Le MEDEF roule pour Sarko ? Quelle surprise !

vendredi 26 janvier 2007.
 

Ainsi, le MEDEF "s’invite dans la campagne", nous dit-on... Il serait plus juste de dire que le MEDEF fait campagne... Pour Sarkozy, bien entendu !

Le syndicat des patrons dévoilait donc aujourd’hui, devant 5.000 chefs d’entreprises, un "livre blanc" qui présente son projet de société avec pour objectif "d’augmenter la richesse de tous les Français", mais surtout des patrons. Avec cette idée choc : augmenter les salaires nets tout en faisant que les employeurs payent moins.

Mais comment ? La solution est simple, comme toujours ! le texte part du constat que la France "s’asphyxie" et que les entreprises "étouffent" sous le poids des mauvaises charges et des contraintes de la loi... Il faut donc encore moins de charges ! Ben voyons...

Selon le Medef, la lourdeur des charges "constitue l’obstacle majeur à la compétitivité de nos entreprises, et par là à la croissance française, et par là à la création d’emplois et à la hausse des salaires".

Manque de chance, "Le Figaro" l’annonçait hier : "Les aides publiques que la France verse aux entreprises (...) ont représenté 65 milliards en 2005, soit 4% du PIB"...

65 Milliards d’euros, et ils en veulent encore plus ? Sans compter le rapport assassin de le Cour des Comptes, qui juge "inutiles" voire "contre-productifs" les allègements de charges patronales !

Pour limiter le poids des cotisations sociales, il souhaite qu’une partie de la protection sociale soit financée par la solidarité nationale. Mais c’est qui "la solidarité nationale" ?

"Rien n’est foutu", a déclaré Laurence Parisot dans son discours. "Il suffit de changer quelques paramètres : un peu plus de liberté, un peu plus d’air et tout ira mieux tout de suite en France. Et tout ira bien très vite pour les Français", a-t-elle ajouté. Un peu plus d’air... fiscal ? C’est ce qu’est parti chercher Johnny en Suisse ?

Mais il ne suffit pas de baisser les charges, oh que non ! Laurence Parisot, patronne des patrons et surtout patronne de l’institut de sondages IFOP, a ainsi jugé que "serait mortelle, par exemple, une augmentation du smic sans aucun lien ni avec les gains de productivité, ni avec l’inflation. Serait mortel le projet d’abrogation envisagé par certains de la loi de 2003 sur les retraites".

Abrogeons le SMIC, n’est-ce pas une bonne idée ?

Mais bien entendu, le "livre blanc" égrène aussi les poncifs traditionnels de la droite, comme l’abrogation des 35 heures ("illusion désastreuse", selon Parisot) ou la fin de la retraite à 60 ans. Pourquoi pas 67 ans comme en Allemagne, demainde le porte-parole du MEDEF, ce soir sur "France infos" ? Et pourquoi pas 80 ans, tant qu’on y est ?

Le Medef répète qu’il considère que le système de retraites par répartition est "dans une impasse" en raison de l’évolution démographique et que "l’abaissement de l’âge légal de la retraite de 65 à 60 ans en 1982 est une erreur historique".

Mais on atteint le sommet du ridicule un tout petit peu plus loin : le Medef propose d’inscrire dans le préambule de la Constitution une "charte des droits du contribuable" qui poserait les principes du "droit à une fiscalité non confiscatoire, non rétroactive et non cumulative". Oui, oui, juste entre la déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la devise de la République... Tiens, d’ailleurs, pourquoi ne pas proposer : "liberté, égalité, aucune fiscalité" ?

Enfin, on en revient aux fondamentaux : l’abolition de ce vilain code du travail, et du CDI...

L’organisation patronale recommande de créer un nouveau contrat baptisé "CDI de mission" dont la rupture ne pourrait faire l’objet d’une contestation mais permettrait de bénéficier d’indemnités. Quelle gentillesse.

"A mi-chemin entre CDI et CDD, ce nouveau contrat intègre une clause de rupture automatique liée à la réalisation de la mission ou à n’importe quel autre événement pré-défini", explique-t-elle.

Le Medef demande une nouvelle fois de "dédramatiser les modalités de licenciement" en établissant le principe de la "séparabilité" qu’il compare au divorce à l’amiable. Parce qu’il est connu que, pour les familles, le licenciement est une joie, pas un drame, voyons...

Laurence Parisot fait campagne pour Sarkozy (tout en faisant mine de ne pas vouloir prendre fait et cause pour lui) : c’est une nouvelle raison pour nous, socialistes, héritiers de Jaurès, du Front Populaire, et de la gauche de 1981, de faire battre ce candidat.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message