François Hollande sur un mauvais chemin... (par Christian Picquet, GU)

jeudi 27 septembre 2012.
 

Une austérité dont on nous dit qu’elle sera la plus sévère que le pays ait connu depuis la dernière guerre.

L’annonce de 30 milliards de coupes budgétaires et de la diminution du nombre des agents de l’État dans les ministères décrétés non "prioritaires", la tenue d’un discours ignorant les attentes de celles et ceux auxquels il doit sa majorité, la reprise de thèmes mis en avant par le Medef, tel celui de baisse du coût prétendu du travail censé être la seule manière d’assurer la "compétitivité" des entreprises, l’évocation mezzo voce du transfert d’une part des cotisations patronales à la collectivité via l’augmentation de la CSG : tout cela ne peut que mener la gauche à une terrible impasse.

L’orthodoxie budgétaire, imposée à l’Europe par la droite conservatrice allemande et les marchés financiers, conduit inévitablement à la récession au bord de laquelle se trouve déjà la France. À la clé, c’est en effet l’investissement qui s’en trouvera étranglé et l’activité économique qui en subira la terrible contraction. Pour les salariés, la jeunesse, le peuple, ce seront des milliers de nouveaux emplois sacrifiés, des services publics lourdement amputés, des conditions d’existence encore dégradées. Et ce n’est pas la confirmation de la taxation à 75% des revenus supérieurs à un million d’euros qui y changera quoi que ce soit : elle ne touchera que quelques milliers de contribuables et ne concernera par les revenus du capital.

Sans l’ombre d’un doute possible, « l’agenda » des deux ans d’efforts promis avant que l’étau ne se desserre relève du "demain on rase gratis". En dépit de ses propos rassurants, c’est sur la pente fatale de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal ou de l’Italie que nous engage le chef de l’État. Contrairement à la ligne de conduite qu’il nous aura exposée, il n’existe pas d’équilibre possible entre austérité et justice, de voie moyenne imaginable entre soumission à la finance et rupture avec ses exigences, de logique « gagnant-gagnant » entre profiteurs et victimes de la crise.

Il est du devoir des hommes et des femmes de gauche, de toutes celles et tous ceux qui ont à cœur de voir la gauche éloigner le spectre d’un terrible échec, de sonner l’alarme. Quelles que soient par ailleurs leurs préférences partisanes.

Si la trajectoire annoncée sur TF1 n’est pas infléchie, elle risque de tuer le changement. Ou elle se révèlera intenable dans son ampleur inouïe, ou elle plongera le pays dans une catastrophe économique et sociale dont seuls bénéficieront les pires adversaires de notre camp. Lesquels redoublent déjà d’ardeur devant la rapidité avec laquelle les gouvernants pourraient abandonner jusqu’à la plus infime de leurs promesses.

Une autre politique est nécessaire. Qui refuse de se soumettre aux marchés et prenne les mesures d’urgence qui s’imposent pour les dompter. Qui, plutôt que de s’enfermer dans le piège infernal de la rigueur, prenne la voie d’une vraie révolution fiscale dont la première mesure, pour relancer l’investissement et permettre de grandes avancées sociales, consisterait à taxer le capital au même niveau que le travail. Qui reprenne le contrôle des banques, afin de réorienter le crédit vers l’emploi, les PME, la transition écologique de l’économie, le redéploiement des services publics. Qui refuse la logique du Pacte budgétaire européen, en le renégociant comme promis durant la campagne présidentielle, afin d’engager la zone euro dans la direction de la relance et du progrès social.

La manifestation nationale du 30 septembre contre la ratification du TSCG sera la première occasion, pour la gauche politique et sociale, d’exprimer ces exigences.


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