Pour quelles raisons je soutiens la révolution bolivarienne

jeudi 11 octobre 2012.
 

Mon intention est d’expliquer les raisons pour lesquelles je soutiens la révolution bolivarienne. J’espère bien que mes arguments convaincront à leur tour d’autres personnes de regarder différemment la place particulière du processus politique en cours au Venezuela.

Mais mon premier objectif est de contrecarrer deux attitudes qui me paraissent nuisibles à notre propre combat. La première est de se résigner, sans se renseigner, à avaler peu ou prou l’image générale que nos adversaires veulent donner de toute révolution qui contrecarre les intérêts de l’oligarchie où qu’elle soit dans le monde.

Nos adversaires savent ce qu’ils font. Ils n’essaient pas de convaincre, ils ne citent jamais un fait précis. Leur but est de créer une ambiance de dénigrement en instillant l’idée qu’il existe une raison d’une dimension infâme chez celui qu’ils désignent à la vindicte. Leur intention n’est même pas de faire entrer quelque chose dans le crâne des autres. Il s’agit seulement de rendre suspect. Leur but est très précis. Ils veulent neutraliser l’opinion dans le cas où ils se décident à passer à l’action violente. Dans ce domaine leurs préparatifs sont constants et méthodiques.

Ainsi, depuis plusieurs jours, voit-on dans la presse internationale que les enquêtes d’opinion, on ne dit jamais lesquelles, annonceraient un recul de Chavez, et un progrès de son concurrent, le candidat commun de la droite, de l’extrême-droite et des socialistes. Cette information ne correspond à aucun sondage. Ni à aucune donnée de terrain. Tout au contraire, les témoignages se recoupent pour montrer que la campagne de nos adversaires patine et que l’état-major qui la dirige est actuellement très divisé. Il n’empêche ! Quoiqu’il se passe sur le terrain, pour l’ennemi, le dispositif doit être mis en place pour contester le résultat si cela est possible. Cette contestation n’aura rien de rhétorique. Elle se déclenchera sous la forme d’occupations de places, de mouvements violents, comme dans le passé, à plusieurs reprises, la droite a essayé de le faire. Cette violence aura lieu si le résultat n’est pas massivement du côté de Chavez !

Le candidat des socialistes, de la droite et de l’extrême-droite, Capriles-Radonsky, a été lui-même personnellement extrêmement actif pendant le putsch et la séquestration de Chavez en 2002. C’est lui qui dirigeait le commando qui envahit l’ambassade de Cuba ce jour-là. Tel est en effet le « démocrate » que nous a vendu « Libération » et les autres journaux de la boucle des agences d’influence nord-américaines.

De mon côté, en publiant des contre-informations comme d’autres le font partout dans le monde, je travaille à tenir les esprits en alerte et à aider à la compréhension de ce qui se passe vraiment. De cette manière, ceux que ces arguments auront intéressés, progressent en éducation politique. Ils comprennent mieux que la lutte que nous menons en France est insérée dans un front beaucoup plus large à l’échelle du monde où les avancées et les reculs des uns ou des autres nous impliquent tous. Et, bien sûr, en même temps nous préparons les esprits à devoir réagir en cas d’offensive putschiste pour former une chaîne internationale de résistance.

Ceci me mène à la critique d’une autre attitude qui nous nuit beaucoup. C’est celle qui consiste à s’en tenir à un point de vue de purs commentateurs, soupesant le bon et le moins bon, en acceptant de passer sur le terrain de nos adversaires. On parlera et on protestera contre tel aspect du chavisme en se taisant sur Guantanamo, le putsch au Honduras et au Paraguay. On ira parfois même jusqu’à ironiser sur la facilité de la distribution de la rente pétrolière. Et on oubliera que rien n’est moins habituel dans le monde que cette distribution comme en témoigne la situation dans les pétro-monarchies.

Au fond, si ce qui est fait ici ou là par l’un des nôtres n’est pas parfait, exactement conforme à l’idée que nous nous faisons ici, en Europe, dans nos conditions particulières, et quand bien même nous avons cependant raison, de ce qui est le bien et ce qui est le mal, alors nous condamnons par avance, nous répandons notre scepticisme, et en définitive nous accompagnons la campagne de dénigrement. Ainsi s’agissant du Venezuela, de la Bolivie, du Paraguay, de l’Équateur, de l’Argentine, nous devrions ou bien admirer sans réserve, adorer, être émerveillés, ou bien, au contraire, acrimonieux et aigres, nous devrions d’un haussement d’épaules et avec dédain rejeter d’un bloc le tout pour la partie qui n’est pas assez bonne à notre goût !

Cette attitude binaire est celle qui convient évidemment au format médiatique. Est-ce une raison pour accepter de laisser notre esprit se laisser modeler sur ces registres simplistes ? Pour ma part, j’ai toujours dit que je n’étais l’admirateur de personnes au sens que les commentateurs donnent à ce mot. Chacun des processus politiques engagés dans les pays de la vague démocratique est une source d’inspiration. L’inspiration c’est autre chose que « l’admiration » au sens de béatitude que l’on accole généralement à cette expression.

C’est au contraire une attitude raisonnée, argumentée, qui fait la part des choses et cherche à tirer de ce qui est entrepris des enseignements concrets pour soi-même et pour l’action que nous avons à conduire. Bien sûr, je ne veux pas cacher que cela n’exclut pas beaucoup d’empathie pour les personnages que je suis conduit à fréquenter dans ces circonstances. Hugo Chavez au Venezuela, Rafael Correa en Équateur, Pepe Mujica en Uruguay pour ne citer que ceux-là, mais en pensant aussi aux autres et à nombre de ceux qui les entourent. Ils m’inspirent chacun un sentiment de communauté de vie et d’espoir qui s’enracine profondément dans mon imaginaire politique et ma détermination humaine.


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