Hongrie L’austérité selon Orbán

vendredi 2 novembre 2012.
 

Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orbán a fait coup d’éclat sur coup d’éclat. Sa ligne politique est simple : nationalisme et casse sociale. S’il se défend d’être à la botte de l’Europe austéritaire, Viktor Orbán n’en applique pas moins une austérité drastique chez lui, aggravée depuis qu’il négocie un prêt avec la Troïka, et son autoritarisme n’est plus à prouver.

C’est dans ce cadre que le 5 octobre dernier, Matolcsy György, ministre de l’économie nationale hongroise, a annoncé un plan d’austérité alarmant.

Nous ne sommes pas dupes de la stratégie du gouvernement d’Orbán annonçant des hausses de taxes sur les banques et les transactions financières (auxquelles le Trésor public n’échappe d’ailleurs pas et auxquelles les sociétés de prestations de services publiques sont indistinctement soumises).

La politique est globalement la même que celle qu’impose l’Union européenne. Le renforcement des contrôles sur le paiement de la TVA (une des plus hautes de l’UE : 27%) appauvrit considérablement le peuple hongrois, dont le revenu moyen atteint déjà péniblement les 400 euros.

Les mesures proposées par Matolcsy viennent compléter des mesures déjà prises les mois précédents :

- Baisse des cotisations sociales patronales (engagée cet été)

- Baisse des allocations sociales

- Baisse de la durée d’indemnisation du chômage

- Mise en place d’une Flat tax à 16% en début de mandat (elle fait fi de la progressivité de l’impôt et taille donc la part belle aux 25% les plus riches)

Les politiques d’austérité produisent en Hongrie les mêmes effets qu’ailleurs. Le chômage augmente (10,4% fin août) et la population appauvrie est lasse des multiples impôts et taxes décidés par son gouvernement pour boucher les trous qu’il creuse dans le budget. Le gouvernement en fait d’ailleurs les frais : lui qui a été élu à la majorité absolue plafonne désormais à 20% dans les intentions de votes. Quant aux sociaux démocrates, dont les passages au pouvoir ont été marqués par les privatisations et la corruption, ils parviennent (ils ne « plafonnent » pas car remontent la pente depuis dangereusement) péniblement à 16%.

Ce mercredi 23 octobre, jour de commémoration du soulèvement hongrois de 1956 contre le régime communiste, a été l’occasion de mesurer les rapports de force politique qui se mettent en place en vue des prochaines élections en 2014.

La « Marche pour la paix », organisée et financée par des hommes d’affaires et des journalistes proches du pouvoir, avait cette année pour slogan : « sortir de l’endettement, même au prix de sacrifices ». Les choses sont claires. Le temps où Orbán dénonçait ceux qui voulaient que la Hongrie « devienne une colonie » de l’Union européenne et du FMI est révolu.

En marge de cet événement, deux rassemblements de droite anti Orbán avaient lieu.

L’un était organisé par Jobbik (extrême droite) qui juge sévèrement la "soumission de Orbán à Bruxelles". Bruno Gollnisch, présent à Budapest pour le congrès de l’AEMN (Alliance européenne des mouvements nationaux), y a acclamé depuis sa tribune la « Constitution qui affirme les racines chrétiennes de votre pays ». Ce rassemblement s’est terminé par des propos antisémites rappelant à chacun ce que sont Jobbik et le FN et par l’agression brutale d’un journaliste.

L’autre était celui le mouvement « Ensemble 2014 », qui a rassemblé environ 100 000 personnes, a remis sur le devant de la scène une personnalité bien connue des Hongrois. Gordon Bajnai, ancien ministre sans étiquette, économiste de formation, s’est fait connaître pour sa docilité sans faille dans la mise en place des mesures d’austérité imposées par le FMI entre 2009 et 2010. Les partis anti-gouvernementaux vont devoir se positionner clairement face à ce mouvement politique naissant auquel les sociaux démocrates hongrois et une partie de la droite apportent déjà leur soutien.

A gauche, on manifestait aussi. Le jeune LMP, le Munkaspart et le Munkaspart - 2006 étaient dans les rues, désunis mais loin des rassemblements de la droite et des sociaux-démocrates unis. Notre camarade Vajnai Attila, président du Munkaspart - 2006, membre du Parti de la Gauche Européenne (PGE), était en tête de procession pour dénoncer l’austérité, la dictature du gouvernement clérical et en appeler à une constituante pour une nouvelle République.

Le Parti de Gauche soutient la lutte contre l’austérité, la dérive autoritaire, l’obscurantisme clérical et les relans fascistoïdes du gouvernement d’Orbán. Il s’inquiète de la poussée de Jobbik et de la communion pro-austérité de la droite classique et des sociaux démocrates. Il se tiendra résolument aux côtés de la gauche hongroise lors des rencontres féministes du PGE les 3 et 4 novembre prochains.

Sophie Rauszer et Céline Meneses


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