Salaires des grands patrons : Les douze salopards

mardi 18 décembre 2012.
 

Ce mercredi 12 décembre 2012 est, dit-on partout, le jour de gloire pour le chiffre 12. En voulant m’associer, un peu bêtement, à son triomphe, m’est venu aussitôt à l’esprit le titre d’un fameux film américain  : les Douze Salopards. Et le hasard, décidément en forme aujourd’hui, m’a fourni, malignement, une autre série de 12  : les 12 dirigeants les plus rémunérés du célèbre «  club  » du CAC 40 de la Bourse. Et je ne sais pourquoi, j’ai rapproché instinctivement ces deux douzaines-là. Si, je sais pourquoi  ! Parce que c’est le jour de la Conférence nationale contre la pauvreté…

Ils sont donc 12 (je triche un peu, en réalité, ils sont 14…), a avoir encaissé en 2011 – c’est un plafond qu’ils ont dépassé – plus de 4 millions et demi d’euros, soit 240 fois le revenu annuel d’un travailleur payé au Smic  ! Il faut toutefois noter des nuances – que dis-je, des abîmes… – parmi eux  : ainsi M. Agon, de L’Oréal, a été écrasé par M. Ghosn, de Renault, par 7 700 000 euros à 13 300 000  ! Qui est lui-même enfoncé par M. Lévy, de Publicis, etc. Derrière eux, il y a un gros peloton d’une centaine d’athlètes du patronat qui rament  : oh, ils rament à 3 millions ou 2 millions d’euros par an… Ils peuvent tenir… D’autant qu’en 2010, leurs «  paniers  » (salaires, bonus divers, actions gratuites, indemnités en tout genre…) avaient déjà battu des records olympiques…

Évidemment, quand on sait que certains de ces seigneurs filent mettre à l’abri leur magot à l’étranger (il n’y a pas que les stars du cinéma, de la chanson ou du sport…), le niveau de la nausée monte… Évidemment, quand on sait que certains de ces entrepreneurs sont aussi d’implacables licencieurs dans leurs unités de production (chez Sanofi, par exemple, qui a détrôné Total, en tête du CAC), il y a de la rage dans l’air. Et, évidemment, quand on entendra le prochain discours sur la crise, et la nécessité en conséquence du garrot de l’austérité, l’esprit de révolte sera au rendez-vous… contre la machine à fabriquer des pauvres.

Donc, M. Arnault, de LVMH, a disposé en 2011 personnellement de plus de 10 millions d’euros. Donc, la même année, plus de 8 millions de Français 
ont vécu – ou plutôt ont survécu, et même parfois 
ont vécu si peu que cela ne mérite pas le beau mot 
de «  vivre  »… donc 8 millions, avec 964 euros par mois. 
Et le territoire de la pauvreté gagne du terrain tous 
les jours, au point que la moitié de la nation est hantée par cette détresse. Hier, le premier ministre a présenté 
le dispositif gouvernemental pour faire face au fléau. Certes, toute mesure nouvelle est louable, et la volonté 
de battre en brèche la droite, qui stigmatisait le peuple 
des pauvres, est la bienvenue. Mais enfin, M. Ayrault mettait en regard ce pacte de solidarité avec le pacte 
de compétitivité déjà connu  ; le face-à-face est cruel  : 
un peu plus d’un milliard environ pour les pauvres 
et 20 milliards pour les patrons… 
Il paraît que les marchés financiers n’ont jamais été 
aussi bienveillants à l’égard de la France.

Par Claude Cabanes

CAC 40 : ces patrons qui gagnent plus de 240 SMIC


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