Le NPA a tenu son congrès du 1er au 3 février 2013

mardi 12 février 2013.
 

1) Déclaration des délégué.e.s de la majorité à l’issue du deuxième congrès du NPA

Le deuxième congrès du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) s’est réuni du 1er au 3 février 2013. Quatre plate-formes étaient représentées, la plate-forme X étant majoritaire à 51%. Nous publions ci-dessous la déclaration des délégué.e.s de cette plate-forme à l’issue du congrès.

Le congrès du NPA condamne l’intervention militaire française au Mali. Pour justifier sa guerre, François Hollande reprend le discours de Bush qui servit à justifier les guerres d’Irak et d’Afghanistan : la guerre contre le terrorisme.

Le véritable enjeu de cette guerre n’est pas la lutte contre le terrorisme ou les pratiques inhumaines des groupes islamistes. Elle ne vise pas à servir la liberté comme le prétend le gouvernement mais les intérêts géostratégiques et économiques des multinationales.

La crise malienne trouve ses racines dans le désastre économique et social engendré par le libéralisme, imposé par les puissances impérialistes et les régimes dictatoriaux locaux garants de leurs intérêts.

Le peuple malien, qu’il soit au nord ou au sud, a besoin de justice sociale et écologique, de dignité et de prospérité et non pas de bombes et de servitude. C’est au peuple malien de chasser les bandes islamistes armées qui veulent imposer leurs lois. C’est au peuple malien de décider librement de son devenir.

Cette nouvelle guerre conduite avec le soutien des grandes puissances occidentales s’inscrit dans l’offensive globale de ces dernières sous l’égide des Etats-Unis et dans le cadre de l’Otan.

Faut-il rappeler que le retrait des troupes françaises d’Afghanistan n’est que partiel et que cette sale guerre continue à ravager un pays déjà considérablement meurtri et à déstabiliser la région, en particulier le Pakistan.

Cette offensive accompagne l’offensive menée par les classes dominantes et leurs Etats contre les travailleurs en invoquant la lutte contre les déficits et la dette ou la compétitivité alors qu’il s’agit d’accentuer la rentabilité financière de l’économie, de maintenir les profits au détriment de toute la population.

Le gouvernement Hollande-Ayrault s’est fait, avec complaisance et servilité, le maitre d’œuvre de cette politique d’austérité.

Après avoir fait adopter le traité européen qui impose la règle d’or de l’austérité, il a ensuite accordé un cadeau de 20 milliards aux grands patrons puis s’apprête à faire ratifier, en ce début 2013, par l’Assemblée nationale, l’accord compétitivité initié par le MEDEF, un recul historique qui remet en cause le contrat à durée indéterminée, le fondement même du code du travail. Il poursuit les politiques sécuritaires, les expulsions des sans-papiers et s’illustre dans son acharnement à imposer des grands projets inutiles et destructeurs comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou l’EPR.

Dans le même temps, il est impuissant à juguler la hausse du chômage et de la précarité.

Sa politique crée les conditions d’une grave récession dont les travailleurs et toute la population paieront le prix pour que vivent les profits.

Il faut mettre un coup d’arrêt à cette politique absurde, à cette régression sociale.

La droite extrême et l’extrême-droite attendent en embuscade, utilisent toutes les occasions pour mobiliser leurs troupes. Elles comptent se servir du discrédit de la gauche libérale pour revenir au gouvernement et dévoyer le mécontentement pour tenter d’étouffer toute révolte.

La crise et ses conséquences comme les politiques des classes dominantes et des États qui l’aggravent sont la conséquence de la lutte pour l’appropriation des richesses, la lutte pour la rentabilité financière et le profit. Elle est l’expression et la conséquence d’une dégradation du rapport de force.

Le congrès du NPA s’adresse à l’ensemble des travailleuses et travailleurs, à la jeunesse, aux classes populaires.

Il y a urgence à nous rassembler pour agir et imposer les droits du monde du travail, préparer l’affrontement avec le patronat et le pouvoir pour inverser le cours des choses, changer le rapport de force.

Il y a urgence à construire une opposition de gauche à ce gouvernement qui donne aux luttes et aux mobilisations une perspective d’ensemble, capable d’unifier touTEs celles/ceux qui résistent face au gouvernement et au patronat, à la droite et l’extrême-droite. Cette opposition devra poser la question de l’alternative politique pour sortir de la crise en rompant avec le capitalisme, de la nécessité d’un gouvernement anti-austérité, un gouvernement des travailleurs, des classes populaires, s’appuyant sur leurs mobilisations, leurs organisations. Un tel gouvernement défendrait l’emploi, en interdisant les licenciements, en partageant le travail entre toutes et tous ; il annulerait la dette, et constituerait un monopole public bancaire en expropriant les banques : il porterait une alternative globale sociale et écologique au capitalisme. Il s’adresserait, par-delà les frontières, aux travailleurs et aux peuples d’Europe pour construire des États-Unis socialistes d’Europe.

Sans faire dépendre l’unité pour les mobilisations d’un accord sur cette alternative politique, nous souhaitons en débattre publiquement car nous savons qu’il ne peut y avoir de garantie des droits des travailleurs et de la population ni d’issue à la crise sans une réponse politique en rupture avec le capitalisme.

Une telle opposition ne prendra vie et force qu’avec l’implication active de toutes celles et tous ceux qui refusent de se céder devant l’offensive du gouvernement et du patronat, de se plier à l’hypocrisie du prétendue dialogue social.

Nous voulons en débattre dans nos syndicats et associations, entre militants et avec les partis politiques de gauche qui ne participent pas au gouvernement.

Nous appelons l’ensemble des militantEs du NPA à s’emparer de ce débat ainsi qu’à se mobiliser pour œuvrer à la convergence des luttes.

Nous invitons toutes celles et tous ceux qui ont cru dans le projet du NPA à se mobiliser pour le porter, le faire vivre et lui redonner sa dynamique.

Le NPA sera ce que nous en ferons toutes et tous ensemble.

Il y a une place pour chacune et chacun dans cette bataille.

Ce congrès a été un moment de débat. Et de rassemblement. Nous voudrions qu’il tourne la page d’une période difficile pour le NPA.

Il appartient maintenant à l’ensemble des camarades de s’emparer de leur parti, de se réapproprier notre projet. En continuant les débats engagés durant ce congrès, tant sur notre orientation que sur la démocratie et notre fonctionnement, ensemble nous avons à redéployer notre parti pour défendre une perspective féministe, antiraciste, antifasciste, écologiste et internationaliste. C’est à la lumière des expériences à venir que nous pourrons en dégager les enseignements, élaborer et discuter de notre politique en lien avec les réalités militantes.

D’ici un an, nous tiendrons une réunion nationale des comités pour faire le point du travail engagé.

Face à une situation inédite où l’on voit, ici, se combiner la présence de la gauche libérale au gouvernement avec une accentuation de la crise de leur Europe, nous voulons être les militantEs les plus conséquents contre les politiques d’austérité. C’est bien de cela dont ont besoin les travailleurs et la jeunesse, un parti indépendant des institutions qui ne craigne pas de remettre en cause la propriété privée capitaliste pour engager une transformation révolutionnaire de la société vers le socialisme.

Le 3/02/2013

2) Le NPA va-t-il choisir un isolement supplémentaire ? ( par Samy Johsua, militant de la Gauche Anticapitaliste)

Pour accéder à cet article, cliquer sur le titre 2 ci-dessus en couleur.

3) Le NPA a "commencé sa refondation" lors de son 2ème congrès

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) a clos dimanche son 2ème congrès "qui a commencé le chantier de refondation" du parti, six mois après une vague de départs de militants vers le Front de gauche (FG). "C’était un bon congrès qui a commencé le chantier de refondation du NPA", a déclaré Christine Poupin, la porte-parole du parti, après trois jours de débats à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

"Il y a une volonté d’arriver à une recomposition et d’en finir avec les tendances", a assuré Alain Krivine, figure historique du parti.

Le NPA ne s’est pas encore totalement remis de la scission qui a vu le courant Gauche anticapitaliste rejoindre l’été dernier les troupes de Jean-Luc Mélenchon, emportant avec lui des dizaines de militants, dont des ex-dirigeants du parti.

Lors de l’assemblée préparatoire, les 2.500 militants ont été appelés à s’exprimer sur quatre textes d’orientation. C’est la plate-forme intitulée "une orientation pour agir" qui l’a emporté avec 51% des voix.

Sandra Demarcq, porte-parole de la plate-forme, a expliqué qu’il s’agissait "de mettre le NPA en marche pour clairement combattre le gouvernement actuel et ses politiques d’austérité".

Pour cela, le NPA entend "s’adresser à l’ensemble des organisations qui ne soutiennent pas le gouvernement", y compris le Front de gauche. "On ne va pas proposer de fusion avec le FG car il y a des désaccords importants, mais le NPA seul n’y arrivera pas", a souligné Sandra Demarcq.

"Le FG va devoir se positionner plus clairement et nous serons là pour les titiller et rappeler qu’il faut une vraie opposition de gauche", ajoute-t-elle.

C’est sur les modalités de ce dialogue avec le FG que subsistent les désaccords au sein du NPA. "Quelle politique d’interpellation du FG", interroge Gaël Quirante, dont la motion du "courant révolutionnaire" a remporté 32% des votes.

"Ce sont des nuances", atténue Alain Krivine, pour qui "il y a une volonté unanime de sortir à l’extérieur et de participer à tous les débats en cours".

Quant à la question de la "stratégie" lors des élections municipales et européennes en 2014, elle sera tranchée lors d’un conseil politique national élargi...

http://www.leparisien.fr/flash-actu...

4) Le NPA, la chute finale ? (article du JDD)

Sans financements et en berne sur le plan électoral, le parti du tandem Poutou-Besancenot souffre de la concurrence de Mélenchon.

Des allures de catharsis. Au congrès du NPA, qui se tient ce week-end à Saint Denis, le rapetissement du parti occupe tribune et esprits. Le mot crise aussi. Des plus de 9.000 militants revendiqués lors de sa création, en 2009, le Nouveau parti anticapitaliste n’en compte aujourd’hui officiellement plus que 2.500. Par grappes successives, beaucoup d’entre eux, et surtout toute une génération de cadres, ont rejoint le Front de gauche, comme ce fut encore le cas l’été dernier. "On a été assez cons pour se briser en deux. Il y a eu des combats fratricides, des règlements de comptes, ça a été n’importe quoi", regrette Philippe Poutou, qui a péniblement dépassé 1% à la présidentielle quand Besancenot lui avait fait plus de 4% lors des deux précédents exercices. Les conséquences ? Politiques, mais aussi financières, les dotations ayant fondu. "On n’a pas d’argent. Il y a un plan d’austérité chez nous", sourit Poutou.

A la tribune, les "camarades" se succèdent, en ce samedi matin, ouvert à la presse. On s’interpelle, se répond, tire des bilans… "Ce n’est pas le projet, c’est le parti qui a rétréci". Un autre : "On ne peut pas toujours être en train de prendre la roue arrière du Front de gauche". Plus tard : "Il faut résister à la subordination au Front gauche", pousse un troisième. Gaël Quirante, un des leaders qui conteste la ligne de la majorité actuelle du NPA, explicite : "Notre rôle, c’est d’être une boussole dans les bagarres contre les licenciements. Pas de remettre 100 balles dans la machine avec une nouvelle tournée de discussions avec le Front de gauche."

Sous le calicot noir défendant "le triple A" du NPA (anticapitalisme, antiracisme, anti-impérialisme), la joute interne se poursuit. L’un : "Il n’y a pas les électoralistes d’un côté et de l’autre ceux qui vont devant les usines". Un autre : "On ne doit pas uniquement se déployer aux portes des usines mais partout". Auquel une femme répond avec humour : "Il faut s’adresser à la classe ouvrière. Je fais partie de ces jeunes qui vont expier leurs pêchés à la porte des usines". A qui faut-il parler ? Aux ouvriers ? A eux seulement ? Et les chomeurs et les jeunes des quartiers populaires ? La rue sans les urnes ? Les urnes et la rue ? Les questions ne sont pas neuves. Et les arguties pourraient durer des heures si la pause déjeuner ne venait couper le tout.

Depuis le fond de la salle, Alain Krivine observe le grand déballage des orateurs. Avec le calme des troupes qui en ont vu d’autres, il relativise, comme toujours : "Nous sommes dans une passe difficile mais nous ne sommes pas morts. On peut remonter". Avant de pointer, comme souvent, la crise "exceptionnelle" du capitalisme et son "paradoxe" : "Cette crise nous rend très populaires mais nous ne sommes pas crédibles." Léger problème en effet. "Notre défaut, c’est qu’on est faibles. On n’a pas la force de prendre des initiatives", ajoute Poutou. "C’est un congrès de reconstruction", plaide Olivier Besancenot, qui compte plus que jamais investir "le terrain des luttes" plutôt que celui des urnes. Goodyear, Renault, PSA… "Nous sommes appelés à aller dans les boîtes, Philippe et moi. Ce n’est pas l’activité qui manque", se rassure-t-il.

À son origine, le NPA se voyait comme seul à gauche face au PS. L’émergence du Front de gauche est venue fracasser ce rêve. Et face à un Jean-Luc Mélenchon dépassant les 11% à la présidentielle et se tenant depuis à bonne distance d’un gouvernement qu’il pilonne avec régularité, le NPA est devenu inaudible. Pour se refaire, la formation d’extrême gauche revendique une ligne claire : opposition au gouvernement. "Nous, on l’assume", tranche Besancenot, alors que le Front de gauche se dit "opposé à la politique du gouvernement" mais pas "opposé au gouvernement". Poutou complète : "Ils flinguent leur politique mais ils discutent alliances électorales avec le PS pour les municipales. La contradiction est chez eux." Et ajoute en guise de feuille de route : "Hollande mène une politique libérale et le changement est dans la rue". Façon aussi de dire qu’au NPA, on ne croit pas en la "révolution citoyenne" d’un Mélenchon que Krivine qualifie de "réformiste". Presque un gros mot, ici.

Arthur Nazaret - Le Journal du Dimanche

5) Congrès du NPA en pleine crise de décroissance (L’Humanité)

Le parti né de l’ex-LCR tient son 2e congrès, à Saint-Denis, dans un contexte d’hémorragie de ses militants vers le Front de gauche.

Qu’elle semble déjà loin, la fondation du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en 2009, sur les restes de l’ex-Ligue communiste révolutionnaire (LCR). À l’époque, porté par l’élan de sa figure de proue et candidat à l’élection présidentielle de 2007, Olivier Besancenot (4,08 %), le NPA se fixait pour ambition de rassembler l’ensemble des anticapitalistes dans un même parti. Quatre ans plus tard, le NPA n’est pas parvenu à transformer l’essai. Au contraire, après l’effacement de son médiatique porte-parole au profit de la candidature d’un historique de la LCR issu des rangs ouvriers, Philippe Poutou, les délégués qui se réunissent de vendredi à dimanche à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour le 2e congrès de leur formation, héritent d’un parti profondément en crise et en perte de vitesse électorale et militante.

Les effectifs ont fondu : de près de 10 000 en 2009, ce chiffre est aujourd’hui divisé par quatre, tout comme le score à la présidentielle (1,15 % en 2012). Quant à la crise, elle couve en interne depuis les débuts. Principal point d’achoppement : l’isolement du NPA, fruit de son refus d’envisager des alliances avec d’autres formations à gauche qui n’auraient pas, au préalable, rompu tout lien avec le PS. Lassée, une fraction importante de ses militants, réunis dans la Gauche anticapitaliste (GA), a depuis rejoint le Front de gauche.

Si cette crise est, pour la figure historique du parti, Alain Krivine, un « paradoxe, en pleine crise du capitalisme », la majorité du NPA (51 % dans les votes internes) réunie autour, entre autres, de Philippe Poutou, Olivier Besancenot et de la porte-parole Christine Poupin, propose de serrer les rangs : « Répondre à la crise du NPA, c’est, à cette étape, rassembler tous ceux qui n’ont pas abdiqué de construire un parti indépendant des réformistes. » Comprendre, dans le langage du NPA : indépendant du PS comme du Front de gauche, dont les élus siègent dans des majorités régionales.

La majorité du NPA n’entend cependant pas se contenter d’« une simple proclamation révolutionnaire », au moment où la crise et le mécontentement social et politique s’aggravent, ni ne veut couper les ponts avec les électeurs de gauche et ses anciens militants qui se tournent vers le Front de gauche. Elle propose ainsi de s’adresser « sans aucune exclusive, à toutes les organisations politiques qui ne participent pas au gouvernement, aux syndicats » sans « autre condition » que la « commune volonté d’agir ensemble », le NPA défendant pour sa part la « perspective d’un gouvernement anti-
austérité ».

Sébastien Crépel


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