Non, le PS n’a pas bavé sur la dépouille d’Hugo Chavez ni craché sur Jean Jaurès

vendredi 22 mars 2013.
 

Camarades militants socialistes de base, élus du terrain et vous : électeurs -Tout-sauf-Sarkozy, pratiquants du vote utile, pourquoi faudrait-il que vous assumiez les reniements, les trahisons, les bassesses, les calculs, les mensonges, les plans de carrière d’une camarilla d’ambitieux, préparés depuis leur adolescence à s’appuyer sur l’idéal de Jaurès pour faire la politique du MEDEF ? Je vous connais, pour vous côtoyer. Elu à un échelon modeste, j’accomplis mon mandat auprès de socialistes dévoués au bien public.

Ecrivain, je participe à des rencontres avec des organismes gérés par des socialistes. Citoyen convivial, je fréquente et je reçois, chez moi, des citoyens de toutes les obédiences (plutôt de gauche), c’est-à-dire majoritairement des électeurs (et des adhérents) du PS.

Camarades militants socialistes de base, élus du terrain, électeurs, vous êtes mon entourage et je ne peux vous détester pour vos choix, dont je vous dis souvent qu’ils sont des erreurs, choses admises en République, même si nous sommes quelques-uns à vous avoir indiqué d’autres routes à suivre, en vous fournissant tous les panneaux indicateurs, dont celui qui indique « Impasse ». Ou l’autre panneau, là, devant l’avenue Foch : « interdit sauf aux riverains ». Nous l’avons fait si souvent que vous nous soupçonnez de souffrir d’une fixette. J’en vois, pour qui j’ai de la tendresse et qui me la rendent (ne m’ont-ils pas fait conseiller municipal ?), qui évitent de prononcer devant moi les mots : chômage, CDD, Cuba, Palestine, Venezuela, François Hollande, pape, de peur de déclencher ma logorrhée qui va plomber l’apéro dînatoire où la soirée dans un gîte de randonnée. Et je me retiens donc, avec le sentiment d’être le Ponce Pilate qui sait qui les a cognés derrière la tête (Pujadas et sa bande), qui est la sorcière qui a griffé la joue de leur môme dans son berceau (Parisot) et avec quels complices (la clique de Normal 1er), mais qui refuse de témoigner, et passe-moi plutôt le sauciflard, quelqu’un veut un gorgeon de Tariquet ? Regardez-moi ce coucher du soleil, vous avez vu le dernier Guédiguian ? Ils en disent du bien dans Télérama.

Aparté » : je crois que le grand qui m’a fait le plus pleurer, à l’école, c’est celui qui m’a dit que le père Noël n’existe pas. J’ai voulu qu’il meure, j’espère qu’il vit toujours.

Comment vous inciter, sans plomber l’ambiance, à vous poser deux questions : le Parti socialiste est-il de gauche ? Le mot « socialiste » est-il toujours pertinent pour désigner le parti de la rue de Solferino ?

VOUS êtes de gauche, de tout votre cœur et de toute votre âme. Mais quant au PS, à sa direction, la question se pose, aussi vrai que vous ne réussirez pas à finir les mots-croisés du Monde si je vous gonfle en même temps avec les turpitudes d’Hollandreou.

Vous votez pour le moins pire. J’en sais beaucoup, parmi vous, qui le font avec répugnance, dès lors qu’il ne s’agit plus d’élire des conseillers municipaux qu’ils connaissent, mais des députés, ces vertèbres soudées d’un parti de notables aspirant aux honneurs et aux privilèges. Vous êtes les porteurs d’eau qui remplissent le marigot où les éléphants du PS vont tremper leur trompe. Vous êtes les courtes-échelles de carriéristes sans idéal. Vous êtes les dévoués colleurs d’affiches menteuses. Vous êtes la parole fraîche des Saint-Jean Bouche d’Or à la langue fourchue. Vous êtes les amis des pauvres qui confient le manche aux complices des riches. Vous êtes les moteurs de luttes dans un bolide où le pilote freine, bloque ses roues et vire à droite. Vous êtes les cotisants qui font vivre une organisation où, au sommet, la plupart se sont enrichis ou s’enrichiront. Pendant parfois toute une vie, vous sacrifiez vos intérêts à une idée que vos chefs sacrifient par intérêt. Vous sacrifiez l’avenir de vos enfants à celui des leurs.

Vous craignez plus pour la France que pour vous. Je vous entends : « Si en 2017 on a à choisir entre Sarkozy ou Marine Le Pen, Hollande s’étant jospinisé en troisième position, je vote Sarkozy ». Bis repetita…

Pourquoi faudrait-il que vous ayez honte si vous êtes trompés ou si, lucides vous êtes coincés par un système politique qui vous oblige à choisir entre droite et extrême droite ou (moindre mal) entre deux promotions de l’ENA ?

Vous me dites : Porqué no te caillas ? OK, je vous laisse regarder quelques déclarations faites par des dirigeants socialistes à l’occasion de la mort d’Hugo Chavez. Vous allez y trouver le pire et le meilleur.

Le pire.

Certes, dans un communiqué publié par l’Élysée, le Président François Hollande a salué « la mémoire d’un grand homme qui incarna la destinée de son pays et de son peuple, dans les épreuves les plus terribles du XXème siècle et la construction de la paix où il trouva toujours la France à ses côtés », mais c’était en octobre 2012, après l’annonce du décès de l’ancien roi du Cambodge, Norodom Sihanouk.

Sur Chavez, Pépère a assuré le service minimal : « Le Président défunt exprimait, au-delà de son tempérament et de ses orientations que tous ne partageaient pas, une volonté indéniable de lutter pour la justice et le développement ». Ah ? Il ne mettait pas son « tempérament » encore plus fougueux que celui de Jean-Marc Ayrault au service de l’injustice et de la stagnation ?

La porte-parole du gouvernement a précisé que le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a exprimé aussi, lors du Conseil des ministres, ses « condoléances attristées » au peuple vénézuélien. Même pas à la famille et aux proches, forcément complices du mort. Fabius, ne l’oublions jamais, fut le Premier ministre qui donna l’asile au dictateur sanguinaire « Bébé Doc », réfugié en France avec le trésor d’Haïti qu’il avait pillé en fuyant la colère du peuple sur lequel il venait de faire tirer.

François Hollande, Jean-Marc Ayrault, n’étaient pas à Caracas pour les obsèques d’Hugo Chavez. Fabius aurait pu faire l’affaire. Mais cet homme franc dut décliner « à cause de son agenda » prétendit-il. Or, aucun rendez-vous n’y était programmé le jour dit, sauf une rencontre avec Fodé Sylla, l’ancien président de SOS Racisme !

Supposons (ma bonne volonté sera appréciée) que ce rendez-vous était plus important que tout. Il y a cinq ministres au ministère des Affaires étrangères : un ministre des Affaires étrangères, et quatre ministres délégués. Et la France a envoyé le ministre de l’Outre-Mer.

Le pire empire avec ce communiqué d’un député du PS :

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Le pire du pire est ici :

Pierre Schapira, adjoint socialiste au maire de Paris en charge de l’international et de la francophonie, a (aurait ? On a peine à le croire) écrit mardi soir sur Twitter : « Chavez est mort. Paix à son âme. Mais libération pour les Vénézuéliens d’une dictature épouvantable. »

Le mieux inattendu (et qui buzze) :

Victorin Lurel, le méconnu ministre des Outre-mer, qui représentait la France aux obsèques d’Hugo Chavez à Caracas, a confié son émotion à plusieurs medias : « On peut ne pas être d’accord avec telle ou telle action de Hugo Chavez mais les gens sont fiers de ce qui a été fait en 14 ans de présidence .

Toute chose égale par ailleurs, Chavez c’est de Gaulle plus Léon Blum. De Gaulle parce qu’il a changé fondamentalement les institutions et puis Léon Blum, c’est-à-dire le Front populaire, parce qu’il lutte contre les injustices.

Moi je dis, et ça pourra m’être reproché, (...) que le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez puisqu’on prétend que c’est un dictateur. Il a pendant ces 14 ans respecté les droits de l’Homme » .

Le très bien

(Où il est prouvé qu’on peut avoir été au sommet du PS et s’en guérir).

Au siège du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, ému, a lancé : « Ce jour est un jour de deuil pour nous. » Célébrant le bilan de l’ex-président vénézuélien, il a regretté que les « Européens méprisants et arrogants (…) se répandent en injures contre les figures progressistes de l’Amérique latine ». « Ce qu’est Chavez ne meurt jamais ». Déplorant les « commentaires lamentables » des médias , il a lancé :« J’ai honte. Comment pouvez-vous être aussi infâmes et aussi bas ? »

Il a appelé « à ce qu’on observe au moins 24 heures de trêve dans la haine chaviste, antipauvres et antirévolutionnaires qui sévit sur les ondes et dans toute l’Europe ».

Il a ajouté : « Hugo Chavez a ouvert un nouveau cycle, celui de la victoire des révolutions populaires. Au Venezuela, contrairement à la France, l’Italie, on a fait reculer la pauvreté d’une manière spectaculaire. On a éradiqué l’illettrisme, on a multiplié par trois le nombre d’étudiants. » Et, pour les caciques du PS, il a ajouté : « Certains en France pourraient s’en inspirer ».

Hollande, Ayrault, Loncle, Shapira, plus atlantistes que l’ex-président Jimmy Carter. USA : Sean Penn, Oliver Stone, Michael Moore et Danny Glover ont dit leur émotion et leur admiration pour Hugo Chavez.

L’ancien président américain Jimmy Carter a déclaré qu’on « se souviendrait du président Chavez pour son action en faveur de l’autonomie et de l’indépendance des gouvernements d’Amérique Latine, son formidable talent de communication, et son charisme. Sous son règne, le taux de pauvreté a été divisé par deux, et des millions de citoyens ont reçu des papiers leurs permettant de participer à la vie politique et économique de leur pays ».

Les copains et les coquins.

Je parlais plus haut « d’une camarilla d’ambitieux préparés depuis leur adolescence à s’appuyer sur l’idéal de Jaurès pour faire la politique du MEDEF ».

Regardez la brochette « promotion Voltaire » de l’ENA qui a accédé aux manettes du Pouvoir, embauchée par François Hollande. Combien parmi eux ont fait l’ENA pour aider le peuple, pour faire avancer le socialisme ou tout simplement pour servir l’Etat ? Combien, leur diplôme en poche, ont tiré au sort pour savoir s’ils pencheraient à gauche ou à droite ? Et combien ont choisi la gauche parce que les places étaient prises à droite ?

Camarades militants socialistes de base, élus du terrain, électeurs pratiquants du vote utile, je le redemande : pourquoi faudrait-il que vous assumiez les reniements, les trahisons, les bassesses, les calculs, les mensonges, les plans de carrière de ces gens-là, qui vous méprisent, en plus.

Vous n’avez pas à avoir honte, pas plus que moi qui, si longtemps ai voté PS (surtout au second tour). Et comme je comprends ceux d’entre vous qui me soufflent enfin : « Plus jamais le chantage au vote utile, Chirac nous l’a fait en 2007, Hollande en 2012. Mais en 2014, en 2017, c’est : Un vote à gauche, sinon, rien ».

Le seul vote utile est en effet un vote à gauche, à gauche DE L’APPAREIL du PS. Appareil qui n’est pas vous. Non, le PS n’a pas bavé sur la dépouille d’Hugo Chavez ni craché sur Jean Jaurès. Seuls ses apparatchiks l’ont fait.


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