Ils doivent payer leur crise !

lundi 18 mars 2013.
 

Le nombre de chômeurs a encore augmenté, en France, de 1,4 % en janvier soit de 10,7 % en un an. Le chômage a pris, dans toute l’Europe, des dimensions dramatiques (avec un triste record de 27% en Grèce et en Espagne) : un million d’emplois ont été détruits en 2012. Les prévisions pour les années à venir ne sont pas plus optimistes puisque « En raison de la faiblesse de l’économie, le taux de chômage devrait encore augmenter cette année pour atteindre 11,1% dans l’UE et 12,2% dans la zone euro »(1).

Selon le gouvernement, on devait « inverser la tendance » en 2012, en mettant de la croissance dans l’Europe. Déjà, le bilan désastreux de Sarkozy avait contraint les socialistes à annoncer que ce ne serait pas aussi rapide que prévu mais qu’en 2013 la courbe du chômage allait s’inverser. Hollande et son gouvernement répètent désormais que ce n’est qu’un mauvais moment à passer...

Après les récentes déclarations de Didier Migaud - premier président de la Cour des comptes - et d’Oli Rehn - commissaire européen chargé des affaires économiques et monétaires - nos dirigeants expliquent que la situation européenne s’est dégradée par rapport aux prévisions mais qu’il faut redresser à tout prix les comptes publics.

Au lieu de s’interroger sur les raisons de la récession qui frappe l’Europe, ils gardent les yeux fixés sur l’objectif de 3% de déficit. Pourquoi 3,3% ou 3,7% serait-il un résultat catastrophique ? Pourquoi plus de 3%, impensable hier, devient-il aujourd’hui un signe positif ? Enfumage et bla-bla servent à « calmer l’opinion ».

Aucune leçon n’est tirée des « erreurs de calcul » du FMI ni des tripatouillages - destinés à justifier l’austérité imposée au peuple - des chiffres par l’institut statistique grec « indépendant » cautionné par les autorités européennes ?

Le gouvernement veut approfondir les politiques d’austérité. On en voit pourtant les conséquences dans les pays les plus durement frappés par ces politiques : Grèce, Espagne Italie. Le Portugal - présenté pourtant comme un « bon élève » - est atteint par une « chute surprise de son activité qui pourrait différer son rebond », après une troisième année consécutive de récession.

Chez nous, « experts » libéraux et médias y vont chacun de leur couplet : la Cour des Comptes s’attaque à l’assurance chômage. Elle est relayée par Laurence Parisot qui propose de réintroduire la dégressivité de l’indemnisation. Le Medef profite des négociations sur les retraites complémentaires pour imposer la baisse de celles-ci et engager l’État et le régime général à faire de même.

Personne, parmi ces messieurs-dames qui gouvernent, ne semble mesurer combien le cumul du chômage - de plus en plus mal indemnisé pour ne pas aggraver le « trou » de l’UNEDIC - et la montée de la pauvreté dans la zone européenne sont des facteurs qui alimentent, accélèrent la récession, y compris dans des pays modèles d’orthodoxie libérale.

L’Allemagne, elle-même, commence à en subir les effets. En Italie, les électeurs viennent de rejeter les mesures d’austérité de l’Union européenne. Ce qui se passe en Bulgarie mérite attention. Voilà un pays qui a déjà réduit deux fois la part des dépenses publiques dans le PIB (la seconde en 2009 face à la crise pour garantir la stabilité monétaire et la parité avec l’euro). Voilà un pays dont le salaire moyen est 5 fois inférieur au salaire grec. Victime du ralentissement économique en Europe, sa croissance s’effondre à 0,8% (> 6% en 2008) et le chômage monte à 13%. Aujourd’hui, le gouvernement libéral est foutu dehors ! « Pour les Européens, la crise bulgare est une mise en garde : une gestion économique " par les coûts " et par le désendettement mène à une impasse et à une crise démocratique ».(2)

Loin de ces considérations, il est de bon ton de se lamenter sur le sort des directions de Renault ou de PSA, « victimes innocentes » de la chute brutale du marché de l’automobile. Il faudrait venir au secours de ces malheureux qui fournissent tant d’emplois : on leur accorde 20 milliards de cadeaux en plus des précédents. Pendant ce temps, les profits du CAC 40 se portent bien avec 74 milliards d’euros de bénéfices nets en 2011.

Interdire les licenciements. Prendre sur les profits et les profiteurs.

En quoi ces sommes colossales sont-elles utiles pour lutter contre la récession puisque, parallèlement à une progression des profits nets sur ces dernières années, l’investissement lui est en chute libre (- 4,4% en 2012) ? Pourquoi alors s’acharner à ne pas déplaire aux « marchés financiers » ? Pourquoi continuer à faire, du sort des rentiers, l’axe des politiques ?

En 1974 déjà, Helmut Schmidt – un socialiste allemand - déclarait : « Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». Presque 40 ans après, on attend toujours ces lendemains ou ces après-demain qui chantent !

Pourquoi ne pas s’attaquer à ceux qui coûtent cher à l’ensemble de la société, au lieu de faire payer la crise aux millions de chômeurs, de précaires, de salarié-e-s ?

Nous proposons de maintenir les salariés dans l’emploi en finançant ce maintien par les profits réalisés. Oui ! Il faut interdire les licenciements, diminuer le temps de travail, imposer le maintien des emplois, sans perte de salaire, parce qu’il est urgent de ne pas précipiter une récession encore plus forte, en réduisant encore le nombre de salariés.

En commençant par ces mesures immédiates devant la catastrophe, on ouvre ainsi la voie à une réorganisation des activités, des investissements et à une tout autre démocratie, en France comme en Europe.

(1) Commission européenne, Prévisions économiques, 2012-2014

(2) Romaric Godi, La Tribune, 25 février 2013


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message