José ! Et après ? (par le MARS et la Gauche Républicaine)

dimanche 4 février 2007.
 

Après avoir gâché l’occasion des Présidentielles, la gauche antilibérale doit tenter de renouer les fils de l’unité pour les Législatives.

Si à l’applaudimètre, la proposition de candidature faite dimanche dernier à José Bové a, sans conteste, été largement adoptée lors de la réunion nationale des collectifs antilibéraux, ce dernier en est-il pour autant devenu le candidat capable d’unifier l’ensemble de ce mouvement ? A reprendre le long feuilleton à épisodes de nos débats depuis l’été, la question mérite, pour le moins, d’être posée.

On le sait, la campagne contre le traité constitutionnel européen, inaugurant notre mouvement, a été marquée, à gauche, par un puissant mouvement unitaire "à la base". Près d’un millier de collectifs ont organisé une mobilisation et une réflexion citoyenne sans guère d’équivalent. Sur toutes les tribunes, les grandes sensibilités de la gauche antilibérale se sont retrouvées incarnées par Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélenchon. De notre retentissante victoire et du travail d’élaboration mené en commun un projet est né : il était possible de battre durablement la droite en modifiant le rapport de force à gauche entre le social-libéralisme et la gauche de transformation. Il était devenu pensable de " recomposer " la gauche et d’envisager son rassemblement durable. Certes, la majorité de la LCR se plaçait immédiatement en dehors du mouvement au nom d’une prétendue ambiguïté sur la question des alliances avec le Parti Socialiste alors même que nos textes dénonçaient à l’avance toute inféodation à une logique Blairiste sans, pour autant, tirer un trait sur les larges fractions socialistes gagnées à une politique antilibérale qui s’étaient exprimées dans le vote référendaire. Malgré tout, l’arc de force demeuré en place était large et finit par aboutir en octobre à un véritable programme de gouvernement portant notamment une critique radicale de la 5ème République. Ironie du sort, c’est bien sur les logiques empoisonnées de cette dernière que nous venons de nous casser les dents... La " logique " présidentialiste porteuse de bipartisme et de providentialisme qui impliquait de réduire notre diversité à une seule figure se révéla une tâche insurmontable pour une démarche d’essence plurielle qui réunissait autant de courants, héritiers à la fois du mouvement " ouvrier " du siècle passé, d’une vision égalitaire et sociale de la République, de l’écologie politique, de l’altermondialisme et de ce qu’il est convenu d’appeler le mouvement social... Sans omettre, pour compliquer l’affaire, la prégnance d’objectifs partidaires à plus courte vue. Après la LCR, le PCF choisissait fin décembre de privilégier unilatéralement la candidature de Marie-Georges Buffet. Et maintenant José...

Sans doute a-t-il été préféré par une partie substantielle des collectifs de base qui en est aussi la partie la moins homogène.

Grosso modo une grande majorité des délégués de 300 collectifs sur 600, souvent amputés de leur sensibilité communiste, se sont prononcés en sa faveur à Montreuil. Ce n’est pas négligeable même si on peut regretter que les méthodes reprochées en décembre au Parti communiste n’aient pas été tout à fait absentes dans son propre processus de désignation (sifflets, chahuts, pression " extérieure ", de type pétitionnaire dans ce cas, appel au fait majoritaire pour imposer le... consensus). Cependant, si nous, républicains de gauche, avons refusé d’avaliser la synthèse finale, c’est pour une raison plus forte encore : la mise en péril accrue de l’unité et de la diversité que doit conserver le mouvement des collectifs. En refusant d’engager l’ensemble du mouvement autour d’une sensibilité - sans être d’un parti, José Bové représente incontestablement un courant - nous estimons ainsi être restés fidèles au refus qui fut déjà le notre en décembre d’engager un processus identique autour du PCF à travers la candidature de Marie-George Buffet.

Cela précisé, José Bové, et ceux qui le soutiennent, ont sans doute autant de légitimité à s’engager dans la bataille présidentielle que les candidats déjà déclarés de la gauche antilibérale. Mais ni plus, ni moins. Quelque soit le résultat final des " trois B ", aucun ne pourra prétendre représenter ni même synthétiser à lui seul l’ensemble de la gauche antilibérale et cet échec est d’autant plus rageant que leur résultat cumulé dépassera probablement un score à deux chiffres, lui-même inférieur à ce que nous aurions pu obtenir unis. Et ce, au moment même, où les tenants de Ségolène Royal semblent à la peine... Et maintenant, que faire, comme disait l’autre ? A court terme, après avoir gâcher l’occasion des Présidentielles, ne pas gâcher le potentiel des collectifs unitaires, leur épargner la querelle, la division et l’enrôlement, tenter de renouer les fils de l’unité pour les élections législatives, tirer les leçons de notre échec commun, envisager des regroupements politiques intermédiaires pour mieux bannir les rapports de force écrasants dont nous avons pâti.

Dès l’automne, nous devrons nous retrouver rapidement pour réfléchir à l’avenir structurel de la gauche antilibérale. Nous avons pour notre part avancé l’idée d’une confédération permettant un travail qui associe des sensibilités indépendantes et des adhérents directs. Tout reste ouvert si la division et le sectarisme - deux plaies de la gauche de transformation au XXème siècle - ne l’emportent pas. C’est bien le moins que nous devons à des citoyens qui dans les urnes comme dans les rues ont démontré ces derniers temps leur force de résistance. Une autre voie à gauche reste à construire, sans oublier au passage, de battre la droite en 2007.

Pierre Carassus Secrétaire général de la Gauche Républicaine

Eric Coquerel Président du MARS (Mouvement pour une Alternative Républicaine et Sociale)

Michel Naudy


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