Déclarations de Ségolène Royal sur la Nation

mardi 6 février 2007.
 

La Nation

« La France est une nation éminemment politique où l’Etat est le garant du pacte social et où la République, si elle manque à sa promesse, vacille sur ses bases » Une nouvelle République, L’Hebdo des socialistes, 4 novembre 2006

« Quand le lien social se délite, c’est la Nation qui se fragilise »

« Les Français ne veulent pas de cette société du précariat et de l’insécurité sociale. Ils en ont assez de devoir s’endetter pour boucler leurs fins de mois. Ils refusent que l’Etat, garant du pacte social, manque à ses devoirs de protection. Ils s’inquiètent des incertitudes qui pèsent sur l’avenir de leurs enfants. Quand le lien social se délite, c’est la Nation qui se fragilise. » Fête de la Rose de Frangy en Bresse, 20 août 2006

« Dans une nation qui n’a pas confiance en elle, chacun tend à se méfier de l’autre et à se replier »

« Jaurès disait que « la peur resserre et l’espérance dilate », façon de dire que, dans une nation qui n’a pas confiance en elle, chacun tend à se méfier de l’autre et à se replier sur soi cependant que le ressentiment et parfois la haine prennent le pas sur l’hospitalité et la solidarité. » Soissons, 27 juin 2006

« Le pacte républicain est aujourd’hui malmené »

« La mondialisation sonne-t-elle le glas du rôle de l’Etat et condamne-t-elle la nation ? La globalisation financière met-elle forcément à bas les protections sociales ? Non ! (...) Quand on demande aux Français ce qui, pour eux, symbolise le mieux la France, ce qui vient en premier ce ne sont ni les frontières ni la langue, c’est le drapeau tricolore et la sécurité sociale. L’emblème de la République et les outils de la solidarité : voilà ce qui cimente en premier l’appartenance commune.

Mais plus les insécurités sociales quotidiennes et la précarité gagnent du terrain, plus les Français ont mal à la France. Et plus ils s’inquiètent de la pérennité de la nation, moins ils sont portés à la vouloir généreuse avec les siens et hospitalière aux autres. Car, chez nous, on le sait, le social et le national marchent ensemble et c’est l’Etat qui est garant de leur alliance. Ce pacte républicain est aujourd’hui malmené, affaibli, parfois même frontalement remis en cause. Or les Français y sont attachés mais se demandent s’il est encore viable, et si oui, comment l’actualiser. Au nom de quelles valeurs, pour quelles sécurités nouvelles, en vue de quels équilibres ? Vitrolles, 29 septembre 2006

« La Nation ne doit pas être abandonnée à la droite et n’a pas à être opposée à la République et à l’Etat »

« Oui, il s’agira d’exercer le pouvoir avec autorité et sérénité, sobriété et efficacité, rendre des comptes, écouter pour agir juste (...) pour faire avancer la République et la nation. Oui, je le dis, la nation, car l’élection présidentielle est un moment exceptionnel pendant lequel les Français s’interrogent sur le pacte social, dans le cadre de la nation. La nation qu’il ne faut pas abandonner à la droite, et qui n’a pas à être opposée à la République et à l’État. Car comme le disait Jean Jaurès en 1902, « c’est la nation qui longtemps encore fournira le cadre historique du socialisme, le moule d’unité ou sera coulée la justice nouvelle, il n’y a que la nation qui puisse affranchir tous les individus, et fournir à tous les moyens du libre développement. Et quand la nation est forte, disait-il, alors elle peut se tourner vers l’internationalisme. »

Intervention du Conseil National du Parti socialiste, Samedi 7 octobre 2006

« Jaurès croyait, et nous croyons avec lui, « qu’un peu d’internationalisme éloigne de la patrie » mais que « beaucoup y ramène »

« La droite nationaliste qui arma le bras de son assassin fit de Jaurès tout ce qu’il n’était pas : un anti-patriote dont le combat pour la paix valait, à leurs yeux, trahison de l’intérêt national. Quelle insulte pour celui qui, jamais, ne transigea avec le devoir de défense mais eut, avant beaucoup, le courage de dire haut et fort que l’intérêt des peuples allemand et français n’était pas dans l’affrontement fratricide. Car il ne prenait pas les questions de défense à la légère. Un siècle après Valmy, il pensait que la défense nationale devait être l’affaire de la Nation tout entière et que « l’armée nouvelle » qu’il appelait de ses vœux devait être l’émanation de tous les citoyens. Il croyait, lui, et nous croyons avec lui, « qu’un peu d’internationalisme éloigne de la patrie » mais que « beaucoup y ramène ». Patriotisme bien compris, qui est l’ennemi du chauvinisme va t’en guerre, et internationalisme bien compris, qui repose non sur la négation des nations mais sur la solidarité des peuples. » Soissons, 27 juin 2006

« Nous croyons à la France, à ses talents, à son potentiel, à sa jeunesse, à son goût d’entreprendre et à la solidité toujours actuelle de la nation, de l’Etat et de la République »

« Nous croyons à la France, à ses talents, à son potentiel, à sa jeunesse, à son goût d’entreprendre et à la solidité toujours actuelle de la nation, de l’Etat et de la République. La France, je la vois créative, innovante mais bridée de trop de lourdeurs bureaucratiques et fragilisée par un Etat qui se désengage. » Vitrolles, 29 septembre 2006

Une nation « porteuse d’un projet collectif et solidaire, d’un devoir d’invention qui lui donne tout son sens et tout son allant »

« Ils nous répètent que le pouvoir échappe à la nation, que la volonté politique ne peut plus grand chose, que ce n’est plus l’Etat-Providence mais l’Etat minimal, faiblement protecteur, qui serait dans le sens de l’histoire. Nous ne sommes pas d’accord ! Ils nous disent que la mondialisation a disqualifié la nation et que l’aspiration croissante à l’autonomie individuelle se ferait forcément au détriment du collectif national. Nous ne sommes pas d’accord ! Ma conviction est à l’inverse de cette idéologie insidieuse : c’est en restant au service des valeurs de justice et de progrès que nous pourrons résister le plus efficacement aux vents mauvais d’un libéralisme sans foi ni loi et saisir ensemble les opportunités d’une mondialisation qui porte dans ses flancs le pire comme le meilleur, selon ce que nous saurons en faire. Je crois que la nation, dans le monde d’aujourd’hui, est protectrice des individus et doit apporter à chacun le renfort dont il a besoin pour maîtriser sa vie. Cette nation remplissant son devoir à l’égard de tous ses membres, je ne la veux pas frileuse, apeurée, défensive, doutant d’elle-même, mais au contraire, porteuse d’un projet collectif et solidaire, d’un devoir d’invention qui lui donne tout son sens et tout son allant ! » Vitrolles, 29 septembre 2006

« L’honneur de la République, la fidélité de la France à ses idéaux, c’est aussi la lucidité d’une histoire partagée, dans une France respectueuse de toutes les mémoires, et accueillante à tous les siens, nés ici ou ailleurs. »

« La tâche de la gauche : aider la France à se reconnaître comme elle est et à se reconnaître dans cette diversité humaine, une formidable chance pour nous tous »

« Imaginer la France ne va plus de soi parce qu’elle s’est beaucoup transformée, pluralisée, diversifiée et colorée sans encore admettre totalement ce qu’elle est devenue. Pour en tirer parti et fierté, la France, je vous le dis, doit achever de reconnaître comme ses enfants légitimes ceux dont les familles sont venues d’ailleurs et qui sont aujourd’hui des Français à part entière quoique toujours exposés aux discriminations. Oui, la France doit non seulement les reconnaître comme ses enfants légitimes, mais s’appuyer sur eux comme sur tous ses enfants. La France doit écouter ce qu’ils lui disent, notamment les moins nantis. Elle doit même comprendre ce qu’ils ne lui disent pas. Jusqu’à quand parlera-t-on de 2ème, de 3ème ou de 4ème génération pour certains descendants d’immigrés alors qu’on ne le fait jamais pour ceux dont les parents sont originaires d’Europe ? Jusqu’à quand parlera-t-on de Français « de souche » comme si les autres étaient... de feuillage ou de branchage ? C’est cela aussi la tâche de la gauche : aider la France à se reconnaître comme elle est et à se reconnaître dans cette diversité humaine, une formidable chance pour nous tous. » Vitrolles, 29 septembre 2006

« La France sera d’autant plus à l’aise avec elle-même, consciente de sa diversité et de son unité, qu’elle mesurera à quel point, dès le début du siècle dernier, ils étaient de toutes les origines et de toutes les couleurs ceux qui l’ont défendue en temps de guerre et reconstruite en temps de paix. » Soissons, 27 juin 2006

« Ce n’est jamais quand elle oublie ses valeurs mais, au contraire, quand elle les prend au mot et reste fidèle à elle-même que la France peut aussi, au-delà de ses frontières, parler du monde et au monde »

« L’honneur de la République, la fidélité de la France à ses idéaux, c’est aussi la lucidité d’une histoire partagée, dans une France respectueuse de toutes les mémoires, et accueillante à tous les siens, nés ici ou ailleurs.

C’est une France qui reconnaît, en 2001, l’esclavage comme crime contre l’humanité.

C’est une France qui demande, à juste titre, pardon pour la Rafle du Vel d’Hiv’ et le régime de Vichy. C’est une France qui refuse de reconnaître des « aspects positifs » dans la colonisation, système de domination et d’asservissement.

Ce n’est jamais quand elle oublie ses valeurs mais, au contraire, quand elle les prend au mot et reste fidèle à elle-même que la France peut aussi, au-delà de ses frontières, parler du monde et au monde. Car la Nation, pour la gauche, est indissociable d’une perspective plus large.

Car nous sommes de ce pays, la France, où l’on « vota la liberté du monde », où l’on fit une Constitution en pensant à l’univers entier.

Car « c’est en donnant aux peuples l’exemple et le signal de la justice » que la France se ressemble et se rassemble. » Vitrolles, 29 septembre 2006


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