Retraites : reculer encore ?

mardi 4 juin 2013.
 

Le gouvernement vient d’ouvrir la voie vers une nouvelle réforme des retraites. Depuis 1993, les contre-réformes s’enchainent les unes après les autres. Leur solution à l’équation est bien connue : déficit inexorablement dramatique + hausse espérance de vie = travailler plus.

En utilisant à son tour cet étrange sophisme lors de sa conférence de presse, François Hollande semblait vouloir donner raison à Valérie Pécresse qui avançait récemment « Quand on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps ! Le sujet doit être dépolitisé ».

Pourtant il n’est pas de sujet plus politique que celui-ci. Le droit à la retraite, en fixant la limite de la liberté d’exploitation de la force de travail par le capital est un symbole majeur de l’affrontement de classe. Avec la lutte pour l’augmentation des salaires et la diminution du temps de travail il est inscrit dans l’Histoire du mouvement ouvrier, dans l’ADN même de la Gauche.

C’est ainsi que toutes les dernière attaques ont toujours rencontré de grands résistances. La mobilisation de l’automne 2010 fut historique, accentuée par le ras-le-bol de Sarkozy. L’ampleur de ce mouvement social et l’acharnement du gouvernement de l’époque avait grandement joué dans son impopularité. C’est ce qui permit de remobiliser notre camp social et de faire grandir l’attente de changement, deux données qui jouèrent beaucoup dans les résultats de 2012.

La question est donc bien de savoir si le gouvernement va tourner une nouvelle fois le dos à cette Histoire et à ceux qui l’ont élu. Les retraites seront elles un nouveau marqueur d’une stratégie dicté par le MEDEF ?

On pourrait espérer qu’en annonçant des « mesures courageuses », le gouvernement ferait enfin le choix de se confronter à ce dernier en revenant sur les milliards d’exonérations de cotisations dont il bénéficie depuis des années et qui ont prouvé leur inefficacité.

On pourrait aussi attendre qu’il revienne sur le partage des richesses et fasse enfin un geste pour nos salaires, faisant d’une pierre deux coups comme l’affirmait Thierry Lepaon de la CGT : « Avec un salaire minimum de 1 700 euros, on n’aurait pas de problème de retraite ».

On attendrait d’un gouvernement de gauche qu’il choisisse courageusement de s’attaquer à la répartition du temps de travail. A l’heure où l’âge moyen de cessation d’activité est de 58 ans, et que six salariés sur dix sont hors emploi au moment de liquider leur retraite, décaler l’âge de départ à la retraite ou allonger la durée de cotisation ne revient qu’à accroitre toujours plus le nombre de chômeurs.

La justice et l’efficacité contre le chômage c’est de de rétablir la retraite 60 ans à taux plein pour tous, d’appliquer strictement et partout les 35h. Car la réalité c’est que pour travailler tous, il faut travailler moins.

Voilà où doit se situer le courage d’un gouvernement de gauche. Sur les retraites, il n’y aura pas de grand compromis national. Il faudra choisir son camp. A la recherche permanent du consensus avec le patronat, le président Hollande n’en aurait-il pas oublié que celui-ci ne représente qu’une minorité ? Après un an de renoncements, il prendrait le risque de se couper définitivement de sa base social.


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