Convention Europe 15 juin 2013 : Les amendements de la gauche du PS majoritaires mais le bureau national magouille mieux que l’UMP

samedi 8 juin 2013.
 

3) Les Socialistes crucifient les Solfériniens sur l’Europe (Jean-Luc Mélenchon)

De bonnes nouvelles viennent du parti socialiste en pleine décomposition. Un bon point pour les socialistes du rang. Ils parviennent à desserrer l’étau de François Hollande sur la question de l’Allemagne et de l’Europe en général. Le groupe « la gauche populaire », pourtant composé d’une majorité d’anciens Strauss-Kahniens, fortifié par l’appui de Claude Bartolone et Arnaud Montebourg, a remis sur le devant de la scène la question de l’alignement du gouvernement Ayrault sur la politique des conservateurs allemands. Peu importe que leurs « quatre propositions clé » soient très molles et quasi inefficientes compte tenu du fait que les traités qui les rendent inapplicables ne sont pas mis en cause. Il n’en reste pas moins que rien ne fait davantage de bien à notre argumentaire que cette prise à revers du dispositif officialiste venue des rangs même du parti de la rue de Solférino. Comme l’ambiance a changé !

Il y a trois ans, j’ai publié mon livre « Qu’ils s’en aillent tous » et j’y évoquais l’impasse dans laquelle Angela Merkel conduisait la France et l’Europe. Aussitôt, Cohn-Bendit et sa bande avaient aboyé contre ma prétendue mise en cause des « boches ». L’habituel chœur des indignés et des « déçuuuus » avait jeté des grosses larmes sans même aller s’assurer de ce que j’avais réellement écrit où il n’était nullement question de « boches », évidemment, mais bien de l’émergence de l’hégémonie de la droite allemande en Europe. A l’époque l’angélisme régnait. « L’iréalpolitique », triomphait. Aveuglé par la propagande doucereuse d’Outre-Rhin, saoulés de certitudes libérales en acier chromé, ivres d’argumentaires iréniques, tous les Jeannot-lapins de la politique gambadaient dans les prairies hallucinogènes où vivent les Bisounours.

De son côté, le Parti de Gauche, de réunion en congrès a progressivement fait sienne d’une façon détaillée et argumentée la dénonciation de l’hégémonie de la droite allemande sur la construction européenne. J’ai publié une suite de notes que j’ai réunies en un recueil ordonné de textes et celui-ci a déjà été traduit au moins dans une revue espagnole, du fait de l’appétit pour ce type de décryptage partout en Europe ! Nous avons mis à nu le cœur du moteur libéral de cette politique et fait un inventaire soigneux de ses conséquences néfastes pour les Allemands eux-mêmes. Autour de nous l’ambiance est devenue plus perméable à nos thèses. Ainsi, même le journal « Le Monde », au moment où Marine Le Pen a repris elle aussi cet argumentaire, s’est lui aussi fendu d’un titre barrant toute une page pour mettre en cause « l’Europe allemande ». En fait, la ligne de fracture à propos du rôle de l’Allemagne recoupe celle sur les politiques d’austérité. Mettre en cause le gouvernement allemand et mettre en cause les politiques d’austérité, ce sont deux façons de dire la même chose. C’est pourquoi tout ce qui disloque le dispositif européen de madame Merkel est bon à prendre. A condition de ne pas se laisser embarquer dans le nationalisme où vont bientôt tomber les convertis de la dernière heure. Autrement dit l’hostilité à la politique allemande n’a de sens que vue et pensée depuis le point de vue anti-austéritaire qui permet le trait d’union entre nos peuples.

Le cœur du dispositif de madame Merkel est à Paris. Tout l’espace qu’elle peut occuper repose sur la soumission de la France. Tant que la France consent, aucun autre pays ne peut résister. Du coup cela explique pourquoi nous devons nous attacher à aider de toutes les façons possibles ceux qui minent de l’intérieur, quelles que soient leur motivations, la construction politique qui permet a François Hollande et aux solfériniens de tenir son pacte néo-libéral avec les Allemands de la CDU CSU et du SPD héritier de Gerhard Schröder. Savourons donc le vote qui vient d’avoir lieu au PS la semaine passée. Il est deux fois profitable. D’abord à cause du résultat dans tous ses aspects. La très faible implication des militants, venus voter à moins de 35 %, et la majorité acquise aux amendements hostile à la politique de François Hollande sur l’Europe sont deux signes avancées de la décrépitude de la prétendue majorité qui gouverne le parti du président de la République. Ensuite à cause de la manipulation des résultats pour rendre très minoritaires les votes pourtant majoritaires. Cette basse manœuvre montre que même quand la « gauche du parti socialiste » gagne un vote, elle a quand même perdu ! Dès lors, tous les discours sur l’utilité du « combat à l’intérieur » se voient signifier de façon humiliante leur limite. Le PS ne sert qu’à une chose : donner des places. Et pour les prendre il faut accepter de cotiser au système en le protégeant. Je prends le pari que l’indignation des « vainqueurs/vaincus » n’ira pas plus loin que ce qui est compatible avec les prochaines investitures aux municipales et aux européennes. La preuve : ce résultat ne tiendrait pas une seconde devant un juge.

Mais bien sur aucun juge ne sera saisi ! Même pas ceux de la Commission des conflits du parti solférinien, qui est pourtant habilitée à apprécier si le règlement intérieur du parti est respecté. La direction du parti solférinien le sait bien. C’est pourquoi elle n’épargne aucune humiliation à ceux qu’elle a décidé de traîner derrière son char de victoire. A preuve l’arrogance du communiqué de la direction donnant son analyse du résultat. Qu’on en juge. "Les résultats du vote, pérore l’équipe d’Harlem Désir, témoignent d’un très large soutien du Parti socialiste au projet européen défendu par le gouvernement et le Président de la République avec l’adoption du texte « Notre Europe » par près de 90% des votants. La cohérence et l’équilibre d’ensemble du texte ont été préservés dans la mesure où au maximum un peu plus d’un quart des votants a souhaité le compléter par un amendement." Le sel ultime de cette gifle en pleine face est que les 90 % de votants n’avaient pas d’autre choix que ce seul texte dans la mesure où la direction n’avait pas autorisé que le texte de la minorité soit mis aux voix. Bonjour les donneurs de leçon de démocratie ! Un proche d’Henri Emmanuelli a exprimé sa colère dans des termes très durs. Stéphane Delpeyrat, pourtant secrétaire national chargé de la recherche, retweeté par Emmanuel Maurel, a tonné : "J’invite mon parti, en ce jour si triste, à ne pas injurier son histoire en adoptant les méthodes de comptage des votes en vigueur à l’UMP".

Evidemment, les courants Maurel-Lienemann (« Maintenant La Gauche ») et Hamon (« Un monde d’avance ») affirment que leurs amendements ont obtenu plus de 50% des voix. Il est difficile de leur donner tort. Mais la direction du PS persiste à affirmer que ces amendements ont recueillis autour de 25% des "votants à la convention". Voilà une nouveauté en démocratie ! D’habitude l’adoption des amendements est validée en fonction des votes "pour" et "contre" sur chaque amendement. Quand il y a davantage de pour que de contre l’amendement est adopté ! C’est comme ça que ça se passe dans toutes les Assemblées du monde. D’ailleurs le bulletin de vote officiel du PS prévoyait explicitement une case "pour" et une case "contre" pour chaque amendement ! Pour gagner, quels que soient les votes, la direction du PS auraient pu se contenter de confier le dépouillement à Philippe Kemel, l’illustre député d’Hénin-Beaumont ! Non ! Ils ont carrément inventé une nouvelle théorie du débat démocratique et du vote des amendements ! Pourquoi une telle brutalité ? Pourquoi une telle violence faites aux usages les plus constants de la démocratie la plus ordinaire ? Pour le comprendre voyez plutôt quels amendements l’ont emporté au vote. Ils remettent totalement en cause la politique européenne de François Hollande. Ainsi contre le pacte de stabilité, le "dogme des 3%" et le "budget européen en baisse", l’amendement 4 (Maurel) et 5 (Hamon), quasi identiques étaient majoritaires. L’amendement Maurel demandait même la "suspension" et la "renégociation" du pacte de stabilité.

L’amendement Hamon demandait son "adaptation". Ensuite le vote a donné une majorité à un amendement pour "réformer les statuts de la BCE" et lui permettre de "pouvoir acheter directement les titres de dettes publiques des Etats lors de leur émission sans que ces Etats aient à subir les conditionnalités prévues par le Mécanisme européen de stabilité" (Amendement 8, commun aux deux courants). C’est mot pour mot notre position sur le sujet. Enfin cet amendement pour "refuser le traité transatlantique" et "suspendre les négociations" (Amendement 10, commun aux deux courants). Un amendement d’autant plus novateur que Benoît Hamon avait voté favorablement à toute les étapes antérieures de la mise en place de ce grand marché quand il était député européen. Enfin, je ne veux pas oublier l’amendement 13 présenté par Emmanuel Maurel. En effet il reprend les 4 points clé du texte que son courant n’avait pas été autorisé à déposer : "suspension du pacte de stabilité", "la fin de l’euro cher", le refus d’un budget en baisse, "la suspension des négociations du traité transatlantique". Il proposait d’en faire la "feuille de route du PS" pour une "confrontation démocratique avec la droite européenne". Il va de soi que nous allons en faire un élément essentiel de notre propre feuille de route aux élections européennes ! Et dans ces conditions, la gauche du parti solférinien devra arbitrer si elle accepte de prendre position contre son propre programme en servant comme d’habitude de flanc-garde chargé de la sale besogne contre nous. Je prends le pari qu’ils ne vont plus accepter ce statut. Ce vote devrait même être un seuil pour de nombreux socialistes de cette culture. Nombreux voteront avec nous en juin prochain ! J’estime aussi que la tonalité de nos assises du 16 juin prochain sera largement imprégnée de cette nouvelle ambiance. Car l’équipe de Maurel et de Lienemann qui a décidé d’y participer y sera reçue en compagnon d’un même combat.

2) Convention Europe du Parti socialiste (15 juin 2013) : Les amendements de la gauche du PS majoritaires !

Les militants socialistes ont voté à 60 à 70% les amendements de la gauche du parti (motion 3, « maintenant la gauche, le social au cœur ») pour la convention Europe du 16 juin 2013.

Les votes ont eu lieu le jeudi 6 juin de 17 à 22 h dans toute la France. 35 000 socialistes sont venus voter.

Amendement 4 : 25098 exprimés, 15233 POUR soit 60 %.

Amendement 8 : 22541 exprimés, 16522 POUR soit 73 %.

Amendement 10 : 22310 exprimés, 15809 POUR soit 71 %.

Amendement 13 : 21 458 exprimés, 14348 POUR soit 67 %

1) Marie-Noëlle Lienemann : "Le 6 juin votons pour le sursaut en Europe " à l’occasion de la Convention Europe de PS

JEUDI 6 JUIN, LES SOCIALISTES VOTENT SUR LA POLITIQUE EUROPÉENNE. UNE OCCASION A NE PAS MANQUER POUR RÉORIENTER L’EUROPE :

- SOCIALISTES, VOTEZ ET VOTEZ LES AMENDEMENTS 4-8-10-13.

Ce jeudi, les militants socialistes devront se prononcer sur la politique européenne que le PS défendra en vue des futures élections européennes, auprès des autres socialistes au sein du PSE et bien sûr dans notre pays. Les militants socialistes ont l’occasion de relayer l’attente des français et du peuple de gauche, de peser pour une réorientation majeure et urgente de la construction européenne. C’est le sens des quatre amendements que je défends avec le courant " Maintenant la gauche", proposant une stratégie de sortie de crise , alternative aux choix libéraux et conservateurs que les institutions européennes imposent depuis des années.

N’oubliez pas que pour que votre vote en faveur des amendements soit pris en compte, il faut voter le texte présenté par la direction.

Amendement 4 : la croissance avant la résorption des déficits. Suspendre le pacte de stabilité. Voter contre le budget européen en baisse au parlement Européen.

Les politiques d’austérité sont socialement et économiquement dangereuses. Il faut renégocier le cadre macro-économique de l’UE et stopper rapidement cette folle logique. En parler ne suffit pas, il faut un acte politique qui rende impérative cette négociation et porte un coup d’arrêt aux "réformes structurelles" que la commission veut imposer (Elle octroie des délais en exigeant des remises en cause des retraites, des dérégulations accélérées de services publics etc.). Il faut demander et annoncer une suspension du pacte de stabilité, d’ailleurs de moins en moins respecté dans l’UE mais qui pèse comme une épée de Damoclès empêchant toute politique réellement alternative et de relance. Nous demandons que les députés socialistes Français au Parlement Européen votent contre la baisse du budget (pour la première fois depuis la création de l’Europe) qui ajoute de l’austérité communautaire à celle imposée aux Etats.

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Amendement 8 : Une nouvelle politique de l’EURO, Changer les formes d’intervention et les missions de la BCE, redonner du pouvoir aux politiques.

La crise vient largement d’une politique bancaire et monétaire au service de la finance et non de l’emploi, de l’économie réelle. La BCE doit pouvoir prêter directement aux États, racheter des dettes souveraines, comme au Japon développer la masse monétaire pour soutenir la croissance et l’emploi. L’Euro est surévalué et pénalise les exportations. Il n’y aura pas de sortie de crise rapide, si cette situation ne change pas. Il faut modifier les missions et la politique de la BCE. Là aussi, il faut plus que les paroles. Le traité permet aux États de l’Euro de fixer la politique de change. Nous demandons une initiative française, par exemple la convocation d’un sommet exceptionnel, d’ici la fin de l’année, pour définir une parité entre l’Euro et les principales monnaies mondiales afin de relancer la croissance et les exportations.

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Amendement 10 : Non au traité de libre-échange transatlantique, Oui au juste échange.

Plutôt que de promouvoir un monde multipolaire où des coopérations et un juste échange fondent les relations entre continents, L’UE poursuit sa politique de libre échange généralisé sans règles sociales, environnementales. Il faut refuser l’ouverture des négociations pour ce traité qui accentuerait la dilution de l’Europe, la domination US, fragiliserait toute chance d’engager aux frontières de l’UE une politique commerciale de juste échange. Si nous ne réagissons pas tout de suite, il sera trop tard ensuite.

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Amendement 13 : Des paroles aux actes. Socialistes, nous n’avons pas renoncé à « notre Europe ». Celle qui privilégie la coopération à la compétition.

Nous voulons contribuer à un nécessaire « sursaut », alors nous devons contribuer à construire, concrètement, un rapport de forces. D’où la nécessité de proposer une stratégie, une feuille de route, un agenda. Celui que nous proposons :

- Suspension du pacte de stabilité et refus du vote du bu dget européen en baisse au Parlement Européen.

- Changer la politique monétaire et un sommet européen pour une parité de l’Euro avec les autres monnaies favorables aux exportations.

- Refus de la part de la France de signer un traité de libre-échange transatlantique et promouvoir le juste échange.


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