Delphine Batho (ministre de l’écologie) démissionnée par Hollande Ayrault

jeudi 11 juillet 2013.
 

- 1) Delphine Batho et l’écologie sacrifiés sur l’autel de l’austérité (Michel Soudais, Politis)

- 2) Delphine Batho : « une sanction qui frappe une ministre qui a dit la vérité » (Olivier Dartigolles, porte parole du PCF)

- 3) Delphine Batho, nouvelle victime de l’austérité (Martine Billard et Corinne Morel Darleux, pour le Parti de Gauche)

- 6) Delphine Batho dénonce le "tournant de la rigueur" pris par le gouvernement

9) Budget 2014 : l’écologie au rabais ! (par Gabriel Amard)

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8) Gouvernement Ayrault : une équipe en lambeaux (par François Delapierre)

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7) "Je salue le geste de Delphine Batho" (par Alexis Corbière)

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6) Delphine Batho dénonce le "tournant de la rigueur" pris par le gouvernement

Selon l’ex-ministre de l’Ecologie, la tournant de la rigueur budgétaire annoncé pour 2014 ainsi que les pressions de groupes de pression liés à l’exploitation du gaz de schiste et au nucléaire sont à l’origine de son éviction du gouvernement.

"Je n’ai commis mardi matin ni une erreur ni une faute, je n’ai pas davantage manqué à la solidarité gouvernementale", a-t-elle expliqué en préambule, estimant avoir fait acte de "résistance".

Résistance à la rigueur budgétaire

"Ce que je n’accepte pas, ce n’est pas de faire des compromis, c’est le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l’extrême droite dans notre pays", a-t-elle expliqué. "Ce dont il est question, ce n’est pas d’un poste ministériel, c’est du droit de ma génération à avoir des espoirs et à agir. Le temps est venu de reprendre la main du changement, j’appelle la gauche à un sursaut en faveur de l’écologie, de l’espoir et des générations futures."

Le ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve s’est empressé de dresser le premier contre-feu. "Il n’y a pas de tournant de la rigueur", a aussi dit Bernard Cazeneuve sur Public Sénat en réponse à l’ex-ministre de l’Écologie limogée pour avoir critiqué un "mauvais" budget. Pour autant, "on ne fait pas 14 milliards d’économies sans que cela se voie", a-t-il ajouté au sujet des engagements du gouvernement pour 2014.

Résistance aux groupes de pression

"Parce que je suis fidèle à mes engagements et à mes convictions depuis plusieurs mois, certaines puissances économiques n’acceptaient pas le niveau d’ambition que je fixais pour la transition énergétique", a expliqué Delphine Batho lors d’une conférence de presse à Paris. "Ce combat s’est cristallisé notamment que la question des gaz de schiste et plus discrètement sur la réduction de la part du nucléaire en France", a-t-elle ajouté. "Ces forces dont je parle ne se sont pas cachées de vouloir ma tête mais si le gouvernement avait été solidaire, elles n’y seraient pas parvenues", a-t-elle estimé.

L’ex-ministre, figure de la génération montante du Parti socialiste, s’est interrogée sur les propos prêtés au patron de l’entreprise de tubes Vallourec, Philippe Crouzet, dont la femme est la directrice de cabinet de François Hollande. "Est-il normal que le patron de l’entreprise Vallourec, directement intéressé par l’exploitation des gaz de schiste, ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l’avance devant des responsables de son entreprise aux Etats-Unis ?", a demandé Delphine Batho.

Résistance à l’autoritarisme de Matignon

L’ex-protégée de Ségolène Royal a explicitement en cause le Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui a fait "des arbitrages sans discussion directe avec les ministres concernés." Le budget 2014 "marque un tournant par rapport à la volonté de mener à bien la transition écologique. Je n’ai pas accepté ce changement en silence", a-elle expliqué. "Quelque chose a changé dans le fonctionnement gouvernemental, mon éviction est aussi un message à mes ex-collègues pour leur dire que c’est fini la collégialité au sein du gouvernement", a-t-elle ajouté.

Retour à l’Assemblée

Qualifiant son éviction de "disproportionnée", l’ex-ministre a déploré la méthode employée par le gouvernement en la comparant à celle qui a prévalu lors de la démission de l’ancien ministre du Budget qui a reconnu la détention d’un compte en Suisse. "Je remarque que Jérôme Cahuzac a été remercié et salué pour l’ensemble de son travail au service de la République et que ce n’est pas le cas dans le communiqué de presse qui m’a congédiée", a-t-elle dit.

Delphine Batho, qui a été réélue en juin 2012 députée dans les Deux-Sèvres, a annoncé son intention de récupérer son siège à l’Assemblée nationale. Elle devrait reprendre officiellement ses fonctions le 3 août prochain.

Article de L’Humanité à partir des propos de Delphine Batho en conférence de presse

5) Crise gouvernementale : Delphine Batho virée

Communiqué de la GA, le 2 juillet 2013

Au nom de la politique d’austérité, le gouvernement Ayrault supprime 14 milliards d’euros de dépenses publiques.

Delphine Batho, ministre de l’écologie, l’ayant critiqué publiquement, a été virée dans les heures qui ont suivi ses déclarations. Son ministère avait vu ses crédits diminuer de 7%.

La question est maintenant directement posée aux deux ministres d’Europe Ecologie Les Verts, Cécile Duflot et Pascal Canfin : leur participation maintenue au gouvernement a-t-elle encore un sens quand il apparaît que la transition énergétique et écologique fait partie des variables d’ajustement de la politique suivie.

La réduction des dépenses publiques, la nouvelle réforme des retraites ou les 20 milliards d’euros d’aide aux entreprises au titre de la compétitivité répondent aux exigences de la Commission européenne ou de la Cour des comptes.

Au nom de cette politique, F. Hollande et J.M. Ayrault sacrifient l’orientation écologique, même très modeste, du gouvernement.

Plus que jamais, contre l’austérité, il est temps qu’une vaste mobilisation fasse entendre les exigences de la population victime du chômage, de la précarité et de la stagnation des salaires.

4) Vidéo de l’interview de Delphine Batho sur RTL

Pour visionner cette vidéo, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge)

3) Delphine Batho, nouvelle victime de l’austérité

Martine Billard et Corinne Morel Darleux, pour le Parti de Gauche

Mme Batho vient de se faire débarquer du gouvernement pour avoir critiqué le budget 2014.

Le pire crime de lèse majesté de ce gouvernement est donc de critiquer l’absence totale de prise en compte de l’écologie.

Un budget qui ampute de 500 millions le budget du Ministère de l’écologie et y supprime 522 postes en plein Débat National sur la Transition Énergétique, est pourtant bien un "mauvais budget".

Avec cette décision le président Hollande aura donc même réussi a diviser son gouvernement comme il a déjà divisé la gauche et les syndicats.

Le Parti de Gauche salue le courage de Mme Batho qui a prouvé qu’elle n’avait pas de muselière et a ainsi refusé de rentrer dans les clous des politiques d’austérité qui font tant de mal à notre pays.

C’est une leçon de dignité et nous en attendons autant des ministres issus des rangs écologistes d’EE-LV qui continuent de trouver toujours de bonnes raisons à rester dans ce gouvernement, ainsi que des parlementaires EE-LV au moment de voter ce budget de régression sociale et écologique.

2) Delphine Batho : « une sanction qui frappe une ministre qui a dit la vérité » (Olivier Dartigolles, porte parole du PCF)

Alors que le débat sur les orientations budgétaires 2014 ne fait que commencer, ce matin, sur les ondes de RTL la ministre de l’écologie Delphine Batho a fort justement qualifié le budget de son ministère, en baisse de 7%, de mauvais. Elle a été convoquée dans la foulée, puis congédiée du gouvernement manu militari par François Hollande.

L’austérité a plongé notre pays dans la récession. Elle provoque chômage de masse et précarité. Elle est vécue comme une véritable trahison par toutes celles et ceux qui, ont voulu au printemps dernier le changement. Aujourd’hui cette mauvaise politique provoque une crise gouvernementale, avec la sanction qui frappe une ministre qui a tout simplement dit la vérité.

Après l’échec de Villeneuve sur Lot pour lequel l’exécutif n’a toujours pas engagé une analyse de fond, la décision de François Hollande est une nouvelle illustration d’un déni de la réalité et d’une fuite en avant qui n’ont que trop duré. Il est urgent de changer.

1) Delphine Batho et l’écologie sacrifiés sur l’autel de l’austérité

Michel Soudais, Politis

La ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie a été sèchement débarquée par François Hollande. Elle avait critiqué le « mauvais budget » de son ministère.

La logique de la Ve République a frappé Delphine Batho. Pour avoir osé dire, ce matin, au micro de RTL, que le budget alloué à son ministère est « un mauvais budget », la ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie a été débarquée de ses fonctions manu militari, après une convocation à Matignon. Elle n’a pourtant dit que la vérité. Avec une baisse de 7 % de ses crédits, son ministère est le plus affecté par l’austérité budgétaire programmée en 2014. En chiffres brut, c’est 500 millions d’euros en moins et un peu plus de 500 postes supprimés.

Il serait tentant de ne voir dans ce limogeage que la volonté du chef de l’Etat et son aide de camp nantais de réaffirmer à bon compte leur autorité sur le gouvernement. L’Elysée et Matignon ont été très critiqués pour la multiplication des « couacs » au sein du gouvernement. François Hollande avait promis, devant la presse, que cela ne se reproduirait plus. Les critiques de Delphine Batho lui en ont fourni l’occasion. Apparatchik socialiste, sans le soutien d’un courant ou d’une sensibilité, ni aura médiatique particulière, la jeune ministre n’avait pas ni le poids ni surtout le pouvoir de nuisance d’un Arnaud Montebourg qui s’est permis plus d’une fois de ruer dans les brancards d’Ayrault.

Si ce calcul entre pour une part dans l’éviction de Delphine Batho, c’est aussi un message politique qu’ont adressé ce soir Hollande-Ayrault, alors que l’Assemblée nationale débattait de l’orientation budgétaire pour 2014 : La politique d’austérité qu’ils conduisent n’est ni discutable, ni négociable ! Comme le note Sergio Coronado, avec ce limogeage, le gouvernement ressemble à une caserne où les ministres n’ont d’autre choix que d’être de bons petits soldats d’une politique décidée à l’Elysée, et de plus en plus à Bruxelles dans les arcanes d’une diplomatie budgétaire secrète. Le message vaut également pour les parlementaires de la majorité, si l’on veut bien se souvenir d’une petite phrase lâchée par François Hollande à Paris-Match (8 mai) : « La ligne, c’est le président de la République qui la fixe. Et il n’y en a qu’une, et une seule, au sein du gouvernement et de la majorité. »

Enfin, le limogeage de Delphine Batho est un signal de plus, et un mauvais signal, qui n’a pas échappé à Pascal Durand : « L’écologie n’est décidément pas prise à sa juste mesure » par François Hollande et Jean-Marc Ayrault, note le secrétaire national d’Europe écologie-Les Verts. Comment imaginer que l’exécutif attache importance et intérêt à un ministère qui en est à son troisième ministre depuis le 6 mai 2012 avec la nomination du fabiusien Philippe Martin ? Un ministère qui plus est doté d’un budget en forte baisse ? Et qui n’a toujours pas inscrit la fiscalité écologique, réclamée par EELV (et ce matin quatre sensibilités du PS), à l’ordre du jour ?

Il est difficilement imaginable que ce limogeage n’ébranle pas les écolos d’EELV. Toute la journée, il ont fait part de leur soutien à la ministre frondeuse, l’enjoignant même de ne pas démissionner. Jusqu’où pourront-ils se déjuger ? Les ministres écolos, Cécile Duflot et Pascal Canfin, sont certes toujours en poste. Mais pour combien de temps ? L’autoritarisme de l’Elysée et Matignon sur un dossier identitaire pour eux, rend ce soir inaudible le discours des tenants de la participation gouvernementale selon lequel il faudrait « rester pour peser de l’intérieur ».


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