Convention nationale de PRS Intervention de Pierre Cours-Salies (Alternative citoyenne/ Convergence citoyenne)

mardi 11 avril 2006.
 

"Vous avez pris l’initiative d’ouvrir vos débats à des invités et nous vous en félicitons. Je vous remercie donc d’être là et de pouvoir pousser un peu plus loin deux aspects de votre manifeste.

Ce qui est possible, tout d’abord, que vous développez dans la partie deux : « Le projet d’émancipation de la République sociale ».

Nous devons, me semble-t-il nous appuyer sur une réalité qu’on ne dit pas assez : il existe une richesse immense, une richesse sociale, technique, humaine. Elle est détournée de ce qu’elle rend possible ; juste avant moi, Pascale Le Néouanic en a donné des exemples. Pour en donner une idée plus précise, je veux rappeler ici les revendications des syndicats américains de l’automobile, dans les années 40’ : ils revendiquaient la semaine de 30h, avec des embauches et une augmentation des salaires, avec en même temps l’exigence de faire fonctionner les ateliers sous le contrôle de délégués des travailleurs ; ils proposaient de changer les objectifs de la production de leurs entreprises en fonction des besoins sociaux. Ils démontraient, bine réaliste américains, que tout cela était possible au vu des gains de productivité durant les vingt années précédentes. Ils ont été battus. On sait ce qui a été décidé : développement des multinationales, impérialisme et dépenses d’armement, dans le cadre du monde en deux blocs. Cette phase dominée par le catéchisme keynésien a duré, stabilisée par les deux piliers de l’ordre bourgeois, pour reprendre l’expression du philosophe communiste Henri Lefebvre qui parlait clair au sujet du bloc dit « soviétique ». Depuis cette époque des années 40, la productivité moyenne a été multipliée par quatre ! C’est dire qu’on peut faire autre chose que porter des pansements aux laissés pour compte de la société. Mais la politique des gouvernements, depuis 1982, a habitué à la résignation, aux ambitions réduites. Alors, quand vous dites « émancipation et République sociale », oui, bravo. Cela demande aussi de discuter d’une réponse radicale, qui est et sera d’actualité : la République autogérée. Je sais que cela peut vous irriter : vous êtes plutôt de la tradition jacobine ; mais je sais comme vous que les Jacobins, avant la défaite de 1794, n’étaient pas des adeptes de la bureaucratie centrale, ni du pouvoir aux exécutifs chargés de gérer sans intervention de la population. Au lieu de rester paralysés, chaque courant dans sa référence, l’œil dans le rétroviseur, il faut actualiser ce que nous voulons et pour cela certains débats doivent être signalés, afin qu’ils aient lieu. Les droits de toutes et tous sont à la fois politiques, sociaux, culturels et nous devons éradiquer le chômage et toutes les discriminations. Cela passera par une transformation de toutes les institutions pour changer la façon de faire la politique.

Une force immense existe aussi. Et vous l’indiquez quand vous montrez le lien entre la révolte des quartiers populaires et la lutte contre le CPE. Cette force immense, nous la voyons en Amérique du Sud, premier sous continent qui, ces temps-ci, échappe au contrôle du gouvernement des USA. Elle est aussi présente dans les Forums sociaux mondiaux et on l’a vue dans le rejet par les syndicalistes indiens du gros bateau, le Clémenceau poubelle d’amiante ; la santé des être humains est la même et doit être la même partout dans le monde ! Nous voyons aussi cette force dans les grèves récentes ou en cours, en Grande Bretagne et en Allemagne. Quelles réponses éclatantes à ceux qui prêchent la résignation en disant que nous sommes trop seuls ! Nous pouvons trouver aussi un indice de cette force dans le début de construction d’un nouveau parti de la gauche en Allemagne. En France même, nous voyons cette force immense en ce moment, et plusieurs fois depuis 1995. Deux personnes sur trois se déclarent solidaires des mobilisations opposées aux politiques libérales. Sans ce phénomène, il n’y aurait pas eu la victoire électorale de 1997, ni le refus de se mobiliser en avril 2002 : les attentes avaient été déçues. Quand nous voyons, actuellement, l’extraordinaire mouvement social et politique en cours, une question est présente dans toutes nos têtes, les vôtres j’en suis convaincu comme les nôtres : allons-nous laisser cela sans débouché politique ? Acceptons nous de nous laisser enfermer dans le choix entre :
- l’agent de la contre révolution libérale anti-démocratique et antisociale
- et, de l’autre côté, la direction du PS dont la candidate prend Tony Blair pour modèle ?

Ce serait catastrophique, socialement et politiquement.

Je ne vais pas redire ici ce que Claire Villiers a bien souligné, comme Eric Coquerel et Christian Picquet.

Il faut changer la gauche. Nous pouvons, ensemble, reconstruire une gauche d’espoir, une gauche qui rende toutes les richesses sociales, techniques, économiques, à l’ensemble des travailleurs, de la population. Notre bataille commune pour le NON préfigure ce que nous pouvons faire actuellement et dans les prochaines élections. Nous pouvons faire se développer une dynamique antilibérale majoritaire. Les jeux institutionnels, les médias, que de choses pour nous en détourner et nous décourager. Mais dans les attentes populaires, vous en connaissez beaucoup qui s’opposent aux candidatures unitaire antilibérales ? Ni vous ni nous ne rencontrons des personnes nous disant qu’elles veulent garder ce qui se fait aujourd’hui ou retourner aux échecs de la gauche de gouvernement passée. Mais nous rencontrons beaucoup de personnes qui craignent que cette unité d’une force antilibérale ne se fasse pas. Voilà donc ce que nous devons faire, rassembler la force pour le moment dispersée, mobiliser toutes celles et ceux qui ont fait la campagne du NON ; mobiliser les jeunes qui rejettent la politique de précarisation. Voilà ce que nous espérons faire ensemble : une campagne politique ensemble, à plusieurs voix, qui utilise au mieux le moment de l’élection présidentielle au lieu de se laisser piéger. Ne pas se laisser diviser mais agir ensemble, pour les élections de 2007 et 2008 comme dans les luttes dès maintenant.


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