Sommet anti-impérialiste en Bolivie : un succès considérable

mercredi 21 août 2013.
 

Le quotidien El País s’étouffe...

Dans l’ambiance festive du rassemblement, il a été proposé que le président de la Bolivie soit désigné leader mondial des mouvements sociaux.

Les organisations sociales et indigènes de plusieurs pays qui se sont réunies à Cochabamba (Bolivie) pour y tenir un « sommet anti-impérialiste et anticolonialiste » ont clôturé la rencontre en faisant un triomphe au président bolivien Evo Morales et en approuvant un éventail de stratégies allant de l’alliance des peuples contre le capitalisme au contrôle des systèmes d’espionnage après des affaires aussi retentissantes que celle de l’informaticien de la CIA, Edward Snowden.

Un mois après l’incident diplomatique concernant l’avion présidentiel bolivien, le président Evo Morales a déclaré « le deux août » « journée de l’anti-impérialisme et de l’anticolonialisme » lors de la clôture de la réunion des organisations sociales d’une vingtaine de nations ; cette date, a-t-il dit, sera historique, car elle débute avec « une nouvelle thèse politique de la libération des peuples du monde », et il s’adressait aux milliers de partisans rassemblés dans la principale avenue de la ville.

Le regard romantique d’un très grand nombre de participants - qui se considèrent des révolutionnaires - a retrouvé plus d’éclat devant une mer colorée de drapeaux, étendards, pancartes, ombrelles se balançant au rythme de la musique folklorique bolivienne et laissant apercevoir, par instants, des visages au teint cuivré, brunis par le soleil et le vent de l’altiplano, hommes et femmes arrivés là de l’Est et de l’Ouest, pour exprimer une fois encore leur soutien au président Evo Morales et au processus de changement en cours.

« Ici se reflètent les rêves de tous les révolutionnaires du monde », affirmait l’universitaire français Jean Ortiz. « Ce n’est pas le modèle — admet-il — c’est un laboratoire ; la révolution bolivienne est un référent ; les peuples qui ne rêvent pas ne verront jamais leurs utopies se réaliser ».

« Il y a là un parfum de liberté, un parfum de terre, un parfum de Pachamama » dit, ému, l’acteur espagnol Guillermo Toledo, tandis qu’un membre de la délégation du Chili insiste sur l’urgente nécessité de « construire un continent multinational capable d’inclure tous les êtres humains, et particulièrement les plus humbles ».

La centaine de recommandations issues des six « ateliers » ont été résumées par l’Argentin Hugo Yaski du syndicat Centrale des Travailleurs d’Argentine, lors de la séance de clôture, comme une stratégie « qui est un mandat et une volonté de lutte qui vont se répandre à travers toute l’Amérique Latine, qui ne sont pas destinés à n’être qu’un bout de papier »

On retiendra principalement l’alliance des mouvements sociaux des peuples pour lutter contre les instruments de pouvoir des grandes nations hégémoniques ; le mandat de promouvoir la décolonisation et d’amplifier l’anti-impérialisme en tant que mandat pour instituer la justice sociale, la répartition de la richesse pour que les sociétés commencent à vivre dans la dignité ; le renforcement des Droits de l’Homme et de la Mère Terre ; la lutte contre tout espionnage et toute ingérence des grandes puissances et, finalement, l’intervention des médias sociaux contre le colonialisme de la désinformation.

« Nous savons très bien que la nouvelle stratégie des classes dominantes c’est d’essayer de manipuler les moyens de communication et aussi, bien souvent, ceux de la Justice, pour récupérer à tout prix le pouvoir » affirme le dirigeant argentin.

L’Atelier de la « Décolonisation » a proposé de désigner le président Morales leader mondial des organisations et mouvements sociaux du monde, mais, lors de la séance de clôture, il n’a pas été fait mention de cette recommandation, même lorsque des délégués étrangers ont rendu un vibrant hommage à la personne d’Evo Morales.

L’OTAN dans le viseur

Le premier « atelier » - sur le thème : « La souveraineté politique » - a concentré une grande partie de ses recommandations sur une stratégie contre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le ministre bolivien de la Présidence, Juan Ramón Quintana, affirma, dans son exposé et en ouverture des travaux, que l’OTAN représente un danger pour l’Amérique Latine, avec pour preuve son avancée dans la région et plus particulièrement à travers l’Alliance pour le Pacifique.

L’atelier a préconisé de créer « une organisation sociale puissante » pour répandre les « idées de libération du socialisme communautaire, décolonisateur et anti-impérialiste (en union avec les syndicats et les associations européennes) et ainsi faire face au danger que représente l’OTAN pour l’Amérique Latine ». Il propose également de « promouvoir le désarmement de l’OTAN, la réduction de ses dépenses militaires » et leur réversion dans des programmes sociaux ; il préconise de traîner l’OTAN devant des tribunaux internationaux puisque son militarisme « viole des traités internationaux et des accords fondant la coexistence pacifique ».

Le président Morales salua la recommandation de promouvoir, dans la région, l’exigence populaire de convoquer des Assemblées Constituantes et la refondation des États selon la volonté des mouvements sociaux. « Nous en avons assez de ces monarchies, oligarchies et hiérarchies. Nous en avons assez de cette anarchie des marchés. Plus jamais des pays gouvernés par des banquiers et des chefs d’industries ».

« Les ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables, ne doivent pas être la propriété des sociétés multinationales » a déclaré Evo Morales. « Si nous voulons faire naître un mouvement politique de libération anti-impérialiste qui garantisse la souveraineté de nos peuples, ce mouvement doit commencer par faire en sorte que les ressources naturelles deviennent la propriété des peuples et de leurs gouvernements démocratiquement élus ».

Dans son discours, Evo Morales déclara : « Je ne peux pas comprendre comment quatre pays (l’Alliance du Pacifique) veulent rééditer les traités de libre commerce avec Washington et veulent privatiser les services de base qui sont un Droit de l’Homme pour les peuples ».

Il pressa également ses auditeurs à « se décoloniser du luxe », faisant allusion au comportement de certains citadins qui changent de linge plusieurs fois par jour ou ne font usage d’un vêtement qu’une seule fois avant de le ranger définitivement au placard. Il n’a pu s’empêcher de rappeler son enfance, lorsque, comme des millions de paysans, il portait ses vêtements « jusqu’à ce qu’ils tombent, littéralement, en lambeaux comme lorsque je retirais mon tricot pour en ravauder les coudes troués ou pour en ôter les poux. »

Au milieu de la multitude et des pancartes contre l’impérialisme, une femme, euphorique, coiffée d’un béret comme celui de Che Guevara, le dos enveloppé dans une whipala (drapeau indigène) et, sur son buste, le drapeau tricolore bolivien, salue, le poing gauche levé, les portraits du Che, de Castro, de Chávez et de Morales. Sous son bras droit, elle tient une énorme bouteille de Coca Cola à moitié vidée : à peine un détail de l’arrogance du pouvoir de l’Empire. Un symbole qui perdure malgré tout et malgré tous.

Tandis que le Journal bolivien CAMBIO applaudit..


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