Le Pen n’est pas aux portes du pouvoir. Il y a bien une alternative

lundi 23 septembre 2013.
 

« There is no alternative » disait Thatcher. Comment le traduire en français ? « Il n’y a pas d’alternative » ? Pas si simple. Car cette formule née en Grande-Bretagne, qui ne connut ni révolution ni république, sonne curieusement en France, qui connut cinq républiques en deux siècles ainsi que deux empires, plusieurs monarchies et le régime de Vichy. Chez nous, l’idéologie dominante dit donc la même chose avec d’autres mots. Elle susurre : il n’y a qu’une seule alternative, les partis officiels ou Le Pen. Tel était le message même pas subliminal répété tout ce week-end après que le navire amiral de la propagande médiatique, le journal Le Monde, ait choisi de saluer le lancement de la fête de l’Humanité en placardant à sa Une « le FN part à la conquête du pouvoir ».

monde.jpg Nous avons souvent décortiqué l’appui qu’apportent les médias dominants au FN. La nouveauté est qu’il est devenu à ce point insistant que cela commence à se voir un peu trop. Pour la première fois, un journal, le média en ligne Médiapart, consacre un papier à la manière dont Le Pen instrumentaliste des journalistes prompts à répéter ses bobards et assurer sa réclame. Le Parisien a même fini, quelle audace ! par signaler que la Le Pen recueille 65% d’opinions négatives dans les sondages. Il ne s’agit certes là que de rares dissonances dans le concert louangeur qui se joue sous ses fenêtres. Les sondages nationaux annoncent ainsi un score inédit du FN aux municipales, en faisant mine de croire qu’il aura partout des listes ! Et les journalistes comparent ce score théorique avec le résultat officiel obtenu en 2008, qui est amputé des nombreuses communes où le FN n’était pas représenté. Quant à celui publié sur Marseille, il ne marque aucune progression pour ce parti. Mais il est interprété comme la « preuve » de la dynamique frontiste dans une ville récemment endeuillée par plusieurs règlements de compte.

La vérité est que le FN n’est pas aux portes du pouvoir. Bien sûr ce parti se nourrit de la démoralisation et de la colère que produit la politique de Hollande. Mais il dépend intégralement de ses pourvoyeurs de voix solfériniens et de ses griots médiatiques. Jamais depuis 2012, malgré les reculades de Hollande, le FN n’a pas été capable de transformer son résultat électoral en une force sociale active et rassemblée. Vous souvenez-vous qu’au moment où Hollande reniait sa parole en ratifiant le traité Merkozy sans en changer une virgule, Le Pen annonça une gigantesque campagne… de cartes postales. Une fois moissonnés les articles de presse qui suivirent, elle n’en parla plus jamais. Le Front de Gauche, à l’inverse, réussissait la manifestation du 30 septembre. Quant à l’affaire Cahuzac, la seule réplique de masse furent les balais du 5 mai pour la Sixième République.

Le Pen n’est donc pas aux portes du pouvoir. Elle n’y parviendra pas car l’effondrement du hollandisme ne produit pas uniquement débandade et démoralisation. Il libère aussi des énergies anesthésiées par le prétendu « vote utile ». Il émancipe des électeurs qui voulaient en finir avec le sarkozysme et partagent les objectifs du Front de Gauche. Le FN sera bloqué parce que le Front de Gauche est là, force autonome et conquérante. Capable de dénoncer le coup d’état financier mais aussi de s’y opposer concrètement en rassemblant le peuple français et en construisant avec les pays de la Méditerranée une issue à l’Europe dominée par Merkel, ce que le FN ne pourra jamais faire. Le Pen échouera donc à conquérir le pouvoir parce qu’il y a bien une alternative.


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