Allemagne Législatives 2013 Premiers résultats

jeudi 26 septembre 2013.
 

4) Leçon des législatives allemandes : le social-libéralisme est le fossoyeur de la gauche

Le Parti de Gauche - Eric Coquerel, Raquel Garrido, Christophe Ventura

François Hollande s’était déplacé spécialement pour, soi-disant, "aider" le SPD en campagne. Pourtant il fut le premier, hier soir, à entériner une victoire d’Angela Merkel alors même qu’elle n’est pas majoritaire en sièges au Bundestag, contrairement à ce que clament les médias à l’unisson.

De fait, Madame Merkel peut gagner par défaut. Le SPD aurait en effet pu choisir une autre alliance majoritaire avec die Linke et les Verts, mais, engoncé dans sa logique de coalition avec la droite et dans sa soumission au libéralisme, il n’imagine même pas une telle alliance Rose-Rouge-verte.

A l’identique du gouvernement Ayrault en France, la politique proposée par le SPD ne peut rassembler la gauche : compatible avec la droite et des capitalistes allemands, elle la divise au contraire. La grande leçon du scrutin allemand est celle-ci : le social-libéralisme est le fossoyeur de la gauche et ne sert plus à rien pour le peuple.

Le Parti de Gauche salue ses camarades de Die Linke désormais 3ème force politique du pays. Après ce qu’il convient d’appeler l’abdication du SPD, il revient à Die Linke d’assumer son rôle de leader à gauche en proposant une stratégie anti-austérité, indépendante des partis qui s’y soumettent.

Source : http://www.lepartidegauche.fr/actua...

3) Premiers résultats (Jacques Serieys)

Avec 41,5% pour son parti CDU CSU, Angela Merkel paraît la grande gagnante de ces élections législatives. En fait, la coalition qu’elle dirigeait a perdu la majorité au bundestag.

En effet, le parti allié de Merkel ces dernières années, les libéraux du FDP, s’effondrent de 14% à 4,8%. Il ne pourra donc avoir de député (barre minimum de 5%). Comme la CDU CSU n’obtient pas, seule, une majorité au bundestag, elle sera obligée soit de passer un accord de gouvernement avec le SPD, soit d’essayer de gouverner sans majorité...

Tous les partis de gauche reculent en Allemagne. Sur quinze ans, les pertes du SPD ne sont pas compensées par des gains de Die Linke ou des Verts. Par rapport à 2009, la campagne vote utile du SPD et la bipolarisation accentuée par les médias ont fait perdre environ un quart de son électorat à "La Gauche".

- le SPD (parti social-démocrate) obtient 25,7% des voix (proche de son plus bas niveau depuis 1945 et même depuis la réunification de 1990) soit environ 185 sièges

- Die Linke, 8,6%, soit environ 60 députés. Longtemps donné en chute libre et derrière les Verts, ce parti allié du Front de Gauche, recule de 3% mais ne subit pas de déroute. Il se maintient comme troisième force politique du pays. Cependant, si Die Linke se maintient bien dans l’Est de l’Allemagne (devant le SPD et loin devant les Verts), il recule ailleurs.

- les Verts 8,4% (-2,3%) soit environ 57 députés

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne frôle de peu (4,9%) la possibilité d’avoir des députés.

Le parti pirate n’est plus sur la pente de progression qu’il a connu. Avec 2%, il ne franchit pas la barre d’une représentation nationale.

2) Die Linke : "Notre rôle : ouvrir à nouveau une perspective"

Wolfgang Gehrcke, député sortant de Die Linke au Bundestag, est porte-parole du groupe de ce parti 
sur les questions internationales. Il appelle à une « critique de gauche de la construction européenne ».

Il règne en Allemagne un climat d’insatisfaction sociale. Pourtant, la chancelière sortante caracole en tête des sondages. Comment expliquez-vous cette apparente contradiction ?

Wolfgang Gehrcke. De très nombreux concitoyens vivent dans l’insécurité sociale et d’autres continuent de voir leur situation se dégrader. Mais, compte tenu de la dimension prise par la crise dans de nombreux autres pays européens, la chancelière a réussi à instiller l’idée qu’elle avait su éviter le pire aux Allemands. Nous avons à gauche deux problèmes. Il y a d’abord l’abstention, qui risque d’être très importante lors de ce scrutin. Car de nombreux électeurs estiment que, quoi qu’ils votent, cela ne changera rien à leur sort personnel. Et puis, il y a la dérive du SPD, dont le nom est associé aux réformes Hartz du marché du travail. Notre principale tâche, à nous Die Linke, est donc d’ouvrir à nouveau une perspective. Pour y parvenir, je crois qu’il nous faut nous appuyer sur des mouvements sociaux de protestation, d’indignation, comme en Espagne ou en Grèce. Nous n’avons pas d’autre choix pour modifier les rapports de forces. Car nous n’avons, pour l’heure, pas de partenaire au sein du Parlement.

Quand le débat européen prend des accents populistes, voire nationalistes autour de la dette grecque, comment réagissez vous  ?

Wolfgang Gehrcke. Je suis inquiet qu’il puisse exister des électeurs tentés par le vote de droite populiste. Le parti AfD (Alternative pour l’Allemagne), lancé en avril par d’anciens chrétiens-démocrates, cultive une démagogie anti-euro et use d’un discours aux relents racistes. Même s’il est donné encore aujourd’hui sous le seuil des 5 %, il constitue un vrai danger. Jusqu’ici, l’Allemagne a été préservée de forces d’extrême droite qui ont émergé, à la faveur de la crise, un peu partout en Europe. Mais nous ne sommes aucunement assurés qu’un tel phénomène ne puisse émerger ici aussi.

Comment le combattre  ?

Wolfgang Gehrcke. Nous nous dressons contre les clichés véhiculés jusque dans les grands partis sur ces «  paresseux de Grecs  » pour qui le contribuable allemand va devoir, un jour, payer la note. Mais nous avons besoin d’une critique de gauche de la construction européenne. Sinon, nous courons le risque de voir la droite s’emparer de ce thème. La politique imposée par Merkel a détruit l’économie hellène. L’Europe telle qu’elle se construit est une impasse. Si on entend préserver l’euro, il faut revoir ses règles comme le statut de la Banque centrale européenne (BCE), de fond en comble. Il faut stopper la mise en concurrence des salariés, des fiscalités. Nous devons, en Allemagne, sortir de la politique du tout à l’export et redynamiser le marché intérieur en élevant considérablement nos standards sociaux. 
Cela passe par de vraies hausses sur les salaires, les pensions et des prestations sociales.

Entretien réalisé par 
Bruno Odent

1) Die Linke en ordre de bataille électorale

Le parti de la gauche allemande lance sa campagne des législatives «  100 % sociale ».

Réunie en congrès ce week-end à Dresde, Die Linke a adopté son programme électoral et s’est lancée dans les derniers cents jours de la campagne du scrutin pour le renouvellement du Bundestag, le 22 septembre. Rassemblés sous le mot d’ordre «  100 % social  », les 500 délégués ont mis l’accent sur l’abolition du système Hartz qui a précarisé des millions de salariés.

Le programme prévoit l’introduction d’un Smic à 10 euros de l’heure. Il plaide aussi pour la fin de la retraite à soixante-sept ans. Dans le débat sur la crise de la zone euro, Die Linke s’est prononcée pour la poursuite de la monnaie unique. Le parti revendique une réforme du contenu de l’union monétaire qui «  permette de surmonter les graves déséquilibres  » qui se sont fait jour en Europe. Et de relever que «  l’austérité constitue la principale menace pour le maintien de l’euro  », qui, transformé, est indispensable à une construction européenne solidaire.

Avec cette prise de position, les délégués ont tranché le débat interne qui avait surgi après qu’Oskar Lafontaine avait envisagé comme «  solution ultime  » à la crise une sortie «  en bon ordre  » de la monnaie unique avec un retour au système monétaire européen.

Bruno Odent, L’Humanité


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