Parlement européen : Le PS choisit Schulz ! Quel aveu !

samedi 19 octobre 2013.
 

Un journal luxembourgeois, citant un communiqué du dirigeant solférinien Alain Fontanel, nous apprend que « sur proposition d’Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, le bureau national (l’exécutif) a décidé que le PS apporte au sein du PSE son soutien à la candidature de Martin Schulz au poste de président de la Commission européenne ». Quelle nouvelle enthousiasmante ! Mais pourquoi le premier secrétaire Harlem Désir n’a-t-il pas annoncé lui-même cette décision européenne si stimulante ? Pourquoi ce communiqué, cité au Luxembourg, est-il introuvable sur le site internet du PS ? Pourquoi cette discrétion ? Quel a été l’avis du groupe des députés français au Parlement européen ? Le PS français a-t-il honte de son nouveau leader ? Je crois que oui.

En effet, Martin Schulz n’a pas fini d’encombrer le PS. Vous trouverez dans ce blog, au fil des semaines, le récit qui vous permettra de vous faire une idée du personnage. Martin Schulz est l’actuel président du Parlement européen. Il est membre du SPD allemand. Par un accord de cogestion scrupuleusement respecté, Schulz a succédé à mi-mandat au président de droite élu juste après les élections européennes de 2009. Passe-moi le sel, je te passe le poivre ! L’alternance choisie et voulue. Les uns votent pour les autres dans la plus grande confusion des genres et l’unité des votes. Schulz, ainsi élu président du Parlement européen, est le symbole de l’alliance permanente et de la collusion qui interdit tout changement de politique en Europe. Ce système tient l’Union par la peau du dos et, vaille que vaille, quels que soient les votes des peuples, quelles que soient les saisons et les problèmes, ce sont toujours ces deux-là qui se chargent de maintenir le cap libéral dans l’Union.

Mais le ridicule attend peut-être au tournant le PS français. Il se susurre en effet dans les milieux bien informés que Martin Schulz, membre du SPD allemand, préférerait choisir plutôt de devenir ministre des Affaires étrangères d’Angela Merkel dans un gouvernement de grande coalition. En attendant, le président du Parlement européen a commencé sa campagne. Il est allé inviter le pape à venir nous haranguer à Strasbourg pour, parait-il, y « faire passer son Islam 3message de "solidarité" » ! Quelle hypocrisie. Mieux vaudrait qu’il aille voir la Commission ou le Conseil des gouvernements. Surtout que, si l’on en croit la dépêche AFP, cette invitation a été présentée lors d’un entretien largement consacré au drame de Lampedusa. Le pape comme remède à la persécution de l’immigration, il fallait y penser. Les bigots sont tous les mêmes : le péché d’abord, les pieuses pensées ensuite ; la réparation est toujours reportée dans l’autre monde.

Mais en fait, Schulz n’était pas là pour ça. L’Europe est une construction politique dans la main des démocrates-chrétiens et des sociaux-démocrates depuis l’origine, et la papauté a toujours été présente et active à chaque étape. Schulz a rendu hommage à cette intrusion : « Depuis la naissance de l’Union européenne, l’attitude pro-européenne de l’Eglise catholique a offert non seulement un soutien, mais aussi une analyse critique et sa vision de l’avenir du projet européen », s’est-il félicité. En fait, Schulz est venu faire allégeance. Dans une tribune inédite au quotidien du Vatican, l’Osservatore Romano, Il s’est même senti obligé de rappeler comment « il y a 25 ans exactement, le pape Jean Paul II avait prononcé à Strasbourg un discours inspirant », rappelant aux députés leurs devoirs à l’égard de « l’autre-Europe », l’Europe de l’Est, un an avant la chute du Mur de Berlin. « Son appel a été suivi d’effets et notre continent s’est trouvé réunifié ! Mais la tâche n’est pas achevée », a-t-il conclu servilement.

En se prononçant pour Schulz, le PS fait son « coming-out » européen : il assume le système de l’alliance permanente et généralisée avec la droite en Europe, que ses députés ont toujours fait mine de refuser. Tel est le sens de cette décision. On verra bientôt comment la déclinaison se fera en France. Car si cette collusion parait étrange à un Islam 4Français qui continue à croire que le PS et l’UMP sont deux formations opposées, en Europe, elle est tout simplement banale ! C’est même la règle dominante ! Les « socialistes » gouvernent dans seize pays de l’Union sur vingt-huit. C’est-à-dire dans une large majorité des cas. Dans cinq de ces pays, ils gouvernent seuls. Dans les onze autres cas, ils gouvernent avec la droite, et même sous la tutelle d’un premier ministre de droite dans six d’entre eux !

La grande coalition qui se dessine en Allemagne sera la cerise sur le gâteau. Alors, que Martin Schulz soit ou pas ministre de madame Merkel, son parti appartiendra donc à la coalition gouvernementale de droite en Allemagne ! Ainsi donc, la proposition du PS français consiste à renforcer le pouvoir du gouvernement allemand en Europe. Elle consiste à proposer le poste clef de l’architecture de l’Union européenne à quelqu’un directement lié à la politique du gouvernement Merkel. Voilà la cause de la discrétion des solfériniens à propos de Martin Schulz ! Les malheureux se figurent que cela ne se verra pas ? Ils espèrent aussi que personne ne fera la liste des allemands placés aux postes de commande des rouages de l’Union européenne, en contravention totale avec l’esprit d’égalité et de partage qui devrait prévaloir entre Français et Allemands. Ce ne sont pas des apprentis sorciers. Juste des ignorants sans conscience claire de l’histoire et des soins qu’il faut y apporter.


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