Pour des politiques municipales éducatives de rupture

dimanche 3 novembre 2013.
 

Par Francis DASPE, président de la Commission nationale Éducation du Parti de Gauche, également secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.

Les municipalités disposent de compétences en matière d’éducation, mais rien qui puisse réellement infléchir les orientations nationales porteuses de déceptions après le quinquennat d’airain passé. Pour autant, les élections municipales peuvent être l’occasion pour le Front de gauche d’affirmer la singularité de son discours et de ses propositions dans ce domaine.

L’élaboration de la partie éducation d’un programme municipal doit répondre à deux exigences préalables dont il n’est pas possible de s’exonérer. Leur non prise en compte dénaturerait fondamentalement l’essence même de notre construction politique. Il convient de rechercher et de mettre en avant la dimension idéologique de chacune des mesures envisagées. L’éducation est une question fondamentalement idéologique. Masquer cette dimension dans la question des rythmes scolaires fut l’erreur commise par Vincent Peillon  : il s’évertua méthodiquement à en évacuer publiquement les enjeux de marchandisation, de territorialisation, de précarisation et de statuts des personnels.

Il est également nécessaire de s’inscrire strictement dans le cadre des compétences qui incombent aux municipalités. Gardons présent à l’esprit le caractère national du système éducatif. Il ne s’agit pas d’accompagner de fait les processus d’autonomie et de territorialisation actuellement à l’œuvre. Même si chacun d’entre nous est persuadé qu’il ferait mieux localement que les gouvernements, de droite ou solferinien, ne font nationalement. Inutile de répéter à quel point nous sommes attachés au maintien des cadres nationaux et farouchement opposés à toutes les dérives vers la balkanisation d’une école à la carte. Il s’agit de refuser d’apporter une quelconque caution aux contre-réformes qui démantèlent les cadres nationaux.

À cet égard, les projets éducatifs territoriaux (PEDT) devront se conformer aux cadres nationaux, pas les subvertir en favorisant l’accroissement de l’autonomie et de la territorialisation. La déclinaison au champ éducatif de l’acte III de la décentralisation, amalgame de renoncements politiques et de contresens idéologiques, peut se révéler particulièrement destructrice.

Tout programme éducatif en vue des municipales de 2014 doit s’assigner trois objectifs. Chacune des propositions effectuées a vocation à contribuer dans son champ d’action à la réalisation de ceux-ci. Il convient tout d’abord de favoriser davantage d’égalité. Il est ensuite nécessaire d’enclencher une dynamique irréversible de démarchandisation en faisant sortir la finance de la vie communale. Enfin, l’horizon dont nous devons nous rapprocher consiste à ouvrir la voie à toujours plus d’émancipation. C’est à travers cette grille d’analyse que chacune des mesures envisagées sera appréciée.

Quelques exemples choisis permettent d’illustrer notre ambition. La laïcité sera dès que possible promue. Elle stipule l’égalité de tous. Expulsant les marchands du temple, elle élargit les horizons de la gratuité, faisant reculer la marchandisation. Récusant les communautarismes aliénants, elle ouvre les voies de l’émancipation. La déprécarisation des personnels sera la règle intangible. Des salariés nantis de droits équivalents ne seront-ils pas égaux et émancipés  ? Et à même de défendre l’intérêt général aux antipodes du marchand  ? Le fonctionnement des conseils d’école constitue un outil de construction d’une école démocratique. Pour autant, cela ne doit pas favoriser l’école à la carte, l’autonomie et la gestion managériale avec la remise en cause des statuts des personnels.

En garantissant le respect de ces deux préalables et la réalisation de ce triptyque d’objectifs, les mesures en matière d’éducation qu’une municipalité Front de gauche portera avec vigueur seront une illustration exemplaire des radicalités concrètes. Elles seront des remparts contre la déclinaison des politiques d’austérité et, symétriquement, les prémisses de la révolution citoyenne.


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