Economie sociale : pour construire un monde fondé sur les valeurs et non sur le profit

jeudi 14 novembre 2013.
 

Nouvelle donne, nouvelle méthode. Après avoir analysé samedi l’espace ouvert pour l’économie sociale et solidaire par les désastres humains qu’engendrent les politiques néolibérales, les participants aux Rencontres du Mont-Blanc ont consacré le moment du dimanche à valoriser l’ESS comme un modèle alternatif pertinent. L’échange d’expériences entre les participants de ces sixièmes rencontres internationales des acteurs de l’ESS a permis de rappeler que la finalité de l’ESS repose sur la satisfaction des besoins humains et non sur l’accumulation de richesses. Qu’elle prenne la forme de coopérative ou d’association, qu’elle s’implique dans le champ de l’agriculture, la santé ou l’insertion, qu’elle rassemble quelque dizaine de sociétaires ou compte des centaines de salariés, l’ESS se pose comme un outil permettant de combattre la pauvreté, valoriser l’égalité homme/femme, faire valoir une échelle des salaires juste, offrir des emplois pérennes et décents, développer un principe de gouvernance participatif (un homme/femme, une voix), reconnaître la force du collectif contre l’individualisme, contribuer au partage des richesses, faire vivre des entreprises durables etc. « Nous voulons un monde concentré sur les valeurs et non sur le profit », a rappelé Petra Lantz, directrice du bureau du PNUD à Genève.

Sortir de la confidentialité

Un problème se pose cependant : ces beaux principes restent trop méconnus et l’ESS peine à sortir de la confidentialité. « l’ESS existe depuis très longtemps mais occupe encore une trop petite place », a lancé Gaston Bedard, directeur général du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. Il s’agit donc, pour les quelques 350 participants au forum, issus de 46 pays, de réfléchir au moyen de « changer d’échelle », ce qui consiste à la fois à sortir de l’ombre en s’organisant mieux pour se faire entendre et investir des secteurs ou elle est pas ou peu présente, en gros, passer de 10% des échanges économiques à une proportion bien supérieure. « Notre puissance, ce n’est pas l’argent, mais le nombre pour s’imposer face à l’économie capitaliste », a insisté Joel Grosjean(Macif, France). Pour cela, l’ESS ouvre le chantier de travailler à des indicateurs spécifiques de développement que certains appellent « bonheur national brut », ou « bien vivre ».

« Nous devons démontrer que nous pouvons faire de l’économie autrement, pas seulement avec des micros projets, mais aussi avec de grands projets », a suggéré Sergi Morales Diaz, de la coopérative Suara (Espagne), tandis Juan Gerardo Dominguez Carrasco, président des coopératives mexicaines choisissait de citer l’écrivain Gabriel Garcia Marquez : « Je crois que ce n’est pas encore trop tard pour construire une utopie qui permette de partager la planète ».

Paule Masson, L’Humanité


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