Intervention de Alvaro Garcia Linera, vice-président de la Bolivie lors du Congrès du Parti de la Gauche Euopéenne
« Je serai franc et direct. Depuis l’extérieur, et même si certains sont très satisfaits d’eux-mêmes, nous voyons une Europe abattue, apathique, fatiguée et aussi satisfaite d’elle-même. Ce sont des paroles dures.
L’Europe des Lumières, des révoltes, a été reléguée au second plan. Et encore plus loin, les grands universalismes, qui ont enrichi le monde, ont été relégués au second plan.
Le capitalisme redéfinit les classes à l’échelle de la planète. Il ne s’agit pas seulement d’une redéfinition mondiale. Un nouveau type de prolétariat surgit dans les sociétés développées. Le peuple européen n’a pas perdu de sa vertu, de son espérance. L’Europe comme les démocraties sont asphyxiées par les marchés financiers.
Pour reprendre la fameuse phrase de Lénine, “que faire ?” La gauche européenne ne peut se contenter d’un diagnostic. La dénonciation sert l’indignation. Face à l’Europe et au monde prédateurs, la gauche européenne doit être à l’initiative. Elle doit construire un nouveau sens commun car la lutte politique est le sens commun.
La démocratie est notre drapeau. Nous avons besoin de nous défaire de la démocratie de gestion, institutionnelle. La gauche doit renouer avec la revendication universelle selon laquelle la politique et la participation sont des biens communs. La gauche révolutionnaire doit se poser des objectifs concrets de mobilisation à l’heure où l’on utilise le commun pour sauver le privé.
La gauche doit avoir une relation métabolique avec l’environnement pour ne pas tomber dans l’économie verte qui est une réforme hypocrite de l’écologie. Si nous avons comme patrimoine commun les forêts, la langue, la terre, alors, la démocratie est la gestion commune des ressources communes, mais pas au sens fossilisé du terme : il s’agit d’une nouvelle relation harmonique avec la nature.
Il faut revendiquer. Il ne s’agit pas de luttes de chapelles mais d’unifier, d’articuler, de promouvoir. Il y a besoin de reconstruire de l’espoir. L’État est fondamental sur le plan social et sur celui des rapports sociaux. La gauche ne peut se contenter de la seule gauche.
Luttez, luttez, ne nous laissez pas seuls. Nous avons besoin de vous.
À l’Europe, nous disons rallumez, rallumez le destin du Vieux Continent et du monde. »
Alvaro Garcia Linera
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