L’ultra-droite se cache derrière « Jour de colère » (Mediapart)

mardi 4 février 2014.
 

Dimanche, une cinquantaine d’associations défilent à Paris à l’appel d’un mouvement baptisé « Jour de colère ». Ce collectif se présente comme « apolitique  » et « citoyen ». Derrière, on trouve pourtant toute la nébuleuse de l’ultra-droite. Le mouvement est aussi soutenu par Dieudonné et les catholiques intégristes. Ce devait être une grande mobilisation « citoyenne  » contre le gouvernement, après le tour de chauffe du 30 novembre « contre le matraquage fiscal ».

Mais derrière la manifestation organisée dimanche 26 janvier à Paris à l’appel du collectif « Jour de colère  », on trouve toute la nébuleuse de l’ultra-droite et les réseaux catholiques traditionalistes.

Un an après les manifestations des anti-mariage pour tous, combien seront-ils dans la rue ? Une cinquantaine d’associations partiront de la place de la Bastille à 14h. Mais une grande partie d’entre elles n’existe pour l’instant que virtuellement, à travers des sites Internet ou des pages Facebook.

Le mot d’ordre est très large : lutter « contre le matraquage fiscal, la misère paysanne, le chômage, l’insécurité, la faillite de l’éducation nationale, la destruction de la famille, le mépris de l’identité française, les atteintes à la liberté et le déni de démocratie. »

Le collectif prévoit un rassemblement sous huit bannières différentes : « fiscalité » , « éducation-jeunesse » , « famille » , « identité nationale » , « chômage-emploi » , « respect des convictions religieuses » , «  liberté d’entreprise » .

À l’origine de cet événement se trouve un site Internet vide de tout contenu qui décrète à l’automne 2013, le 26 janvier « Jour de colère ». Depuis, le site s’est étoffé, avec une liste d’ une cinquantaine de soutiens et un manifeste qui réclame « la “coagulation” de toutes les colères » . « Jusqu’ici, le gouvernement table sur la segmentation des contestations pour mieux les isoler et les mépriser. Il est temps d’unir nos forces autour des points communs qui nous rassemblent » , explique le texte.

Ce collectif anonyme se présente comme « apolitique  » et « citoyen » et affiche neuf organisateurs anonymes : « Adélaïde, journaliste », « Frédéric, Directeur de la publication : avocat », « Grégoire, professionnel de l’événementiel  », « Louis, collaborateur parlementaire et étudiant  », « Stanislas, entrepreneur », etc. Sur le site du collectif, la liste des organisateurs anonymes.

Béatrice Bourges, la porte-parole du Printemps français, la branche radicale issue de la “Manif pour tous”, jure ne pas être à l’origine de ce collectif : «  Ça part de citoyens qui n’appartiennent à aucun parti politique ou de mouvement particulier » . Pourtant, les coïncidences sont troublantes entre les noms des organisateurs du JDC et plusieurs piliers du Printemps français, ou figures proches de cette nébuleuse. Comme l’avocat Frédéric Pichon, ancien leader du GUD (Groupe Union Défense), qui a défendu l’année dernière certains manifestants prônant la radicalisation (et qui avait lui-même évoqué « un devoir de désobéissance contre les lois injustes » ).

Ou encore Grégoire Boucher, à la tête du groupe Millésimes, « agence conseil communication événementielle » , et des éditions TerraMare, qui vient de publier un « agenda pour Tous 2014 » avec une cinquantaine de « figures » du « combat pour la famille », dont plusieurs soutiens de « Jour de colère  ». Boucher gravite autour de la galaxie du GUD : il est « ami » de Frédéric Chatillon et de son bras droit, Olivier Duguet, l’ex-trésorier du micro-parti de Marine Le Pen ; Duguet fut aussi le comptable de sa société

Autre exemple : Adélaïde Pouchol, qui signe dans l’Homme nouveau , journal catholique traditionaliste. En juin, elle a animé une conférence sur le Printemps français avec Béatrice Bourges, à Orléans.

L’Express note de son côté que « Stanislas », autre organisateur de « Jour de colère », « était bien engagé aux côtés du Printemps Français ces derniers mois » d’après ses différents écrits sur Internet. L’hebdomadaire cite aussi David Van Hemelryck, leader d’Hollande-Démission, qui confirme à demi- mot la présence du Printemps français derrière JDC : « Je ne pourrais pas dire que non mais si certaines personnes souhaitent rester en retrait, c’est leur droit » . Amputé d’une partie de ses membres, miné par les dissensions internes, et sans véritable structure, le Printemps français a tenté de rebondir à l’automne, mais sans que ses membres n’apparaissent directement. Dans ce grand chaudron hétéroclite du « Jour de colère », un seul point commun : l’opposition à François Hollande. Le politologue Jean-Yves Camus, chercheur à l’IRIS et spécialiste des extrême droites, voit plutôt dans ce « Jour de colère » un « Jour de défoulement » . « On y retrouve des mouvements anti- fiscalité, des catholiques traditionalistes qui pensent encore que la loi Taubira pourra être remise en cause, des catholiques intégristes qui combattent l’avortement, des groupuscules d’extrême droite, et tous ceux qui pensent qu’Hollande est illégitime. Tout cela n’est pas très cohérent »

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