Sur le livre d’Aurélien Bernier : la gauche radicale et ses tabous

lundi 3 février 2014.
 

Je termine ce billet par un autre débat, qui à l’invitation de France Culture m’a opposé (voir plus haut), il y a une semaine, à Christophe Bourseiller, journaliste et écrivain, et surtout Aurélien Bernier. Ce dernier est l’auteur d’un ouvrage à propos du Front de Gauche, abordant ce qu’il pointe comme les problèmes politiques que nous rencontrons et les raisons de notre prétendu « échec » face au Front national. Les médias, heureux de nous voir ainsi mis en difficulté, ont fait une certaine publicité à ce livre. Pourquoi pas ? Discutons au sein du Front de Gauche. Au PG nous y sommes favorables.

Mais, sans manquer de respect à Aurélien Bernier, je ne suis pas sûr que son livre apporte toutes les réponses sur la nature réelle du vote FN et la façon dont il faut reconstruire une gauche majoritaire qui l’affronte avec efficacité. De plus, ce livre est surtout riche des errances du PCF dans les années 90, sous la houlette de Robert Hue. Il ne me concerne donc pas.

Beaucoup de choses sont néanmoins assez instructives et méritent le temps de la relecture. C’est précisément pour rompre avec cela que le PCF fut favorable au Front de Gauche, comme alliance et comme stratégie construit en 2008. C’est pourquoi il faut maintenir son cap. Enfin, sur le débat européen, le livre de Bernier aborde des choses intéressantes et discutables mais rate sa cible concernant le PG.

La position que l’auteur nous prête sur l’Europe, ou du moins qu’il attribue au Front de Gauche, n’est pas celle du PG. L’auteur le sait, donc je ne comprends pas pourquoi il nous met en cause de la sorte. Et puis surtout, je n’aime pas sa façon de décharger le discours du FN, présent depuis 30 ans dans la vie politique avec une identité très marquée, de sa portée xénophobe (anti maghrébin), et hostile au mouvement ouvrier organisé. Sans discours anti-immigré, le FN redeviendra un nain électoral. C’est le moteur essentiel de son discours et Florian Philippot qui fait le tour des plateaux TV, portant un discours plus light que le vieux Le Pen, serait une étoile filante dans le ciel du FN s’il voulait estomper la xénophobie du Front national pour qui les immigrés sont responsables de la crise. Bernier semble parfois découvrir enfin que le fascisme, à travers l’histoire, a toujours eu une dimension anticapitaliste, et donc proche du discours de la gauche, pour mieux frapper les organisations et les gens de gauche et les républicains. Ne faisons pas mine de découvrir l’eau chaude. Mais, je n’en dis pas plus. Le débat reste ouvert et nous l’avons à peine effleuré lors de notre entretien radiophonique.


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