A Paris, aux élections municipales, je suis de gauche, je vote Front de Gauche !

mercredi 12 février 2014.
 

Une campagne municipale est toujours un moment déconcertant, lorsqu’on a l’honneur d’être candidat et tête de liste, où l’on découvre son visage imprimé sur les murs de sa ville et l’on devient un élément du décor urbain. Curieuse sensation. Mais, c’est par une comparaison sportive que je voudrais commencer. En athlétisme, l’épreuve du 800 mètres a cette particularité qu’aucun morphotype de compétiteur n’est vraiment avantagé à priori. On peut avoir pour l’emporter autant un profil de sprinter que de coureur de fond. Au premier coup d’œil, personne ne peut établir, parmi les concurrents, qui sont les plus avantagés pour la discipline. L’allure générale ne fait pas tout et on a même souvent constaté des surprises. Des études démontrent d’ailleurs que les grands records ont été établi lors de courses où l’accélération des athlètes n’était pas linéaire ni en progression constante. On constate au cours de la course des moments d’accélération, puis de ralentissement, et de nouvelles élévations du rythme. Généralement, le vainqueur est celui qui a su le mieux gérer l’ensemble en étant encore en capacité d’accélérer lors de la dernière ligne droite. En bien des aspects, une campagne municipale et particulièrement celle qui se déroule actuellement à Paris, ressemble à une course de 800 mètres.

Danielle Simonnet a crevé l’écran… !

J’affirme ici que rien n’est encore écrit et qu’il y aura des surprises à l’arrivée le 23 mars lors du premier tour. Le débat de mercredi soir, diffusé sur LCI/Europe1 et animé par Michel Field et Jean-Pierre Elkabach, marque une étape importante de l’épreuve. Pour reprendre la métaphore sportive, à présent tout le monde a quitté le couloir qui lui était réservé et vient de se regrouper dans un peloton. Le tableau est clair, il y aura 5 grands candidats, représentants les principales grandes familles politiques qui structurent le débat. Avec Danielle Simonnet comme chef de file des listes Front de Gauche, et candidate à la Mairie de Paris (et dans le 20e arrondissement), notre sensibilité politique est bien représentée. Vous pouvez encore mieux la découvrir en consultant sur blog. Merci à Danielle pour sa magnifique prestation de mercredi. Claire, combative, pédagogique, parlant vraiment aux parisiens qui subissent cette Ville trop chère, sa prestation fut un sans-faute qui creva l’écran et nombre d’observateurs, même ceux jusque-là très méprisant, on finit par le remarquer. Je cite au passage un article du Huffington Post assez symptomatique de la façon dont la presse a « découvert » toute la palette des talents de Danielle : « Encore inconnue du grand public, la candidate du Front de Gauche, Danielle Simonnet s’est clairement démarquée par son style décontracté et son programme "à gauche toute". Marchant dans les pas de Jean-Luc Mélenchon, l’élue du 20e arrondissement a distribué bons et mauvais points à son adversaire socialiste tout en concentrant ses flèches sur le "F-Haine" et "Madame NKM". Réquisition des logements vides, "encadrement à la baisse des loyers", lutte contre les politiques d’austérité, "humain d’abord" dans la politique de sécurité… Son style iconoclaste a en tout cas ravi certains internautes tandis que l’ancienne socialiste déroulait son programme en faveur de "la Révolution fiscale".

Ainsi, nos idées étaient là, autour de la table, limpides et s’offrant au choix des parisiens du 23 mars. Imaginons qu’elles ne le furent pas. Imaginons le grand débat de mercredi soir organisé autour de seulement 4 candidats officiels, si utiles au système : le FN, la droite d’un côté, et le PS et EELV de l’autre qui sont tous les deux au gouvernement. Soit le retour de la droite, soit le gouvernement actuel ! Sinon, circulez y à rien à voir. Quel recul ce fut pour nos idées ! Concrètement, cela aurait signifié qu’à l’occasion de ce rendez-vous électoral qui va mobiliser, et politiser, une grande partie de nos concitoyens dans la capitale de la France : il n’existe aucune force à gauche cohérente opposée à la politique du gouvernement de François Hollande. Inacceptable et scandaleux. Ne serait-ce que sur le plan démocratique le plus élémentaire, tous ceux qui ont vibré durant la campagne de Jean-Luc Mélenchon, ces 11% d’électeurs parisiens (soit plus de 110 000 personnes) qui ont voté pour le Front de Gauche ont le droit d’avoir des candidats pour les représenter. Pourquoi leur dénier ? Pour rendre service à qui ? Au profit de quelle cause ? Au nom de quelle logique, au premier tour, ce bulletin de vote ne devrait même pas exister ? Pourquoi notre parole ne devrait plus rentrer dans les foyers ? Pourquoi nos mots d’ordre et nos exigences brulantes ne devraient pas couvrir les murs de la capitale ? Pourquoi les dizaines de milliers de parisiens qui ne sont pas d’accord avec la politique du gouvernement, car elle piétine tous les fondamentaux de la gauche et mène notre pays à la catastrophe sociale, ne devraient pas avoir les moyens de l’exprimer clairement ? Pourquoi devrions-nous disparaitre au profit exclusif, dans les 20 arrondissements, de candidats socialistes ? Se taire, pour quelques postes (mais jamais au final de quoi être un groupe « charnière » ni diriger la moindre Mairie d’arrondissement), généreusement attribué par le pouvoir sortant comme prix du silence ? Pouah ! Non, sans nous, sans moi. Plutôt perdre mon mandat que mon honneur et la cohérence de mon engagement dans le Front de Gauche et PG depuis 2008. Le choix doit donc être donné aux électeurs de gauche à Paris, entre voter pour les listes soutenues par François Hollande et celles du Front de Gauche, soutenues par Jean-Luc Mélenchon. Le reste est baliverne. Si nous ne sommes pas convaincus que notre devoir est de donner ce choix, nous ne sommes pas dignes d’être en première ligne pour porter nos idées et enrichir les consciences de gauche. Laissons la place à d’autres, plus courageux, plus déterminés. Car, dans cette tâche, il n’y a pas de raccourci. La besogne est ardue mais indispensable.

L’enjeu des consciences

Aussi, une campagne électorale doit toujours être l’occasion d’éduquer, éduquer, éduquer encore les nôtres, avec modestie mais détermination, pour qu’ils ne sombrent pas dans la résignation, l’abstention ou la recherche d’autres moyens pour se faire entendre. Et pour cela, il faut ne pas mentir, ne pas biaiser. Jamais. Il faut donner confiance dans l’idée que nous pouvons porter nos idées, toujours et en toutes circonstances, dans l’indépendance des partis de cette gauche enkystée dans l’agonie de la Ve République. Le constat ayant amené à la naissance du Front de Gauche n’a pas changé. Il faut construire la grande force de gauche autonome, à vocation majoritaire qui passera devant le PS et pourra demain diriger ce pays. Cet enjeu doit rester le fil conducteur constant lors de toutes les échéances électorales et politiques qui se présentent devant nous : municipales, européennes, cantonales, présidentielles, législatives… Ne mettons pas de parenthèses, généralement sous le couvert d’arguments assez opportunistes, à cet objectif. Il faut cette grande force majoritaire pour permettre la Révolution citoyenne qui, s’appuyant sur les urnes, changera radicalement les Institutions vermoulues qui verrouillent la vie politique française et rompra avec les injustices. Mais, cela, nous ne le ferons pas par surprise et par inadvertance. Rappelons-nous la forte parole de Jean Jaurès : « Ilne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience. » Retenons la leçon. Elevons les consciences : faisons chaque jour de la politique dans la cohérence et la lumière. Mais, que l’on ne se méprenne pas. Je n’invite pas à faire seulement de la propagande lors des élections sans se préoccuper du résultat. Non, c’est l’inverse. Je dis, pour parler clair, que nous aurons des élus, plus nombreux et plus forts, si d’abord nous nous donnons les moyens qu’ils soient les représentants d’une grande force sociale et politique consciente que nous renforçons dès le premier tour de chaque scrutins électoraux. Le résultat d’un vote est toujours une photographie politique à prendre en compte. Elle pèse sur le moral des nôtres. Il n’y aura pas de grand changement citoyen si nos idées sont absentes ou ridiculisées par les urnes. Aussi, dans chaque élection nous devons tout faire pour rassembler le plus de suffrages, et avoir des élus, car nos succès donneront confiance pour des prochaines luttes, des prochaines élections. Ils montreront que cette voie est, certes difficile, mais accessible et qu’elle est la seule. C’est pourquoi il ne sert à rien d’avoir des élus par la ruse, dans l’opacité d’un accord à froid, dans la confusion et dont la seule fonction par la suite, durant la campagne, est de répéter ad libidum , qu’il pleuve ou qu’il vente, que : A Paris, le PS ne fait pas la même chose qu’au gouvernement et cette élection n’est pas nationale mais locale. Mais comment cela pourrait-il être le cas quand on désigne 163 conseillers de Paris qui choisiront 12 sénateurs ? Et de façon plus générale comment une élection qui concerne 40 millions d’électeurs pour élire 500 000 élus municipaux n’aurait pas une dimension nationale dans son résultat ? Cette rhétorique du localisme dépolitisé n’est donc pas sérieuse.

« La gauche rassemblée » ou comment un slogan pseudo unitaire cache en réalité une forme de sectarisme

Par ces mots, chacun l’aura compris, je vise essentiellement nos amis du PCF parisien. J’espère que les mots qui suivront ne blesseront personne. Je veux être compris et si possible convaincant. Je compte évidement encore beaucoup d’amis au PCF Paris. Mais j’enrage encore de les voir l’arme à terre dans la bataille si importante que nous menons. J’illustre mon propos pour me faire comprendre. Par exemple, il y a 15 jours dans mon arrondissement, quelques jours après la terrible conférence de presse de François Hollande qui annonçait de nouveaux cadeaux inutiles au patronat, les militants du PCF se limitaient sur les marchés à diffuser un tract qui annonçait le ralliement d’un groupuscule de 10 personnes, inconnues dans l’arrondissement et à Paris, à leur stratégie. Quel gâchis ! Lunaire et incompréhensible pour les habitants du quartier. Je me désespère de constater que le seul rôle qu’ils se donnent et d’envoyer de temps en temps quelques piques contre la droite (ce qui ne fait jamais de mal, certes) mais se taire sur la politique actuelle du gouvernement et ses conséquences dans la capitale. Pire, j’observe que dans beaucoup d’arrondissement, les quelques militants du PCF encore en activité concentrent leur énergie contre nous. C’est mon cas dans le 12e arrondissement où très régulièrement mes affiches sont arrachées et, comme par hasard, recouvertes dans le même mouvement par des affiches du PCF Paris qui vante le concept creux et fumeux de « la gauche rassemblée » derrière Anne Hidalgo. Quel sectarisme inutile ! Cela n’enlève rien à notre détermination, et même cela nous stimule. Mais surtout, qui peut affirmer que la gauche est rassemblée quand, au premier tour, il y a des listes EELV et les nôtres celle du Front de Gauche ? Est-ce à dire que le PCF Paris nous exclut de la gauche ? Quel aveuglement ! Et au nom de quel argument nous devrions cesser de disputer la direction de la gauche au PS ? Mais, je vois bien la logique qui sous-tend une telle attitude. Il faut nous effacer coûte que coûte du tableau général. Désolé, mais c’est raté. Nous sommes là et bien là, en dynamique. Enfin, un dernier mot à l’attention des militants communistes parisiens qui me liront. Les amis, que vos dirigeants cessent de mépriser notre campagne en disant à son sujet qu’il s’agit d’« une campagne d’extrême gauche qui obtiendra un résultat d’extrême gauche ». Cela manque d’originalité tellement je crois entendre un cacique solférinien à notre propos. Et puis, dois-je rappeler aux grands esprits qui donnent ce jugement les scores du PCF avant le Front de Gauche ? Les 1,9 % obtenus par Marie-George Buffet en 2007 sont-ils le résultat d’une campagne d’extrême gauche ? Je ne le crois pas. Et c’est très méprisant pour Marie-George qui mena alors une belle campagne présidentielle, mais dans un contexte extrêmement difficile. Tout cela pour dire que les commentaires grinçants que nous adressent quelques grincheux inquiets me touchent peu politiquement, mais m’attristent sur le plan personnel. Ainsi va la vie…


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