Pour sauver leur emploi, ils parient sur l’autogestion

dimanche 9 février 2014.
 

À l’instar des salariés de Fralib, de plus en plus de travailleurs aspirent à sauver leur emploi en reprenant leur activité à leur compte. Reportage au premier forum européen de « l’économie des travailleurs »

L’autogestion ouvrière est un rêve fou, dans le domaine de l’industrie, qu’on croirait pieds et poings liés avec le productivisme. À la faveur de la crise, la vieille idée délaissée par le mouvement ouvrier au XXe siècle refait pourtant surface.

Elle prend même forme à 25 kilomètres de Marseille, dans l’immense usine de la Française d’alimentation et de boissons (Fralib). Les salariés de cette fabrique d’infusions, dont l’activité – pourtant bénéficiaire – a été délocalisée en 2010 en Pologne par son propriétaire Unilever, sont sur le point d’en reprendre l’activité à leur compte.

Dans le souffle sourd des machines laissées en veille, les « Fralib » accueillaient le week-end dernier des travailleurs d’Europe et d’Amérique latine, précurseurs eux aussi dans des formes très différentes d’une réappropriation du travail.

Les coopératives deviennent une alternative

En Italie, en Espagne ou en Grèce, là où le chômage plafonne, le modèle coopératif devient une alternative à la crise. En France, « nous avons constaté un tournant dans les luttes de travailleurs en 2010, avec le combat des employés de Sea France et de Fralib. Elles n’étaient plus seulement concentrées sur l’obtention d’indemnités de licenciement, elles visaient à maintenir l’emploi sous forme coopérative », observe Benoît Borrits, de l’« association autogestion », qui organisait le premier forum « l’Économie des travailleurs ».

Au commencement, il y a une lutte. Les salariés de Fralib ont arraché les locaux et les machines au géant Unilever, qui a fini par les céder pour 1 euro à la communauté urbaine de Marseille. Au forceps, ils doivent aujourd’hui recréer la filière que s’est arrogée Unilever en 1972 en rachetant l’entreprise centenaire.

Et puis il y a un projet. Pour reprendre une activité industrielle avec un management horizontal et s’affranchir des réseaux de distribution et d’approvisionnement traditionnels, les usines autogérées sont forcées de s’inventer des nouveaux marchés. Circuits courts et développement durable deviennent autant que possible leur leitmotiv.

« Cela oblige à inventer chaque jour le changement », vibre Lucas Federici, qui participe au projet « Rimaflow », installé dans les 30 000 m2 d’une ancienne usine de pièces automobiles, occupée depuis février 2013, à Milan. Sans machines, une partie des 350 travailleurs licenciés ont dû repartir de zéro pour créer une activité. Ils ont commencé par mettre sur pied des petites activités dans l’espoir d’économiser suffisamment pour remettre les locaux en état et relancer une production industrielle. Un marché aux puces, du recyclage d’appareils électroniques, une petite production de Limoncello… En attendant des lendemains meilleurs, ils se payent 300 euros par mois.

Erwan Manac’h

« Un nouveau mouvement politique et social est en train de naître »

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