Mon projet de société (4) Besancenot : Des droits et des moyens pour choisir nos vies

dimanche 18 février 2007.
 

Le gouvernement a remis au goût du jour l’idée de « classes dangereuses » développée au XIXème siècle contre les ouvriers, contrôlés de ville en ville par le carnet ouvrier, véritable passeport intérieur.

Aujourd’hui, la « lutte contre le terrorisme » mise en scène par Bush, Blair et Chirac depuis 2001 sert de prétexte à la remise en cause des libertés démocratiques, à l’instauration de lois sécuritaires, à un développement sans précédent du racisme.

Les jeunes sont victimes du harcèlement policier, des contrôleurs, des vigiles, des patrons, des administrations. Le but du patronat et du gouvernement est d’habituer la jeunesse à être docile, à accepter des conditions de travail de plus en plus mauvaises, des garanties collectives toujours plus faibles et à ne pas se révolter.

Droit à l’autonomie pour les jeunes

La jeunesse est un véritable parcours du combattant. Seuls 62 % d’une classe d’âge accède au baccalauréat, dont 35 % au bac général, la moitié des étudiants sortent de l’université sans diplôme. La sélection sociale s’accroît avec la réforme Fillon sur les lycées et le LMD sur les facs, elles ont pour but de diminuer la valeur des diplômes. La moitié des étudiants travaillent pour financer leurs études, environ 20% des lycéens sont dans le même cas. Le taux de chômage est de 22 % chez les moins de 25 ans et les premières années de travail sont des successions de CDD, d’intérim, etc.

La première difficulté dans la vie est de pouvoir vivre sa propre vie, dans des conditions correctes. La première aspiration des jeunes est celle de leur autonomie (moyens financiers, logement, choix...).

Une allocation d’autonomie à 1 000 euros par mois pour les 16-25 ans, un logement indépendant pour ceux qui le souhaitent

Un emploi stable pour tous les jeunes

Reconnaissance des diplômes dans les conventions collectives, à l’échelle nationale, du collège à l’université

Gratuité des études.

Plus l’état social recule, plus l’état pénal avance.

Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, les états se sont dotés de lois sécuritaires qui visent à pénaliser à la fois les actions revendicatives (qui remettent en cause l’ordre économique) et les classes dites dangereuses (en particulier les jeunes, les pauvres et les immigrés). Cela se traduit en France par la création de délits stigmatisant les pauvres ( défaut de titre de transport par ex.) et des poursuites pénales accrues à l’encontre des syndicalistes, des lycéens, de ceux qui luttent.

Les révoltes des banlieues de novembre dernier étaient bien des révoltes sociales qui n’ont, malheureusement étaient considérés par certains, même à gauche, que comme des actes de vandalisme et de délinquance. C’est ce contexte qui voit le renforcement de politiques scélérates vis à vis des étrangers, la dernière loi Sarkozy se situant dans le long prolongement des lois Vaillant, Perben, etc., réduisant toujours davantage les droits au séjour, à l’emploi et au regroupement familial, sans parler évidemment des droits politiques toujours bafoués. Mais toutes ces lois marchent au même rythme que celles remettant en cause les libertés démocratiques de toute la population, qu’elle soit française ou étrangère.

Concernant la justice et la police qui constituent aujourd’hui le bras armé de l’état pénal nous devons imposer :

l’abrogation des lois sécuritaires de Vaillant, Perben, Sarkozy

la suppression de la comparution immédiate (symbole d’une justice expéditive sans existence réelle du droit à la défense et de la présomption d’innocence)

la suppression du fichier STIC (Service de traitement des infractions constatées), véritable « big brother » policier qui, en enregistrant toutes les infractions, mises en cause et implications comme témoins d’infraction sert de fichage de masse (plus de 20 millions de personnes...) et de ségrégation à l’emploi dans de multiples entreprises

la suppression des BAC ( brigades anti-criminalité)

l’interdiction des milices privées et des polices municipales

le désarmement des policiers au contact quotidien de la population

la condamnation des auteurs de bavures policières

l’amnistie des condamnés des émeutes de novembre 2005, des manifestants du mouvement lycéen de l’an dernier et du mouvement contre le CPE.

Contre le racisme, l’égalité des droits !

La banalisation d’un racisme décomplexé n’est pas sans rapport avec la droite décomplexée chère à Sarkozy. Si le passé colonial « ne passe pas », c’est que persistent des représentations et des discriminations héritées de la colonisation. Ainsi la loi du 23 février 2005 voulait imposer à la recherche et à l’enseignement une histoire officielle sur les bienfaits de la colonisation. Le rapport Benisti prétend établir un lien de causalité entre la langue étrangère parlée à la maison et un avenir de délinquant.

Contre le fait colonial qui marque notre société, nous exigeons l’égalité culturelle : la reconnaissance de la diversité culturelle va de pair avec l’égalité des droits

La citoyenneté ne doit plus être limitée à la nationalité. Nous soutenons la campagne démocratique pour la « Votation citoyenne ». Mais nous exigeons la reconnaissance du droit de vote et d’éligibilité à toutes les élections pour tous les habitants de ce pays.

Le recul de l’Etat social, des services publics, de l’emploi, en accentuant les discriminations sociales, accentue aussi les discriminations ethniques : les populations françaises issues de l’histoire coloniale de la France notamment (d’origine africaine et antillaise) continuent à subir des discriminations évidentes en terme d’emploi, de logement qui s’appuient sur un racisme rémanent largement alimenté et, en ce qui concerne les populations des pays arabes, sur un mélange de racisme colonial et de fantasmes vis à vis de l’islam. S’attaquer à ces discriminations suppose de remettre en cause la toute puissance des patrons et des logeurs.

De plus, l’accès à l’emploi public reste fortement subordonné à une nationalité française ou européenne. Au total, ce sont 7 millions d’emplois publics et privés qui sont soumis à une clause de nationalité.

Nous exigeons l’abandon de la condition de nationalité, notamment pour exercer les emplois de la fonction publique.

Enfin, le racisme est attisé par les lois anti-immigrés. Une société fondée sur le travail jetable exige une immigration jetable. La loi Sarkozy développe un cynique utilitarisme migratoire qui menace les droits de tous. La carte de résident, cette grande conquête de la Marche de l’Egalité de 1983, devient inaccessible.

Nous exigeons la régularisation de tous les sans-papiers, l’abrogation des lois anti-immigrés et un droit au séjour fondé sur la liberté de circulation et d’installation.

Contre les violences faites aux femmes

Les femmes subissent en France 48 000 viols par an. Une femme sur 10 est victime de violences conjugales et une femme meurt tous les quatre jours sous les coups de son conjoint ou ex.

Le harcèlement moral, psychologique et sexuel, qu’il soit le fait de supérieurs, collègues, clients ou usagers, est une face souvent cachée des relations dans le travail.

Par année, 13 % des femmes subissent des agressions verbales dans l’espace public et 9 % au travail. Au cours de leur vie, 11 % des femmes ont été victimes d’agressions sexuelles.

Les publicités exhibent abondamment le corps des femmes - et un peu celui des hommes - pour faire vendre. Ce processus de marchandisation du corps des femmes s’accompagne d’un développement de la pornographie.

Le système prostitutionnel prend les dimensions d’une industrie mondiale et très lucrative de traite des êtres humains. Il n’y a pas de prostitution acceptable. La prostitution est une violence contre les femmes qu’il faut abolir.

Pour lutter contre ces violences, les beaux discours ne suffisent pas, Il faut prendre le mal à la racine, il faut en finir avec la précarité, la pauvreté, la surexploitation et l’oppression des femmes. Il faut imposer des politiques volontaristes concrètes avec des choix et des moyens.

Plan de lutte et loi cadre contre les violences faites aux femmes

Service public d’accueil pour les femmes victimes de violence

Droit au logement, à l’emploi, à la protection sociale pour permettre aux femmes d’échapper à la violence (violences conjugales, prostitution, mariages forcés...).

Droit de choisir d’avoir ou non un enfant

La loi Veil légalisant l’avortement, imposée grâce à la puissante mobilisation des femmes, a plus de 30 ans. Une femme sur deux fera ce choix personnel au cours de sa vie. Pourtant, cet acte reste tabou et culpabilisé. Les réticences à reconnaître aux femmes le droit à disposer de leur corps sont encore très fortes. Les obstacles sont nombreux : offensives (affichées ou sournoises) de l’ordre moral, régressions et remise en cause du système de santé dans son ensemble, insuffisance d’information et difficultés d’accès à l’avortement et à la contraception.

Avortement et contraception libres et gratuits pour toutes les femmes

Campagnes régulières d’information sur la contraception et l’avortement

Moyens pour l’avortement dans le cadre du système public de santé.

Contre l’homophobie

L’homophobie, la lesbophobie et la transphobie n’ont pas disparu : insultes, agressions, voire meurtres en témoignent. La loi officialise la discrimination. Homos et hétéros n’ont pas les mêmes droits : mariage, parentalité, droits pour les transgenres à changer d’état-civil.

Les luttes LGBT sont partie prenante du combat pour une société débarassée de toutes les oppressions.


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