Reconstruire le paysage politique avec une gauche bien visible montrant sa puissance

mercredi 19 février 2014.
 

En donnant la victoire aux manifestations de droite, le tandem Hollande-Valls a brutalement déséquilibré le rapport de force politique. Voila pourquoi, je pense, beaucoup auront senti quasi-instinctivement le besoin de reconstruire le paysage politique avec une gauche bien visible montrant sa puissance.

C’est pourquoi l’ambiance a beaucoup changé autour de nous. Il y a un mois de cela, Éric Coquerel, agissant au nom du Parti de Gauche, a eu du mal à constituer un collectif pour prolonger la bataille contre l’augmentation de la TVA, et davantage encore à convaincre de la nécessité d’un rassemblement de masses nationale à Paris sur le thème. À l’exception du NPA, tous nos camarades avaient une appréciation désolée des capacités de mobilisation. Dans ce genre de circonstances, personne ne peut être certain d’avoir raison contre tous les autres. C’est pourquoi nous avons accepté de bonne grâce que l’objectif soit reconsidéré à la baisse. Mais l’action du 8 février, là où elle a eu lieu, a clairement montré la disponibilité des esprits autour de nous.

Contrairement à la sphère militante, le plus grand nombre de nos concitoyens ne vit d’aucune façon au rythme de la mobilisation pour les élections municipales. C’est donc une erreur d’évaluer une capacité de mobilisation à partir de la disponibilité des militants qui la préparent. Une mobilisation est d’abord le résultat d’un contexte. Et ensuite d’une méthode d’action. L’éclatant succès de nos trois marches, en septembre contre le traité européen, puis en mai et en décembre pour la sixième République et contre le gouvernement en ont été une démonstration. Il est important de bien comprendre à quel point la détermination appelle la force et la force se grandit d’elle-même. Personne dans notre pays à gauche n’a été capable de mobiliser autant de monde que nous l’avons fait dans ces trois circonstances. Je ne le dis que pour la leçon que ces événements comportent ! Non pour glorifier des moments auxquels mon nom a été si violemment associé, notamment pour tout ce qui est du dénigrement.

Comment pourrions-nous agir cette fois-ci ? D’abord, vérifions que nous sommes bientôt d’accord, non seulement pour agir, mais pour le faire sur des bases d’opposition de gauche sans bougli-bougla unanimiste où l’on convoque des peurs imaginaires pour faire marcher au pas ! Ensuite, tâchons de prendre appui sur ce qui existe, au moins le temps d’une vérification. Je sais que la date du 1er mars a été retenue dans de nombreux départements pour une démonstration de rue. La méthode commencée à Marseille, hélas sous une pluie battante glaciale, a néanmoins fonctionné comme un exemple. J’avais dit dans ce blog combien je souhaitais une contagion qui se répande plus vite que le rhume attrapé là-bas ce jour-là. Je crois que c’est ce qui se produit.

Par exemple, à Toulouse notamment, à partir d’une initiative de l’UD CGT, un large collectif, incluant toute l’autre gauche et un vaste arc de forces associatives et syndicales, s’est constitué. Il convoque à une marche sur place, le 1er mars. C’est cette date que je retrouve dans les comptes-rendus de situation départementale que je reçois. Peut-être peut-on imaginer de généraliser l’appel de Toulouse ? De cette façon, nous prendrions appui sur une initiative locale, avec une méthode de « Front du peuple ». Le résultat qui serait acquis ce jour-là pourrait permettre d’évaluer correctement la situation et de proposer un nouveau rendez-vous suivant très rapproché. Ce ne sont là que quelques éléments de réflexion à partir des informations dont je dispose. Dans tous les cas, je veux insister sur le fait qu’une telle démonstration ne doit pas être appropriée par l’une des composantes politiques de ce Front du peuple, fût-ce par nous le Front de Gauche, pour la raison que les élections municipales proches pourraient servir de prétexte à division. Pour autant, il n’est pas sans intérêt de parvenir à disloquer à la base le dispositif des socialistes, en les prenant à contre-pied partout où cela est possible. Je veux dire que si des cortèges ou des fédérations socialistes entières se décidaient à s’associer à des manifestations contre l’austérité et contre la misère, ce serait un problème pour le gouvernement et le parti solférinien, et non pas pour nous. Il est certain également qu’un tel mouvement aurait ensuite forcément son écho dans les urnes, dans la mesure où chacun verrait bien quel candidat participe à la lutte et qui s’y refuse.


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