PCF et Parti de gauche : et maintenant ?

mardi 18 février 2014.
 

Le tout récent apaisement entre les deux principales composantes du Front de gauche ne doit pas donner l’impression d’un simple calcul politique, mais ouvrir de réelles possibilités de répondre à la crise politique et sociale. Avec une démarche plus cohérente que celle du PCF, et moins clivante que celle du PG...

« Ni union sans combat, ni combat sans union »

Vendredi 17 Janvier, des délégations du Parti communiste et du Parti de gauche, emmenées respectivement par Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon se sont réunies à Paris. La rencontre marque le retour à un climat plus apaisé au sein du Front de gauche, après des mois de vives tensions et d’échange aigres-doux. Ce n’est un secret pour personne, depuis le vote des communistes à Paris et le choix de rejoindre les listes d’Anne Hidalgo au premier tour, les relations entre ces deux partis s’étaient pour le moins refroidies. Le retour à des relations normales entre partenaires est donc une bonne nouvelle, même si le titre de l’article paru dans L’Humanité, « Municipales, le PCF et le PG dépassent leurs désaccords », paraît bien imprudent.

Confusion aux municipales

Au-delà du cas emblématique de Paris, le PCF a trouvé utile de s’allier dès le premier tour avec le Parti socialiste dans plus de la moitié des 408 villes de plus de 20.000 habitants. Cette situation est le signe que le Parti communiste n’a pas de stratégie pour ces élections municipales. Une orientation peut connaître des exceptions – c’est bien naturel car toutes les situations ne se valent pas, et les enjeux politiques ne sont pas nécessairement les mêmes dans une ville moyenne de banlieue et dans une métropole régionale. Mais dans le cas présent, il s’agit bien de deux orientations différentes, contradictoires même.

Difficile, pour le Front de gauche, d’incarner dans ces conditions une alternative politique à la gauche de gouvernement quand la principale force qui le compose se retrouve avec le PS – et en réalité derrière lui – dans tant de municipalités. Le parti dirigé par Pierre Laurent sème ainsi la confusion quand il faudrait clarté et cohérence. Au moment où la politique de François Hollande fait ses adieux à la gauche, l’absence de position nationale du PCF pour les prochaines élections est un problème majeur.

Mélenchon : cliver n’est pas jouer

Pourtant, si l’indépendance envers le PS est un préalable, elle ne fait pas une politique, ne définit pas une orientation, ne construit pas de propositions alternatives. La stratégie développée par Jean-Luc Mélenchon semble considérer qu’il suffit de dénoncer, de cliver pour ipso facto être le creuset des déçus de François Hollande. À cette étape, au moins, ce n’est pas le cas. L’effondrement du Parti socialiste demeure une possibilité inscrite dans les coordonnées politiques de la situation, mais entre le dégoût de la politique qui nourrira l’abstention, le FN en embuscade et la gauche radicale, plusieurs options sont possibles.

Il est ainsi permis de s’interroger sur les fins et l’efficacité des multiples sorties médiatiques émanant du PG depuis quatre mois. Le 11 janvier, Jean-Luc Mélenchon écrivait encore dans son blog, à propos du PCF : « La présence ou non du Parti communiste n’est pas l’horizon ultime de l’autonomie », semblant accréditer ainsi que la pérennité même du Front de gauche n’était pas assurée. La réconciliation des frères ennemis d’hier risque ainsi d’apparaître comme une pure manœuvre politicienne, aux antipodes de ce qu’exigerait la situation. Face à l’ampleur du désaccord, la confrontation était indispensable, mais d’où vient cette désagréable impression qu’il s’agissait plus de tendre le débat que d’essayer de convaincre ?

Dépasser le tête-à-tête PCF-PG

Le spectacle offert à tous depuis des mois a affaibli le Front de gauche dans un contexte social et politique déjà difficile. Les multiples accords du PCF avec le PS ne conduisent pas seulement à une division du Front de gauche. Dans nombre de villes, les différentes organisations qui composent le FdG vont figurer sur des listes séparées, c’est-à-dire concurrentes, ce qui va accentuer le passif existant. Dans ces conditions, nul besoin d’hystériser le débat, il faut au contraire mettre l’accent sur les villes où l’unité a pu être réalisée. Samedi 18 Janvier, Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon et Myriam Martin (porte-parole d’Ensemble) se sont retrouvés à Marseille dans une manifestation contre les licenciements organisée à l’appel des organisations syndicales. C’est une excellente nouvelle.

Le Front de gauche, renforcé, rénové, élargi doit pouvoir offrir une perspective à la crise sociale et politique que connaît le pays. Cela passe sans doute par la fin du seul tête-à-tête PCF-PG, souvent délétère en son sein. Le mouvement Ensemble, constitué à l’automne et issu du regroupement de cinq organisations, peut contribuer à un rééquilibrage – lui qui s’est positionné tout à la fois pour la clarté politique et l’unité du FdG. Au préalable, il lui faudra, pour cela, acquérir une masse critique et être capable de se tourner vers l’extérieur.

Jérôme Beltar, publié sur le site de Regards.


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