Toulouse : Où en sommes-nous de notre démarche unitaire à la gauche du PS ?

Depuis le début, notre objectif est qu’il n’y ait qu’une seule liste à la gauche de celle de Pierre Cohen. Nous avons participé à de nombreuses rencontres bilatérales à ce propos. Sans succès puisque plusieurs listes sont désormais lancées. Mais tant que le dépôt officiel n’est pas fait, les convergences peuvent s’organiser. C’est pourquoi le 4 février, nous adressions un nouveau courrier aux 3 autres listes à la gauche du PS, « Toulouse Vert Demain » soutenue par EELV, « Toulouse en marche », soutenue par le NPA et la liste de Lutte ouvrière.

Nous n’avons à ce jour reçu aucune réponse directe par courrier ou par mail. En revanche, les autres listes se sont adressées sous diverses formes à la presse pour donner leur point de vue.

Lutte ouvrière a été la première à faire connaitre sa position. Interrogée par la presse, Sandra Torremocha, la tête de liste indiquait que LO tenait « absolument à faire entendre le camp des travailleurs à l’occasion de ce scrutin“. Une fin de non recevoir justifiée par un argument pour le moins sentencieux. Ainsi Lutte ouvrière serait la seule organisation à avoir légitimité à représenter le camp des travailleurs ? Nous espérons tout de même que LO ne met pas toutes les autres listes, de l’extrême-droite à la gauche radicale dans le camp des ennemis des travailleurs. Ce serait à la fois très abusif et très pessimiste sur l’état de forme du camp des travailleurs.

Du côté de la liste « Toulouse en marche » conduite par Ahmed Chouki et soutenue par le NPA, la République du cœur et le collectif Force citoyenne, un communiqué de réponse a été publié le 11 février. Cette réponse nous paraît contradictoire. D’un côté il est noté de « multiples points de convergences programmatique » mais, au lieu de s’appuyer sur ce qui rassemble pour juger positivement notre démarche et accepter une rencontre pour vérifier si les conditions sont réunies, lever les éventuels malentendus, le communiqué met en avant certains désaccords pour justifier des campagnes séparées. Passons sur l’exigence d’un « retour critique sur le bilan » de Jean-Christophe Sellin, notre tête de liste et seul élu sortant de gauche à s’être réellement opposé à la politique menée par Cohen. Surtout quand ce retour critique devrait porter sur la régie de l’eau. En quoi Jean-Christophe Sellin devrait-il porter le chapeau des renoncements de Pierre Cohen alors que c’est précisément ce qui l’a conduit à quitter la majorité municipale ?

L’argument le plus étrange est celui d’un « désaccord majeur sur le second tour ». A juste titre, lors du lancement de la campagne de sa liste, Ahmed Chouki a indiqué qu’il parlerait du second tour à l’issue du premier. Nous faisons la même chose. Nous avons par ailleurs envoyé une proposition écrite à propos du second tour au NPA. Dans ce texte, nous proposons que notre liste unifiée examine les conditions du second tour en fonction des résultats réels du premier tour et que nous tentions de dégager une position de consensus. Si le consensus n’était pas trouvé, alors chaque composante pourrait décider de son attitude. La loi électorale le permet sans problèmes. Et nombre d’accords entre le Front de gauche et le NPA dans d’autres villes de France se sont faits sur ces bases. Il est évident que qu’elle que soit la position prise, il est hors de question de renier à l’occasion du second tour les positions que nous avons défendues au premier tour devant les électrices et les électeurs. Cela interdit de gérer la ville avec les socialistes si ce sont eux qui sont majoritaires. Par ailleurs il est évident que compte tenu du type de scrutin, pour avoir la certitude de pouvoir peser en quoi que ce soit, il faut franchir la barre des 10 % qui permet le maintien de notre liste. Pour y parvenir, est-il raisonnable de penser que nous soyions en meilleure posture séparés qu’unis ? La liste soutenue par le NPA semble ainsi vouloir s’attribuer la médaille d’or de la radicalité contre les socialistes. Mais qu’est-ce-que préfère l’entourage de Pierre Cohen ? Une « vraie gauche » unie la concurrençant ou une « vraie gauche » divisée qui ne franchit pas le seuil nécessaire pour pouvoir peser et lui laisser les mains libres ?

Enfin, le 12 février, nous parvenait par la presse la réponse de la liste EELV conduite par Antoine Maurice. Pour justifier un refus, une seule formule : « Nous ne sommes pas la gauche du XXe siècle et nous n’avons pas un projet antigouvernemental seulement ». Mais alors Hollande et Cohen seraient une gauche du XXIe siècle plus fréquentable que la gauche du XXe siècle que nous serions censé représenter ? La vérité c’est que le positionnement choisi par EELV à Toulouse comporte une contradiction irréductible qu’il faudra bien dénouer. Il faudra choisir entre la collaboration avec un PS dont la politique est de plus en plus à droite et oblige les partisans d’EELV à avaler des couleuvres sociales et nucléaires de plus en plus grosses et la rupture pour pouvoir rester fidèles à ses convictions. D’ailleurs l’alliance maintenue avec le PS passe de plus en plus mal du côté des partisans d’EELV. Des voix s’élèvent même en leur sein pour quitter le gouvernement. En prenant ses distances avec le PS, EELV pourrait ainsi multiplier les cas de figure comme ceux de Rennes ou de Grenoble où des listes unitaires avec le Front de gauche se sont montées. Et aider positivement à la constitution d’une opposition de gauche, préparant une alternative de gauche porteuse d’espoir et basée sur un programme de sortie de l’austérité, un programme pour l’égalité et l’écologie digne des enjeux majeurs du XXIe siècle !

Malgré toutes les ambiguïtés et replis isolationnistes que nous regrettons de constater, notre offre unitaire pour cette élection municipale tient toujours… jusqu’au jour du dépôt des listes !

Toulouse, le 17 février 2014