Buffet-Mélenchon : L’union dans l’union des gauches peut-elle être un scénario crédible ?

mercredi 12 avril 2006.
 

Samedi soir 8 avril, un meeting autour du duo BUFFET-MELENCHON s’est tenu dans le cadre d’une convention nationale de l’association "Pour une république sociale" (PRS). Ce meeting marque une nouvelle étape politique à gauche.

Rappelons l’historique des séquences précédentes :

- 21 avril 2002 Désastre de la gauche absente du deuxième tour de la présidentielle pour la deuxième fois de son histoire. Il est à noter qu’à l’heure ou nous parlons, la majorité social-libérale du PS n’a toujours pas pris la mesure de ce désastre et n’a compris de cette séquence que le point de vue de la multiplication des candidatures à gauche et non celui du divorce qui a été créé entre le PS et son électorat suite à la politique du gouvernement Jospin.

- 2003 Fort mouvement social sur les retraites contre la politique néolibérale de la droite. Défaite du mouvement social en partie due à la division syndicale.

- 2004 Nouvelle défaite du mouvement social sur l’assurance-maladie contre la politique néolibérale de la droite. La division syndicale est toujours là. Ressaisissement populaire qui inflige deux défaites politiques à la droite néolibérale aux régionales et aux européennes.

Malheureusement ,la gauche social-libérale utilise la défaite de la droite aux deux élections de 2004 comme une justification de son orientation politique en estimant à tort que la parenthèse du désastre de 2002 est refermée alors qu’elle refuse toujours d’analyser sérieusement la situation politique. Elle se croit donc autorisé de passer un accord avec la droite néolibérale pour un oui au traité constitutionnel européen en s’associant avec la gauche de renoncement du Parti socialiste européen.

- 29 mai 2005

Le travail unitaire du non de gauche a été excellent. Le travail d’éducation populaire tourné vers l’action d’ATTAC a apporté le plus nécessaire.

Le verdict populaire tombe en fracassant l’alliance des néolibéraux et des sociaux-libéraux du oui au TCE : le peuple français dit non au turbocapitalisme sauvage rapidement suivi des nos amis hollandais. Les autres pays comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne ne nous suivent pas pour la seule raison que leurs dirigeants refusent d’engager le processus de référendum.

La gauche social-libérale ne comprend pas entièrement le message. Elle croit qu’une simple synthèse au Congrès du Mans du PS suffit pour refermer définitivement la nouvelle parenthèse et qu’elle pourra ensuite reprendre sa ligne stratégique d’acceptation et d’aménagement du turbocapitalisme.

- 2006 C’est alors qu’adviennent les manifestations contre le CPE qui sont le plus grand mouvement social depuis la grève générale de 3 semaines de 1968.L’union de tous est demeurée jusqu’au bout exemplaire. C’est le plus fort mouvement social des jeunes de l’histoire de France. La droite est cette fois-ci KO debout. Elle a été divisée sur la façon de répondre aux aspirations du mouvement social. Elle a essayé la division du mouvement social qui lui a si bien réussi jusqu’ici. Cela n’a pas marché. Elle a essayé les provocations policières et tenté une sortie sécuritaire. Une partie de son camp n’a pas suivi.

Un lobby politico-médiatique décide alors de propulser une position de recours en organisant la plus formidable pression médiatique pour propulser Ségolène Royal dans la présidentielle devant le spectacle affligeant de la droite. Ségolène Royal fait alors allégeance au social-libéralisme en soutenant des mesures de Tony Blair.

Pendant ce temps-là, un débat a lieu dans la gauche du non :

- doit-on réitérer l’émiettement de l’élection de 2002 ?

- doit-on diviser définitivement la gauche entre gauche social-libérale et gauche anti-libérale ?

- doit-on travailler à l’union des gauches sans exclusive ?

Pour l’instant, la tendance majoritaire est de répondre non aux deux premières questions et oui à la troisième. Mais cette réponse est fragile et nul ne sait si cela pourra se maintenir.

C’est là que la symbolique du meeting BUFFET-MELENCHON apporte un fait nouveau.

Ce meeting fait germer l’idée d’une union dans l’union des gauches sans exclusive. Ce meeting fait germer l’idée que l’union des gauches sans exclusive peut se faire sous hégémonie du non de gauche et non du oui de gauche. De ce fait, l’union des gauches sans exclusive retrouve sa crédibilité et fait reculer les menaces terribles de division de la gauche dans son ensemble dans toutes les autres stratégies.

Bien sûr, rien n’est joué. Après cette séquence, il y en aura d’autres. La façon dont la commémoration du premier anniversaire de la victoire du 29 mai sera réalisée peut-être décisive.

Tout n’est pas réglé .Les questionnements légitimes sont nombreux à gauche sur la stratégie, sur le contenu de l’alternative en matière d’analyse de la situation et de volonté réelle d’affronter le turbocapitalisme, de services publics, de protection sociale, de laïcité, d’intégration républicaine contre le communautarisme destructeur, de lutte réelle contre les inégalités sociales et la pauvreté, tellement les contradictions secondaires sont nombreuses dans la gauche du non et que certaines peuvent suivant l’actualité devenir principales.

Cela ne doit pas nous détourner de privilégier, ici et maintenant, comme en Amérique du Sud, la contradiction principale qui reste celle de l’union populaire contre les politiques néolibérales

Respublica


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message