Ce changement de gouvernement est un acte de panique

vendredi 11 avril 2014.
 

Personne ne s’attendait à un changement de Premier ministre, à chaud. Personne ne s’attendait à la sortie des Verts hors du gouvernement. Donc, en 24 heures, le PS a été mis en débâcle et son principal allié a quitté les rangs de sa cause. Les mouches médiatiques ayant changé d’ânes, la formidable crise que déclenche la catastrophe électorale dans les rangs du PS s’enclenche dans le secret des souffrances muettes. Des milliers de gens salariés du système basculent dans ce qui s’apparente à un néant social et symbolique. Comme organisation collective, ce parti s’est effondré. Je ne crois pas qu’il se relève dans les semaines qui viennent. Au contraire.

Bilan : les solfériniens gouvernent seuls, sans base, sans parti et sans alliés. Leur système recevra donc seul, et sans capacité de résistance, la décharge suivante que va être l’élection européenne. Le score sera pitoyable. Dès lors, les conditions se réunissent qui font de ce gouvernement une météorite en puissance. Comment gouverne-t-on un pays développé avec un chef d’État à deux pour cent de « très satisfaits », une majorité parlementaire étrillée aux élections locales dans laquelle se présentaient la moitié des membres du gouvernement et qui, après un changement de Premier ministre, reçoit une deuxième et écrasante sanction ? C’est tellement mal conduit et tellement étrange que le landernau bruisse de rumeurs : ce serait un calcul de Hollande pour se débarrasser de l’hypothèque Valls, ce serait une ruse pour être obligé de dissoudre et faire prendre en charge à la droite le plan d’austérité signé avec la Commission européenne, et blabla… Je ne crois rien de tout ça. Ce serait supposer un plan et des visées de long terme. Ce serait presque trop beau. En fait, ce changement de gouvernement est un acte de panique. Un fusil à un coup dégainé pour parer au plus pressé. Aucun d’entre eux ne s’est posé la question que j’ai posée ici et que formulent comme moi, tous ceux, de tous bords, qui savent juste les deux ou trois choses que l’Histoire enseigne sur la façon dont un État se disloque parfois faute de tête à sa tête.

De même j’entends dire ici ou là que les barons locaux ne vont pas laisser le drame se dérouler jusqu’à son terme avec la série noire annoncée : les européennes, les sénatoriales, les cantonales et les régionales dans l’année qui vient. J’objecte que pour s’opposer à quelque chose il faut avoir des raisons et des moyens communs de le faire. Où sont-ils au PS aujourd’hui ? Ce n’est pas tout. Il faut aussi des cadres, des lieux de décisions et des rites qui le rendent possible. Tout cela n’existe plus depuis longtemps au PS. Ni le bureau national, ni le conseil national ne signifient plus rien pour qui que ce soit. Ils sont désertés et c’est le règne des deuxièmes couteaux que méprisent souverainement les grands barons qui doivent agir.

La décomposition sera la règle, c’est-à-dire le « sauve qui peut » individuel et sans principe. J’ai déjà noté ici comment pendant que les « journalistes » médiacrates commentaient les sondages bidons et, une fois de plus, faux, les radars médiatiques étaient restés incapables de repérer l’ampleur nouvelle des dissidences locales, parfois leur multiplicité dans une même ville, et la puanteur de certaines d’entre elles. Cette débandade, cette décomposition nous met tous en danger. Car, n’en déplaise au narcissisme solférinien, ils ne sont pas seuls au monde. Droite et extrême droite sont regonflés à bloc par ces épisodes et par la béance du pouvoir qu’ils sont aussi capables que nous d’analyser.


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