Une opportunité politique pour l’autre gauche

jeudi 10 avril 2014.
 

J’entends dire ici ou là que les barons locaux ne vont pas laisser le drame se dérouler jusqu’à son terme avec la série noire annoncée : les européennes, les sénatoriales, les cantonales et les régionales dans l’année qui vient. J’objecte que pour s’opposer à quelque chose il faut avoir des raisons et des moyens communs de le faire. Où sont-ils au PS aujourd’hui ? Ce n’est pas tout. Il faut aussi des cadres, des lieux de décisions et des rites qui le rendent possible. Tout cela n’existe plus depuis longtemps au PS. Ni le bureau national, ni le conseil national ne signifient plus rien pour qui que ce soit. Ils sont désertés et c’est le règne des deuxièmes couteaux que méprisent souverainement les grands barons qui doivent agir. La décomposition sera la règle, c’est-à-dire le « sauve qui peut » individuel et sans principe. J’ai déjà noté ici comment pendant que les « journalistes » médiacrates commentaient les sondages bidons et, une fois de plus, faux, les radars médiatiques étaient resté incapables de repérer l’ampleur nouvelle des dissidences locales, parfois leur multiplicité dans une même ville, et la puanteur de certaines d’entre elles. Cette débandade, cette décomposition nous met tous en danger. Car, n’en déplaise au narcissisme solférinien, ils ne sont pas seuls au monde. Droite et extrême droite sont regonflés à bloc par ces épisodes et par la béance du pouvoir qu’ils sont aussi capable que nous d’analyser.

Cette dislocation est aussi une opportunité. Toute l’architecture de la gauche est changée. La sortie du gouvernement décidée par le Verts ouvre la possibilité de construire un nouvel arc de force très large, indépendant du PS. De là peut naître cette majorité alternative à laquelle nous travaillons. Sinon, pourquoi les Verts auraient-ils quitté le gouvernement ? Pour s’isoler ? Selon moi, la jonction se fera aussi certainement que la sortie des Verts était inéluctable. Evidemment l’addition des forces ne se déroulera pas, cette fois-ci, comme aux épisodes précédents avec les autres forces rencontrées sur notre chemin. Le Front de Gauche est au lendemain de municipales menées de façon incohérente. Il est en plus mauvaise posture et moins puissant électoralement qu’EELV. L’admettre, c’est partir du bon pied. En tirer toutes les conséquences sera la mise au pied du mur de notre intelligence de la situation. D’autre part, ce n’est pas seulement une stratégie qu’il s’agira de valider mais bien plutôt un contenu, des éléments de programme. Ce ne sera pas le plus simple si, comme je crois qu’il faut le faire, nous voulons entrainer aussi la totalité des composantes du Front de Gauche dans cette avancée. Cette discussion sérieuse est indispensable pour éviter le retour au système des accords sur des textes « fourre tout » comme le PS en a signé avec EELV avant la présidentielle, au prix de la confusion dont on se souvient.

En tous cas, la masse critique peut-être atteinte qui permettra de faire basculer un secteur significatif du PS de notre côté. Rien de cela ne peut se faire dans le très court terme. Mais il faut s’y atteler avec sérieux pour ne pas perdre de temps. D’ailleurs, c’est engagé. Les premiers dîners en ville sont encourageants. Bien sûr, la clef du succès est ailleurs. Il faut que le terrain reprenne confiance en soi. Autrement dit, il faut que l’abstention massive comme les électeurs du Front de Gauche se donnent un contenu actif et offensif. La manifestation du 12 avril va être un formidable accélérateur de ce processus. C’est évidemment une manifestation de mobilisation sociale contre le contenu de la politique d’austérité. Donc, on le dira comme on veut, c’est une manifestation contre l’action de ceux qui la mettent en œuvre. Sa préparation a été assez méticuleuse, du moins autant que son organisation et ses méthodes de déclenchement. Mes lecteurs savent à quoi s’en tenir je n’y reviens donc pas sinon pour renvoyer à mes billets qui en traitent déjà. N’empêche que si on veut bien observer comment la date se combine avec le contexte, on peut conclure que nous avons pris la bonne décision.


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