Jean-Luc Mélenchon relaxé après avoir traité Marine Le Pen de « fasciste »

lundi 21 avril 2014.
 

La présidente du Front national s’estimait injuriée, tandis que le coprésident du Parti de gauche jugeait que le terme de fasciste relevait du simple qualificatif politique

Le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, poursuivi par Marine Le Pen pour injure, pour avoir employé le terme « fasciste » à son égard, a été relaxé jeudi par le tribunal correctionnel de Paris. Le tribunal a souligné que « si le terme "fasciste" peut prendre une connotation outrageante quand il est utilisé en dehors de tout contexte politique ou s’il est accompagné d’autres termes dégradants, il est, en revanche, dépourvu de caractère injurieux lorsqu’il est employé entre adversaires politiques sur un sujet politique ».

Les faits remontaient à mars 2011. Invité par un journaliste à commenter le sondage plaçant Marine Le Pen en tête de l’élection présidentielle, le leader du Parti de gauche avait jugé cette hypothèse « stupide » : « Tout ça est une guignolisation de la vie politique. Pourquoi voudriez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d’avoir un fasciste à sa tête ? » Pour la présidente du Front national, le terme relève bien de l’injure – définie en droit comme une « expression outrageante, [un] terme de mépris ou [une] invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait ». Pour Mélenchon, il s’agit d’une catégorie politique, qu’il est libre d’appliquer au Front national.

« Pas un compliment »

« Dans ma famille politique, ce mot est utilisé depuis très longtemps en équivalent du terme « extrême droite », avait expliqué le coprésident du Parti de gauche lors d’une audience, le 6 mars. Naturellement, ce n’est pas un compliment à l’égard du Front national ; mais ce n’est pas une injure. Marine Le Pen elle-même a parlé d’un « fascisme doré » à propos des marchés, d’un « fascisme vert » propos de l’Islam. » « Le fascisme a inspiré le nazisme, avait rétorqué l’avocat du Front national, Wallerand de Saint-Just. En disant que madame Le Pen est fasciste, vous dites donc qu’elle est en faveur de la Shoah et des camps de concentration. Il est évident que Jean-Luc Mélenchon avait la volonté d’invectiver, de rabaisser, de faire mépriser madame Le Pen, car il n’y a pas dans le débat public d’injure plus profonde. » L’avocat avait réclamé un euro de dommages et intérêts.

C’est le second procès remporté en sept jours par Jean-Luc Mélenchon contre la présidente du Front national. La semaine passée, le tribunal de Béthune avait condamné cette dernière à 10 000 euros d’amende pour avoir diffusé, en 2012, un faux tract attribué à son adversaire. Sur son compte Twitter, le leader du Parti de gauche s’est réjoui de ce nouveau succès judiciaire.


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