Avignon : « L’art et la culture, du social au politique »

dimanche 20 juillet 2014.
 

Ce 16 juillet, le Front de Gauche pour l’art et la culture organisait un forum, comme chaque été à Avignon, avec le souvenir fort de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon en juillet 2011 : nous étions au début d’une campagne, le candidat du Front de Gauche n’était pas encore à 4% dans les sondages.

Une bonne centaine de participants, dialoguant avec des responsables politiques du Front de gauche, et les syndicalistes du monde culturel.

Alain Hayot (PCF) introduisait le débat, puis c’est Denis Gravouil qui plantait le décor.

Le nouveau patron de la Fédération CGT du Spectacle a bien démontré que l’été 2014 mettait en lumière deux batailles, lesquelles se rejoignaient :

- celle de l’assurance-chômage et des droits sociaux en général, une question qui dépasse de loin celle des seuls intermittents, rappelant que moins d’un chômeur sur deux est indemnisé aujourd’hui, et que la nouvelle convention Unédic entrée en vigueur le 1er juillet allait aggraver encore la précarité, notamment par l’allongement du délai de carence entre fin de contrat de travail et début d’indemnisation.

- et aussi celle de la politique culturelle, prise dans la spirale de la récession. On sait que malgré les annonces positivistes du Premier ministre, la ligne spectacle vivant et l’ensemble de la mission culture ne seront préservées qu’en apparence, puisque s’adossant à des chiffres déjà fortement amoindris au cours des précédentes.

Fabien Barontini pour le Syndéac, Stéphanie Marc et Jérôme Tisserand pour la Coordination des intermittents et des précaires, puis un peu plus tard Angéline Barth du Synptac CGT, confirmaient ces signaux d’alarme.

Marie-José Malis, metteure en scène invitée au Festival d’Avignon 2014, celle qui disait récemment son choix de la « grève avec rage », apportait au débat la parole riche et grave d’une compagnie ayant choisi de prendre ses responsabilités. Celle qui a récemment été nommée directrice du Théâtre de la Commune, Centre dramatique national d’Aubervilliers, défend « un théâtre politique au sens où il se demande : pourquoi avons-nous besoin du théâtre ? qu’est-ce qui, dans ce que le théâtre permet de penser, de sentir le présent, nous le rend nécessaire ? ». Elle a profité de la tribune pour dire son incompréhension face au traitement que lui a réservé le critique du journal l’Humanité, sur la forme et sur le fond, à propos de sa création « Hypérion ».

La seconde partie de la discussion, animée par Claude Michel (GU) réunissait les 3 responsables politiques présents. Christian Piquet pour Gauche Unitaire et Pierre Laurent pour le PCF ont rappelé le sens profond d’une politique culturelle, en terme d’émancipation citoyenne et de qualité de la démocratie notamment. Puis Eric Coquerel au nom du Parti de Gauche revint sur les chiffres réels que manipule le gouvernement, rappelant au passage que si les emplois inscrits dans le pacte de responsabilité de François Hollande étaient réellement créés, ce qui reste à démontrer, chacun de ces postes coûterait au budget de l’État 130.000 euros, alors que la préservation des droits sociaux d’un intermittent se chiffre à 3.200 euros !

Enfin, Jean-Michel Gremillet (PG) était chargé d’organiser la parole du public, donc du peuple, les deux mots ayant la même racine. Une assemblée comme celle-ci n’est jamais un simple « entre soi », elle permet d’échanger de l’argumentaire, de faire la lumière sur ce que les médias ne sont plus en mesure d’expliquer. La discussion fut fortement ancrée sur la question « grève / pas grève » qui occupe toutes les réflexions. Comment rendre populaire un mouvement, sans lui faire perdre sa radicalité ? Comment traiter la question économique, la « valeur PIB » de l’art et de la culture sans pour autant dévier la vraie raison d’être d’une politique publique de la culture, celle qui fait que « l’art rend la vie plus belle que l’art » ?

Les participants au forum se sont quittés autour de 14h, riches de leur dialogue. Les forces syndicales se réunissaient aussitôt en Assemblée générale, à l’heure même où la Ministre de la culture arrivait à Avignon. A l’unanimité, sa proposition de dialogue fut refusée.

Du social au politique : certains y voient le terreau de la Révolution citoyenne.


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