Interdiction de la manifestation parisienne contre le bain de sang de Gaza : un précédent gravissime et nullissime

lundi 21 juillet 2014.
 

1a) Entretien avec Bernard Ravenel - Historien et ancien Président de la l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) sur France Inter ce samedi 19 juillet 2014. Pour écouter cet entretien, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge).

1b) Liberté d’expression ? (Parti de Gauche)

Le Parti de Gauche dénonce l’interdiction de la manifestation prévue à Paris demain samedi en solidarité avec les palestiniens de Gaza victimes des bombardements au prétexte « de ne pas importer le conflit israélo-palestinien en France ».

Alors que le nombre victimes civiles ne fait qu’augmenter, que les blessés se comptent par centaines, le fait de pouvoir dénoncer l’intervention militaire israélienne à Gaza fait partie de la liberté d’expression garantie par la Constitution.

Alors que des versions contradictoires existent sur le déroulement des incidents de dimanche soir, le Parti de Gauche proteste sur les conclusions qui en sont tirées pour justifier l’interdiction de manifester et réitère sa demande de commission d’enquête parlementaire pour que toute la lumière soit faite sur ces incidents.

2) Le droit d’exprimer ses opinions pacifiquement, une responsabilité des pouvoirs publics (Ligue des Droits de l’Homme)

La décision du ministère de l’Intérieur d’interdire une manifestation en faveur des droits du peuple palestinien au motif « de ne pas importer le conflit israélo-palestinien en France », après avoir autorisé la précédente, constitue une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle, et un déni de la réalité.

Exiger la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un Etat souverain aux frontières, aussi sûres et reconnues que celles de l’Etat d’Israël, ce n’est pas importer un conflit, c’est inscrire la politique française dans les principes qu’elle prétend défendre.

Au moment où la liste des victimes civiles – même si le rappel de la prohibition absolue de tels actes envers toutes les populations civiles s’impose – s’allonge de manière effrayante, il ne sert à rien de tenter d’étouffer le sentiment de révolte que provoque l’intervention militaire israélienne contre la population de Gaza, sauf à vouloir un peu plus accréditer que le gouvernement a fait le choix partisan d’un camp.

La LDH entend rappeler avec force que le conflit israélo-palestinien ne peut conduire à assigner à résidence communautaire telle ou telle partie de la population. A ce titre, s’en prendre à des lieux de culte et aux croyants est inadmissible et doit être sanctionné.

En même temps, à en croire les comptes rendus de presse, les faits en cause ont fait l’objet d’un traitement judiciaire partial, en ne rendant pas compte du rôle de la Ligue de défense juive dans leur déroulement. La LDH a déjà eu l’occasion de s’étonner du traitement de faveur dont bénéficie cette organisation qui n’a jamais caché qu’elle se comporte, à l’encontre de la loi, en milice supplétive de certains partis politiques israéliens membres du gouvernement de M. Netanyahou.

C’est sur les pouvoirs publics que pèse, avant tout, la responsabilité de faire respecter le droit de chacun à exprimer ses opinions pacifiquement et dans le cadre des lois de la République. La paix civile comme le libre débat démocratique ne peuvent être préservés que si les pouvoirs publics ont une attitude claire et impartiale.

Paris, le 18 juillet 2014

3) Communiqué de l’Union Juive Française pour la Paix suite à la décision du Tribunal Administratif d’interdire la manifestation de samedi 19 juillet

L’UJFP dénonce l’atteinte intolérable à la liberté d’expression que représente la volonté gouvernementale d’interdire les manifestations de solidarité avec la résistance du peuple palestinien. Les preuves sont maintenant à la disposition de tous que les incidents de la manifestation du 13 juillet rue de la Roquette ont été délibérément provoqués par les voyous de la Ligue de Défense Juive. Que ce gouvernement en prenne argument pour limiter la liberté démocratique fondamentale de manifester est une dérive insupportable.

Avec plusieurs autres organisations, qui appelaient comme nous à la manifestation du 19 juillet, nous avons déposé un référé-liberté contre l’interdiction qui nous a été signifiée par la Préfecture de Paris. Le tribunal administratif vient ce soir de rejeter notre recours. Nous ne nous satisfaisons pas de cette décision et dès demain nous participons à un appel devant le Conseil d’Etat.

Plusieurs organisations qui appelaient à cette manifestation annoncent qu’en tout état de cause elles maintiennent leur appel demain. Dans l’état actuel de la situation, et dans l’attente de la décision du Conseil d’Etat, ne sachant pas si les conditions sont réunies d’une manifestation assurant la sécurité de ses participants, l’UJFP réserve sa décision.

Dans tous les cas, elle sera partie prenante des manifestations de solidarite avec le peuple palestinien qui seront appelées dans les prochains jours avec ses partenaires associatifs, syndicaux et politiques.

Le Bureau National de l’UJFP,

4) Interdiction de la manifestation de soutien au peuple palestinien : une décision gravissime et extrêmement préoccupante (communiqué PCF)

Le Ministère de l’Intérieur a décidé d’interdire une manifestation de solidarité avec le peuple palestinien sous le fallacieux prétexte de ne « pas importer le conflit israélo-palestinien en France ».

Le Parti Communiste dénonce une entrave gravissime et extrêmement préoccupante au droit de manifester, reconnu par la Convention Européenne des Droits de l’Homme, et à la liberté politique en général.

Les débordements de la manifestation de dimanche dernier, aussi condamnables soient-ils, ne peuvent servir de prétexte pour empêcher les soutiens au peuple palestinien de s’exprimer, d’autant que des groupuscules pro-israéliens semblent être, eux aussi, à l’origine de violences et d’incitations à la haine.

Dans un tel contexte d’agitation et de confusion, il est inacceptable que la Préfecture renonce à faire respecter l’ordre et préfère faire taire les manifestants plutôt que de les protéger. Le Ministère de l’Intérieur doit faire respecter l’ordre public, et non jouer le jeu de ces individus minoritaires dont l’objectif est d’empêcher les manifestants de faire entendre leur appel à la paix et leur soutien au peuple palestinien.

Cette interdiction constitue un outrage historique aux libertés fondamentales dans notre pays, et laisse planer un doute inquiétant quant à la garantie des libertés d’opinion et d’expression en France, qui devient donc le seul pays au monde à prendre de telles mesures.

Le Parti communiste français soutient donc entièrement la nouvelle demande d’autorisation qui a d’ores et déjà été déposée pour mercredi 23 juillet à 18h30 et appelle le Ministère de l’Intérieur à assumer le rôle qui est le sien.

19 juillet 2014

5) Israël massacre les palestiniens, Hollande interdit la solidarité (communiqué NPA)

Alors que le début de l’offensive terrestre de l’armée israélienne marque une étape dans la politique d’agression contre le peuple palestinien, la préfecture de police de Paris vient donc de décider d’interdire la manifestation de solidarité organisée ce samedi 19 juillet à Paris.

Cette décision scandaleuse, qui repose sur le prétendu risque de "troubles à l’ordre public", est une atteinte grave aux droits démocratiques et à la liberté de manifester. Aux 4 coins du monde, des manifestations d’opposition à l’opération meurtrière en cours à Gaza sont organisées. La France est le seul pays à les interdire.

Après les lamentables déclarations de soutien, de la part d’Hollande, à l’offensive de l’État d’Israël contre la population de Gaza, le temps du muselage des opposants à Israël serait-il venu ?

Le NPA est indigné de cette interdiction et exige des autorités qu’elles reviennent sur cette décision. Si tel n’était pas le cas, nous appellerions tout de même, avec les forces politiques, syndicales et associatives attachées aux respects des droits démocratiques et révoltées par les crimes commis à Gaza, à se rassembler pour protester publiquement.

Montreuil, le 18 juillet

6) GAZA : Communiqué de l’Union Syndicale Solidaires

Solidarité avec le peuple palestinien

L’Union syndicale Solidaires tient à exprimer sa solidarité totale avec la population de Gaza soumise depuis plusieurs jours à des bombardements meurtriers et depuis le 18 juillet à une intervention armée terrestre.

Les conséquences sont nombreuses : morts, blessés, destructions d’habitations, d’écoles, de structures médicales, de puits et le désespoir de toute une population dans et hors des territoires palestiniens. Elles ne sauraient être justifiées d’aucune manière par l’assassinat de trois jeunes Israéliens.

Le gouvernement israélien, responsable du blocus de la bande Gaza depuis 2006, montre une nouvelle fois sa totale responsabilité dans les conflits et les violences.

L’union syndicale condamne l’attitude des gouvernements occidentaux et en tout premier lieu celle du gouvernement français qui s’est senti autorisé à demander une riposte “avec retenue”, qui menace les manifestant-e-s qui veulent exprimer leur colère. Il s’est refusé lui aussi à imposer à Israel le respect des conventions internationales, et résolutions de l’ONU. Il refuse en toute connaissance de cause toute pression économique sur le gouvernement israélien qui ne respecte pas les droits humains et s’en prend directement aux populations civiles.

L’union syndicale réaffirme son engagement dans la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) au côté de nombre de ses structures syndicales, utilisant ainsi les moyens que peuvent avoir chacun et chacune de refuser la politique actuelle de l’Etat d’Israel et de faire pression pour que cela cesse.

Elle réaffirme son souhait de voir progresser une solution politique basée sur les principes du droit international, ce qui ne saurait se faire sans la levée du blocus de Gaza, la fin de l’occupation et le démantèlement des colonies.

Elle exige du gouvernement français qu’il utilise tout ce qui est en son pouvoir pour faire cesser les crimes contre la population palestinienne et en particulier qu’il œuvre en faveur de la suspension de l’accord d’association UE-Israel.

Elle appelle à participer aux manifestations qui auront lieu dans les jours qui viennent et proteste contre la volonté du gouvernement français de réprimer et d’interdire le droit de manifester et d’exprimer sa solidarité avec le peuple palestinien.

7) Manifestation interdite / EELV pour la liberté d’expression et la mobilisation pacifique

EELV s’insurge contre l’interdiction de la manifestation prévue samedi à Paris en réaction à la situation dramatique en Palestine et en particulier à Gaza.

Si l’interdiction est confirmée, la France serait alors le premier pays à interdire ces manifestations. Pour EELV, le rôle de la France est au contraire de dénoncer les violences envers les civils, de soutenir les droits du peuple palestinien tout mobilisant la communauté internationale en faveur de la paix. Le Président de la République et le ministre des affaires étrangères doivent condamner sans appel les opérations militaires et de se mobiliser pour obtenir un cessez-le-feu pour un retour aux négociations.

Cette interdiction de manifestation décidée au dernier moment fait par ailleurs courir le risque de troubles importants à l’ordre public. Ce conflit est suffisamment compliqué, la situation suffisamment tendue pour ne pas donner l’occasion de heurts inutiles et dangereux.

Alors qu’on peut manifester à Tel Aviv, à Berlin ou à New York pour dénoncer l’opération militaire israélienne en Palestine, les pouvoirs publics doivent permettre que ce rassemblement puisse avoir lieu dans le calme et le respect des opinions de chacun.

8) Nous, députés, pensons que les soutiens à la Palestine ont le droit de manifester samedi à Paris !

Ce matin, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve s’est prononcé en faveur de l’interdiction de la manifestation de soutien à la Palestine prévu samedi à Paris. Le ministre considère qu’il y a un risque important de troubles à l’ordre public.

Cependant , l’interdiction de manifester ne se justifie que par une menace à l’ordre public qui doit être exceptionnellement grave. Si aucun acte antisémite et raciste ne doit être toléré dans notre République, celle-ci doit se donner les moyens de les sanctionner fermement. Mais en aucun cas, elle ne doit remettre en cause une liberté fondamentale, au travers d’une mesure d’exception que nous considérons disproportionnée.

La liberté de tous ne saurait être remise en cause par la volonté de sanctionner les actes présupposés d’une minorité malveillante, comme il en existe d’ailleurs et malheureusement dans de nombreuses manifestations.

La liberté d’expression et le droit à manifester pacifiquement font partie des libertés fondamentales dans notre pays. Chaque année se tient à Paris plus de 4 000 manifestations et l’interdiction du principe de rassemblement doit rester une décision véritablement exceptionnelle. Dans le cas contraire, ce serait une atteinte grave aux libertés publiques dans notre pays. C’est ici le cas.

Celles et ceux qui prétendent ne pas vouloir importer le conflit, en soutenant une mesure d’exception, n’obtiendront en fait que l’effet contraire. C’est pourquoi, nous demandons avec gravité que la lumière soit faite sur les incidents survenus le 13 juillet dernier en marge de la première manifestation.

Le seul camp que la France doit choisir, c’est celui de la paix. Aujourd’hui, nous refusons la décision trop hâtive du ministère de l’Intérieur et appelons le gouvernement français à lever rapidement cette interdiction de manifester. Le précédent qu’elle constitue ne saurait être tolérée dans notre République.

Co-signataires :

Alexis Bachelay , Député des Hauts-de-Seine, Porte-parole de la Gauche Forte ; Yann Galut , Député du Cher, Porte-parole de la Gauche Forte ; Razzy Hammadi , Député de Seine-Saint-Denis ; Mathieu Hanotin , Député de Seine-Saint-Denis ; Pascal Cherki , Député de Paris ; Philippe Doucet , Député du Val d’Oise -


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