Programme socialiste La Société future 5 : Socialisme d’État et Démocratie socialiste

dimanche 24 février 2008.
 

L’action économique de l’État moderne est l’origine naturelle de l’évolution qui conduit à la société socialiste.

Nous ne prétendons nullement dire par là que toute mise en régie d’une fonction économique ou d’une exploitation économique constitue un progrès fait vers la société socialiste et que celle-ci puisse être le résultat de la mise en régie générale de toute l’organisation économique sans qu’il soit nécessaire de modifier l’essence de l’État.

Cette opinion, l’opinion de ce qu’on appelle les socialistes d’État, provient d’une idée fausse de l’État. Comme tout État, l’État moderne est en premier lieu l’arme destinée à défendre les intérêts généraux des classes dominantes. Sa nature ne se trouve pas atteinte par le fait qu’il se charge de fonctions qui n’intéressent pas seulement les classes dominantes, mais la société tout entière. Souvent, il ne se les attribue que parce que, si on les négligeait, non seulement l’état de la société, mais encore la situation des classes dominantes s’en trouveraient menacés. Mais, en aucun cas, il ne les remplit contrairement aux intérêts généraux des classes supérieures ou de façon à mettre en péril leur pouvoir.

Si l’État actuel se charge de certaines entreprises, de certaines fonctions, il ne le fait pas pour restreindre l’exploitation capitaliste, mais pour protéger et consolider le mode de production capitaliste, ou bien encore pour participer à cette exploitation, augmenter ainsi ses revenus et diminuer les contributions que la classe capitaliste doit verser pour le maintenir. Comme exploiteur, l’État a cette supériorité sur le capitaliste individuel de disposer non seulement des forces économiques que possède le capitaliste, mais encore des pouvoirs politiques dont il jouit comme autorité publique.

Jusqu’à présent, l’État n’a pratiqué la mise en régie qu’autant qu’elle était conforme aux intérêts des classes dominantes. Il agira de même à l’avenir. Aussi longtemps donc que les classes possédantes seront les classes dominantes, la mise à la charge de l’État d’entreprises et de fonctions n’ira jamais jusqu’à porter préjudice d’une manière générale au capital et à la propriété foncière privée, de façon à restreindre leur pouvoir et leur exploitation..

Ce n’est que quand les classes laborieuses domineront dans l’État que celui-ci cessera d’être une entreprise capitaliste. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible de le transformer en une société coopérative et socialiste.

Cette constatation est l’origine de la tâche que se propose la démocratie socialiste : elle veut que les classes laborieuses conquièrent le pouvoir politique pour, avec son. aide, transformer l’État en une grande coopérative économique se suffisant à elle-même pour l’essentiel .

On nous reproche de ne pas avoir de but déterminé, de nous entendre seulement à critiquer sans savoir par quoi remplacer ce qui existe. Eh bien, nous pensons qu’aucun autre parti ne poursuit un but aussi précis, aussi clair, que la démocratie socialiste. Et même les autres partis ont ils un but ? Tous s’en tiennent à ce qui existe actuellement et qui est insupportable et intolérable. Leurs programmes ne contiennent que des replâtrages mesquins. Ils promettent, ils espèrent rendre l’intolérable tolérable, l’insupportable supportable.

La démocratie socialiste, au contraire, ne bâtit rien sur des espoirs et sur des promesses, mais sur la nécessité implacable de l’évolution économique. Quiconque reconnaît cette nécessité doit également adopter notre but. Celui qui veut prouver que ce but est erroné doit montrer que notre théorie de l’évolution économique est fausse, que le passage de la petite industrie à la grande industrie n’est pas un progrès, qu’actuellement on produit comme il y a cent et deux cents ans, qu’il en a toujours été comme aujourd’hui. Celui qui pourrait apporter cette démonstration aurait certes le droit de croire que tout doit rester dans l’état. Mais celui qui n’est pas assez insensé pour croire que l’état social est toujours immuable ne peut admettre, s’il est raisonnable, que la situation actuelle est éternelle. Mais un autre parti peut il lui indiquer ce qui la remplacera, ce qui doit la remplacer ?

Tous les autres partis ne vivent que pour le présent, au jour le jour. La démocratie socialiste est le seul qui se propose un but palpable dans l’avenir, qui dirige son activité vers la conquête de ce but. Les autres partis ne veulent, ni ne peuvent, il est vrai, voir ce but, parce que la démocratie socialiste ne peut l’atteindre qu’en les dépassant. Et comme ils ne veulent ni ne peuvent l’apercevoir, parce qu’ils fixent obstinément les brouillards du ciel, ils ont l’audace de prétendre que nous n’avons pas de but précis et que nous voulons renverser tout ce qui existe pour monter à l’assaut des nuages.


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