2017 sera une insurrection : Meeting avec Jean-Luc Mélenchon (vidéo, script)

mardi 9 septembre 2014.
 

Discours de clôture par Jean-Luc Mélenchon du remue-méninges 2014 du Parti de gauche.

Pour visionner la vidéo de ce discours, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge).

Je veux d’abord au nom de tout le monde adresser des remerciements les plus fraternels à cette équipe de bénévoles, je voudrais rappeler qu’il n’y a pas de professionnels dans cette affaire, ce n’est pas que je méprise les prestations des professionnels, mais cette équipe s’est donnée de toute son énergie et de tout son cœur à la cause commune. J’adresse aussi des remerciements aux intellectuels, qui ont voulu partager notre travail, qui nous ont apporté tout le fruit de leur savoir, de leurs travaux, de leurs recherches : historiens, économistes, philosophes, poètes, musiciens… nous avons besoin de tout cela pour être vraiment des êtres humains accomplis. Et c’est pourquoi mon cœur se tourne vers ceux des nôtres qui sont absents, en particulier notre éditeur Bruno Leprince, notre ami, notre camarade, qui en venant ici a perdu la vie.

Ainsi l’esprit est toujours le plus fort, et l’esprit se transmet, et sa vision qui porte loin illumine les cœurs et les esprits, en sort que jamais, jamais le fil conducteur que nous portons ne sera rompu dans l’histoire. Et en tout cas par moi, moins que par n’importe quel autre : non, je ne pars pas retraite. Je suis un être humain doté d’un cerveau sous ses cheveux. Et avec ce cerveau j’ai assez appris de la vie pour savoir, à l’issue de la mêlée, qu’il faut savoir prendre du recul. J’ai pris du recul, quelle nouvelle ! Et on m’a déclaré en retraite, dépressif ; je ne le suis pas. Je n’en dirai rien, car il y a longtemps que j’ai pu mesurer à quel point l’industrie de l’information et du spectacle avaient fusionné profondément. Néanmoins, je me permets de dire un peu ironiquement que j’ai été fort surpris de découvrir tant de pages consacrées à mon blues et à mes états d’âme, alors que d’habitude je n’ai droit à rien. Si l’on voulait bien se consacrer davantage à mes idées et moins de ma personne, comme je serais content et comme vous-mêmes vous le seriez. Et enfin, je ne peux que m’amuser d’apprendre de l’aveu du rédacteur en chef du site internet d’Hexagone, auquel j’avais donné une interview d’une heure, qui en avait tiré une bande son et une bande écrite, que ceux qui ont commenté mes états d’âme ne m’ont ni écouté, ni lu. Eh bien, si vous découvrez une autre forme de pratique de l’information qui consiste non pas à donner à connaître, mais à inventer l’information. Mais pourquoi pas ! Moi j’ai toujours été ami de la poésie. Mais je voudrais qu’on aille à d’autres qu’à moi pour cet exercice. Je crois que nos idées, je ne dis pas impunément mes idées, ont fait leur chemin. Le constat politique que nous avions fait, l’indication, oserais-je dire l’injonction que nous faisions, s’est trouvée entièrement vérifiée par les faits.

Les politiques dites d’austérité que les scrogneugneux de toute l’Europe nous vendent comme le prix d’un courage qu’ils ne s’appliquent d’ailleurs rarement à eux-mêmes, sont en fait une obstination aveuglée dont le seul but est de faire en sorte que les comptes des grands établissements bancaires du vieux continent restent en ordre et en équilibre. Et pour le reste, l’immense souffrance humaine qui s’accumule les indiffère. Je suis obligé de souligner que nous avons eu raison de dire que ce n’est pas une politique de faire des coupes budgétaires. En réduisant la présence de l’Etat dans la société, en désorganisant les administrations publiques par des coupes sauvages, en réduisant de plus en plus la masse de la liquidité qui est mise en service pour la consommation populaire, en réduisant les investissements qui résultent de l’incapacité qu’ont les collectivités locales à intervenir, puisque leurs budgets sont en régression, on ne fait rien d’autre que de creuser le déficit, puisqu’on ralentit l’activité, puisqu’on diminue la ressource fiscale, on augmente le chômage, donc on diminue tout ce que le travail de chacun peut apporter de richesses à tous. Eh bien c’est ce pronostic, hélas ! hélas, mille fois hélas ! qui s’est vérifié. Et c’est cela qui maintenant conduit à cette situation inouïe que je vais décrire dans un instant qui constitue le paysage politique auquel vous êtes confrontés, vous autres, citoyens dignes et humbles, qui vous donnez le mal de penser à l’avenir de votre pays, et qui voyez ces gesticulations sans signification qui se déroulent sur le devant de la scène politique. Mais le peuple a été consulté, la société française a été assommée et mise à contribution de manière inouïe, comme jamais elle ne l’avait été. Un plan d’austérité, qui au total, transvase 90 milliards de l’économie réelle, des biens de chaque français vers la petite caste prétentieuse et arrogante, qui prétend savoir mieux que tout le monde, comment l’économie de la patrie peut se développer. Et qui au bout du compte, quand ont commencé les versements de l’Etat vers le poche, n’ont montré qu’une chose – l’investissement dans notre pays a reculé, c’est-à-dire la projection sur le futur, les machines à changer – rien n’a été fait, mais cependant ils ont augmenté la part qu’ils se sont versés par les profits et les dividendes de 30%. Quelle impudence scandaleuse ! Il faut qu’il y en ait qui portent haut et fort cette parole. Regardez français ! pendant que vous souffrez, pendant que vous vous acharnez au travail, regardez, eux se gavent, vous méprisent, vous ignorent. Et alors que vous fait un geste si puissant dans la direction de ceux qui disaient que votre avenir était dans leurs mains, eux ont saisi ce que vous avez donné pour le mettre dans leurs poches. C’est une honte !

Le peuple a parlé ! Deux élections ont eu lieu. Je ne suis pas un homme politique comme les autres. Et vous n’êtes pas des citoyens comme les autres. Lorsqu’un tel désastre s’avance, je ne passe pas ma soirée à faire des commentaires sur la victoire que je serais sensé avoir remportée. Je pourrais comme un petit boutiquier avoir dit le soir des élections municipales, je suis heureux parce que à Grenoble, nous avons fait la démonstration que notre ligne était la bonne. J’aurais pu dire le soir des élections européennes, oui ! j’ai eu un meilleur score dans ma circonscription que la fois d’avant. Oui ! nous sommes la seule force de gauche qui n’a pas reculé en voix, au milieu de toutes les autres. Mais c’eut été indigne de penser le futur de cette façon, à partir de sa boutique, sa popote, son petit supermarché politique, où l’on range les rayons d’une manière ou d’une autre pour les rendre plus affriolants aux consommateurs. Non ! il fallait montrer ce que nous ressentions, la peine, le chagrin, de voir la France, notre bien aimée montrée de cette façon. Et présenter ce visage au monde, 60% d’abstentions, c’est-à-dire le peuple qui massivement s’abstient, c’est une insurrection froide. Et revenant à ce qui s’est passé, en l’an 400 avant notre ère, lorsque le peuple décide de ne plus participer à rien et se retire sur l’Aventin. Jusqu’à ce que les patriciens cèdent et finissent par lui reconnaître le plus important, c’est-à-dire le pouvoir et en particulier le droit de veto sur les décisions que les puissants prenaient. 60% d’abstentions ! Alors que sur tous les tons, des médias parfois fort complaisants, avaient mis en scène la poussée de l’extrême droite, l’avaient annoncé, pour ainsi dire encouragée, même cajolée. Le peuple français s’est dit, puisque c’est comme cela, nous ne nous en mêlons pas, débrouillez-vous ! Si bien que le peuple se mettant en grève a laissé l’extrême droite s’installer en tête de la représentation politique de notre pays. Et devant un événement d’une portée pareille, aucun faux semblant n’est acceptable. Il faut d’abord montrer, avec autant d’énergie qu’on le peut, qu’aucun d’entre nous n’acceptera que continue ce jeu glauque, pervers et dangereux pour la république, qui consiste à encourager l’extrême droite, à faciliter sa percée, en rêvant d’un 2ème tour aux élections de 2017, où qui que ce soit qui serait en face, serait élu sans avoir besoin de rien dire, de rien faire. Il y en a par-dessus la tête du vote utile et du chantage qui nous prend pour des animaux, alors que nous sommes des hommes équipés d’un cerveau.

La leçon, il faut l’entendre ! On nous dit, vous autres du PG, vous devez enfin comprendre qu’il faut rassembler la gauche. Je veux vous dire que si nous suivions ce conseil, nous aggraverions le mal. Pourquoi ? Nous n’avons aucune raison de nous rassembler avec Manuel Valls et Hollande, ni aujourd’hui, ni demain. Ce n’est pas leur personne qui est en cause, c’est leur politique. Leur politique a conduit déjà à un désastre civique. Ce qui s’est passé aux élections européennes est d’une gravité exceptionnelle dont l’entière responsabilité revient au président de la République et à Manuel Valls, non seulement pour avoir mis en place cette politique qui ne mène nulle part, sinon à la souffrance, à la destruction des grandes et des petites choses. Les petites choses qui font le bonheur de tous les jours, la possibilité de prévoir qu’on part en vacances et puis de devoir constater qu’on ne peut pas partir. Prévoir l’année qui vient et soudain, se voir fauché dans ses projets parce que le chômage est là. Il l’est comme jamais, 5 millions de chômeurs, puisque vous savez qu’ils retirent des statistiques ceux qui ont travaillé 72 heures dans le mois. Savez-vous, messieurs les puissants, ce que représentent 72 heures au SMIC ? Croyez-vous qu’on puisse vivre de cela ? Croyez-vous qu’on puisse organiser sa vie de famille, élever ses enfants dans la dignité, avec de tels moyens ? Eh bien pourtant, des millions de nos compatriotes aujourd’hui s’efforcent de le faire. Mais eux sont indifférents à tout cela, si bien qu’ils ne peuvent rien comprendre à la colère du grand nombre. Non seulement cette politique irresponsable nous mène dans le mur, mais cette manière inouïe de vous regarder dans les yeux en disant : « eh bien ! dorénavant ce sera comme auparavant ! » Et voilà pourquoi, quoique vous votiez, ils s’en fichent. Quel est le régime absurde qui rend possible une telle attitude, que même les monarques n’avaient pas sous l’ancien régime ; et quand ils l’avaient, il leur en cuisait. Eh bien ! il va leur en cuire, c’est le souhait que je fais. Mais les critiques que j’ai adressées en votre nom, qui si souvent m’ont valu qu’on me jette tant de pierres, ou que l’on dénonce mon ton excessif, mes manières trop brutales, car dans ce monde-là, voyez-vous, on doit parler à mi-voix, sans bouger trop les traits, il ne faut pas être trop méditerranéen dans leur monde. Et maintenant voici que la critique vient de l’intérieur, si bien que nous avons le paysage suivant. Le président de la république s’est engagé sur un programme et il vous dit ouvertement qu’il n’en prendra pas une ligne. Vous le sanctionnez, il vous dit qu’il a très bien reçu le message, la preuve il va continuer. Et il en choisit un pire que l’autre. Après quoi vous dites, puisque c’est comme ça, nous nous en allons. La majorité gouvernementale a explosé. Les Verts ont quitté le gouvernement. 40 députés n’ont pas voté la confiance au premier ministre. Toute une série d’entre eux n’ont pas voté le budget. Et ainsi va la France. 40 députés lui refusent la confiance mais il ne se passe rien. Et ce sont des députés de la majorité. La moitié de la coalition fiche le camps, que se passe t’il ? Rien ! Le chômage explose, que va-t-il faire ? Rien ! C’est-à-dire la même chose qu’avant. Il a donc divisé la gauche, divisé sa majorité et maintenant voici qu’il a divisé son gouvernement. Madame Duflot a-t-elle dit autre chose de l’intérieur que ce que nous disions de l’extérieur ? Mais c’est ici, même à Grenoble, il y a tantôt deux ans, que nous avons crié en cadence : « pas de muselière et nous en sommes fiers ! » Eh bien ! madame Duflot a retiré sa muselière, nous l’a félicitons. Comme je ne voudrais surtout pas qu’on me dise que je suis revenu à mes excès de langage, puisque parait-il dire la vérité est excessisse. Je vais me contenter de dire à propos de François Hollande ce que disent ses amis, ministres actuels ou anciens. Voici ce que dit Cécile Duflot : « il n’a su être le président de personne. Ce n’est pas une question de tempérament, c’est la conséquence d’une succession de choix souvent inattendus, et parfois incohérents entre eux. Le récit de la lutte sans fin contre la dette est un discours d’affichage non suivi d’effets. On devait tenir le 3% de déficits, on ne l’a pas fait. François Hollande passe son temps à fixer des objectifs qu’il ne peut pas tenir. L’effet est dévastateur. »

Là-dessus voici maintenant 2 ministres, et non des moindres, qui vont se réunir cet après-midi pour tailler en pièces la politique du gouvernement auquel ils participent, notamment le ministre de l’économie, qui lui a dit :

« Aujourd’hui la réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique… »

Ce n’est pas moi qui parle, ce serait excessif ; là, c’est modéré.

« …car elle aggrave le chômage, une absurdité financière car elle rend impossible le rétablissement des comptes publics et un sinistre politique car elle jette les européens dans les bras des partis extrémistes. »

Par conséquent il accuse la politique du premier ministre, du gouvernement dont il est membre, d’aggraver le chômage, d’être une absurdité financière, de rendre impossible le redressement des comptes publics, de jeter les européens dans les bras des partis extrémistes, et il qualifie la politique du président de la république de sinistre politique. Mais qu’est-ce que vous voulez que j’ajoute ? Et même triomphe total que je savoure avec gourmandise, le quotidien du PS Libération et son hebdomadaire Le nouvel Observateur, qui après m’avoir couvert d’opprobe, se convertit enfin à son métier, c’est-à-dire analyser les faits et en rendre compte. Si bien que voici monsieur Joffrin, qui est le pape du socialisme modéré et l’organisateur du bal, voici ce qu’il dit : « Une saine colère populaire sanctionnera un jour la politique aberrante imposée depuis bientôt 7 ans… » Mais que ne l’aviez-vous dit plus tôt ? « …par la classe dirigeant européenne. 7 ans d’austérité, 7 ans de malheurs ! » Et maintenant écoutez cela, c’est du pur mélenchonisme, c’est dire la violence de la conversion. Moi, je ne parle plus comme cela « par dogmatisme, par avidité, l’oligarchie occidentale a passé outre, jugeant que les intérêts de la finance, c’est-à-dire les siens, devaient l’emporter sur ceux du peuple. » Alors vous voyez, ce n’est pas vrai que le PG est hostile aux journalistes… Ah mes amis ! vous voyez pourquoi j’ai commencé par dire que nous avions besoin d’éducation, élever le niveau de conscience et d’abord le nôtre même. Il faut avoir les nerfs, la patience, mais jamais renoncer au travail intellectuel qui nous permet de voir juste dans la conclusion des faits. Car l’heure vient toujours où la lumière est plus forte que l’ombre, où l’idée avance passant d’un cerveau à l’autre et jusqu’au plus réticent, comme vous le voyez. Pour ne rien dire de ceux qui, n’ayant jamais eu de cerveau, n’ont pas changé d’avis. Je le dis parce que tel n’est pas notre cas.

On me dit : « rassembler la gauche », je réponds, je ne crois pas que ce soit la bonne solution. Alors que faut-il faire ? Car si nous ne faisons rien, si nous nous contentons de faire notre petite soupe, et que nous allons d’un colloque à l’autre, parmi ceux qui pensent un peu comme nous, qui ne votent pas comme nous dans les assemblées, mais quand même. Et celui-ci, et celui-là si sympathique, que faisons-nous, rien ! Nous étalons le spectacle de l’impuissance et de l’incapacité à penser, de gens qui ne sont bons qu’à parler. La question ce n’est pas de parler, c’est d’agir. Et si on parle, il faut que la parole soit une action, c’est ce j’essaie en m’adressant à vous en ce moment. Mon discours n’est pas celui d’un homme qui se met à la retraite ou qui est déprimé, c’est un appel au combat, peuple français ! il faut te mêler de cette affaire ! Car sinon que va-t-il se passer ? Il pourrait se passer quelque chose de surprenant, que François Hollande tienne une de ses promesses, événement qui serait d’une portée considérable, ou qu’il respecte sa propre pensée, je ne veux pas lui suggérer mais je veux juste lui rappeler. En 2006 dans son livre « Devoir de Vérité », écrit avec Edwyn Pleynel, voici ce qu’il disait : « Je préconise un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature. Si d’aventure, à l’occasion de cette vérification, une crise profonde se produisait ou des élections intervenaient, contredisant l’élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence. »

Compte tenu de ce que nous savons, il est vraisemblable qu’on va titrer partout que j’appelle à la démission de François Hollande, mais vous qui êtes plus subtils, vous avez entendus que je vous ai rappelé que François Hollande envisageait la démission du titulaire de la fonction, pas moi. Allons au bout de cette affaire. Si nous disions que nous sommes pour rassembler la gauche, ce serait une formule creuse qui ferait plaisir à la génération qui ont connu les efforts pour la rassembler. Mais c’était sur une ligne de rupture. Ce n’est pas moi qui vais vous dire, il ne faut rassembler personne, nous en avons rassemblé 4 millions. Et puis surtout nous avons rassemblé la plus grande partie de l’autre gauche. Ce n’est pas nous qui allons défaire le Front de Gauche, c’est nous qui l’avons créé, c’est notre œuvre. Je vous rappelle qu’il a fallu du temps pour que l’idée du front de gauche avance pour être acceptée. Ce n’était pas le cas au début. Je vous rappelle qu’on faisait semblant, vous le savez bien, vous autres ! Le Front de Gauche c’est une réalité, c’est un point d’appui. Pour des milliers de gens c’est l’unique bien commun ; ils n’appartiennent à aucun parti, ni PC, ni PG. Leur repère c’est le Front de Gauche. Ils se disent Front de Gauche ! C’est leur espoir. On ne va pas aller leur dire, tout cela est fini, non, il y a une discussion. Il faut être grand garçon, il faut accepter qu’il y ait des discussions. Il ne faut pas dire chaque fois qu’on a une discussion sérieuse, dire c’est unes bisbille, c’est une querelle de chefs, mais chefs de quoi ? Ou c’est une lutte pour les places, quelles places ? Jusqu’à la victoire, il n’y aura que des coups à prendre. Je préviens tout le monde, ceux qui seraient venus pour des places, ce sont trompés de porte. Y a pas de lutte de places, à plus forte raison dans notre petit parti, c’est pas cela le sujet : respectez la dignité d’un débat politique.

Nous sommes dans une situation dangereuse, c’est important de discuter avec sérieux de la stratégie. Nous avons eu cette discussion au moment des élections municipales, ce n’est pas se complaire dans la dispute, c’est essayer d’en tirer l’enseignement. Le problème qui nous est posé n’est pas de rassembler la gauche, c’est de fédérer le peuple. Car le peuple, à l’heure actuelle, se désintéresse de la gauche et de la droite. Ce que vous entendez tous les jours autour de vous qui vous fait saigner le cœur, c’est quand on vous dit, la gauche et la droite c’est pareil. Vous savez ce qui nous en a coûté d’être de gauche, fidèles à nos valeurs, dans nos communes, dans nos entreprises. Et cette ignominie d’être assimilés à François Hollande c’est à lui que nous le devons, non ! nous continuons d’être les héritiers de la gauche, nous n’en sommes pas les gestionnaires. Et maintenant il s’agit de projeter l’ambition à un autre niveau. Si nous ne faisons rien, en 2017, prochaine élection présidentielle, si François Hollande ne s’en va pas avant, comme il avait imaginé de le faire dès 2006, cela suffit l’hypocrisie qui consiste à dire je ne m’occupe pas des élections. En démocratie, on doit s’occuper des élections. Et c’est un devoir de penser à ce qui va se passer. Car le cycle de 5 ans est très court, il faut penser à ce qu’on va faire. Non seulement cela va être assez pénible de supporter cela encore 2 ans et demi, avec des gens qui se battent comme s’ils étaient seuls au monde, pour allonger l’âge de départ à la retraite. Alors Sarkozy avait dit 62 ans, François Hollande met cela à 66 ans, arrivent Monsieur Fillon, Juppé, tous les autres de l’UMP, encore plus loin. Et qu’est ce qu’ils ont comme idées à proposer à la France, encore plus de coupes budgétaires, c’est à dire la même chose. Il font entre eux une espèce d’escalade, pour savoir lequel va être le plus scrogneugneu, le plus coupeur de budgets, le plus coupeur d’avantages sociaux.

Que va-t-il se passer ? Alors il pourrait se passer ce qui s’est passé aux européennes. Ne voyant rien venir qui puisse changer le cours de la vie, une masse immense du peuple dise « nous nous en désintéressons ». Notre projet n’est pas de rassembler notre famille politique, mais de fédérer le plus grand nombre. Comment devons-nous faire ? Par quel bout commencer ? Le bout qui est le plus important est celui qui consiste à dire : prenez-le pouvoir ! On ne peut régler aucun des problèmes de notre temps sans la participation populaire de masse. Le régime de la monarchie présidentielle ne peut plus durer. C’est une aberration qui écarte de la scène politique des millions de personnes. Il faut reprendre le pouvoir pour décider ce qu’on fait de notre vie, de décider si oui ou non on supprime les communes, les départements, ce qu’on fait des régions, pour discuter des droits du peuple, c’est le moment de le faire. Est-ce que nous sommes vraiment tous égaux, est ce que vraiment nous avons un devoir de solidarité ou bien est ce que nous décidons que la règle de vie c’est chacun pour soi, comme l’impose le régime néo-libéral. Les français pourraient décider que c’est chacun pour soi, mais qu’on puisse avoir cette discussion, et qu’on puisse trancher. Pour ça il faut changer la règle du jeu, c’est à dire la constitution. Qu’on ne vienne pas nous dire que c’est une question trop technique, nous serions trop intellectuels, car ceux qui parlent méprisent tellement les gens qu’ils les prennent pour des buses. Ils pensent que les français ne comprennent pas les grands sujets. C’est le peuple le plus politique du monde que le peuple français, il comprend tout, il n’y a aucun sujet qui soit hors de sa portée. Il faut changer la règle du jeu, c’est le plus grand commun dénominateur que l’on peut avoir avec tous les français, le moment est venu de faire nous-mêmes ce qui a été fait sans cesse sans nous. La constitution de la Vème république, qui n’a plus de république que le nom a été changée 21 fois, dans les 18 dernières fois sans l’avis du peuple français. Il est temps de passer à une autre étape, où le peuple se saisissant de lui-même pour dire quels sont ses droits, quelle organisation des pouvoirs publics, devient le maître et le souverain dans sa propre patrie.

Voilà pourquoi nous avons changé notre dispositif, non parce que je serais dépressif, ou que Martine Billard en aurait marre de la tâche qu’elle accomplissait avec tant de brio, mais parce qu’il faut adapter sans cesse la forme de l’organisation à la forme du combat politique. Nous ne gérons pas une bureaucratie. Le PG est un instrument de combat, et ni elle ni moi n’avons de plan de carrière, c’est fait. C’est pas le sujet pour nous. Le sujet c’est sortir de la nasse, pas nous personnellement, sortir le pays de la nasse. La France doit mettre sa puissance, celle de son peuple éduqué, celle de ses moyens matériels gigantesques, au service des grands défis qui accablent la civilisation humaine. Ça va mal tourner si on laisse faire, ça va mal tourner en Europe, parce que le risque de la guerre généralisée existe, du fait de l’irresponsabilité de la politique agressive des Etats Unis d’Amérique qui ont étendu l’OTAN et son armada jusqu’aux frontières de la Russie et on s’étonne que celle-ci ne se laisse pas faire, provoquant une escalade qu’on avait pas connu du temps de l’URSS et qu’on est en train de connaître aujourd’hui depuis que parait-il c’est le paradis démocratique en Russie. Faut-il être stupide pour aller soutenir un gouvernement dans lequel il y a des nazis, c’est une aberration, ce n’est pas la politique de la France. La politique de la France, c’est de s’avancer sur la scène, de parler aux russes et de dire : quelles sont les conditions auxquelles vous seriez prêts à souscrire, du moment que votre sécurité serait garantie, pour que les peuples qui sont dans cette région du monde, eux aussi aient le droit à s’autodéterminer. C’est une discussion où l’on met la vérité sur la table. Quelle autre méthode que celle du dialogue. Contre la force et la violence, nous sommes pour le dialogue. Nous sommes contre la guerre, contre la violence, contre les néo-nazis dans les gouvernements de la même manière que nous sommes contre les gouvernements qui envahissent leurs voisins.

Où est passée la communauté internationale ? Où était-elle passée pendant qu’était martyrisée la population de Gaza ? Je veux dire mes félicitations à la jeunesse de ma patrie qui a su se mobiliser en défense des malheureuses victimes des crimes de guerre à Gaza. Ils l’ont fait avec une discipline parfaite alors que de tous les côtés on les poussait aux excès. Ils ont su se tenir dignes et incarner mieux que personne les valeurs fondatrices de la république française. Ces valeurs sont que nous sommes toujours du côté du faible et de l’humilié, parce que nos valeurs c’est : liberté, égalité, fraternité. Pas la paix aux uns et la guerre aux autres. Nous ne croyons pas aux peuples supérieurs aux autres. Nous croyons que les droits de tous les êtres humains sont égaux. Ceux qui ont incarnés la France républicaine, ce sont ceux qui défendaient la fidélité à la mémoire du passé, où déjà, nous avons vu des petites communautés humaines être massacrées, du seul fait de leur appartenance à une communauté. En fidélité à ces combats du passé, en fidélité au souvenir des meurtres de masse qui ont été commis, nous nous sommes portés aux avant-postes du soutien à cette malheureuse population. Et nous avons dénoncé les crimes commis contre elle. Et nous avons le cœur soulevé de dégout de voir des écoles bombardées, des hôpitaux détruits, des ports, des aéroports et tous les moyens qui permettraient à cette population de se redéployer. Oui, nous le dénonçons ! Nous n’avons peur de personne. N’essayez pas de nous faire baisser les yeux. Si nous avons quelque chose à dénoncer c’est ceux de nos compatriotes qui ont cru bon d’aller manifester devant l’ambassade d’un pays étranger ou d’aller servir sous ses couleurs les armes à la main. Si nous avons quelque chose à dénoncer, c’est cela. La France a un devoir de militer pour la paix. Elle doit s’engager de toute sa force pour la paix et non pas voter des blanc-seings à la violence et à la brutalité. Nous ne baisserons pas les yeux. Je voudrais dire au CRIF que ça commence à bien faire : le balayage avec rayons paralysants qui consiste à traiter tout le monde d’antisémites, dès qu’on a l’audace de critiquer l’action d’un gouvernement. Il y aurait donc un seul gouvernement au monde, qu’il soit de gauche ou d’extrême droite, qu’aucun de nous n’aurait le droit de critiquer, sans être aussitôt accusé de racisme. C’est insupportable, nous en avons assez ! J’en ai assez de voir que vous m’accusiez d’antisémitisme, que vous écriviez dans vos documents, que le Parti de Gauche aurait manifesté sa haine de l’Occident (s’il vous plait !), des juifs (incroyable !), mais vous savez qui est là, vous avez qui parle à cette tribune… La République c’est le contraire des communautés agressives qui font la leçon au reste du pays. La patrie est à égalité à tous ses membres, tous ses enfants. Nous ne permettrons pas, qu’à la faveur des excès de quelques énergumènes, tous les musulmans de France soient montrés du doigt. De la même manière que nous n’avons accepté que l’on montre du doigt les juifs, les catholiques, les protestants, ni surtout la masse de ceux qui n’ont aucune religion et qui demandent aux autres de bien vouloir leur fiche la paix un moment.

Pourquoi la France doit-elle se ressaisir ? Parce qu’on voit que la puissance dominante, les Etats Unis d’Amérique, qui ont des raisons très profondes de craindre le futur, c’est-à-dire le moment où le dollar cesserait d’être la monnaie de réserve universelle et que viendrait à se percer d’un seul coup la bulle de ces milliards de dollar qui circulent et qui servent aux transactions internationales. C’est de cela dont ils ont peur, et c’est pourquoi ils préféreraient la guerre généralisée à une paix qui viendrait à mettre en cause leur hégémonie et leur empire. Le dire ce n’est pas être belliqueux avec les belliqueux, contre les belliqueux, c’est dire la vérité de ce qui est en cours. Les Etats Unis sont préoccupés d’avoir vu surgir dans la zone où se produit le 25% de la richesse du monde, l’Europe, une monnaie commune qui pouvait contrebattre sa puissance. Ils en étaient là, cherchant à affaiblir l’économie européenne de toutes les manières possibles et ils y sont parvenus, y compris avec cette politique absurde de sanctions économiques contre la Russie, dont les premières victimes sont les pays européens. Ils pensaient par ce moyen intimider ces puissances émergentes que l’on voit dans le monde. Cet été, il s’est produit un grand événement, un très grand événement passé inaperçu. Le Brésil, l’Inde, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud qui représentent presque 50% du total de l’humanité et 28% de la richesse totale réelle, ont décidé de constituer l’équivalent du FMI ET DE LA Banque Mondiale. Ce jour-là les USA viennent de perdre deux des instruments les plus puissants que sont le FMI et la Banque Mondiale. C’est pourquoi le monde est en danger. Comment la grande puissance va-t-elle réagir ? Et nous nous devons plus que jamais être la France qui porte une parole de paix, d’égalité, une nouvelle alliance mondiale – altermondialiste – c’est-à-dire un autre ordre du monde, qui permette à notre pays de faire valoir ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire présent sur les cinq continents ou en tout cas dans les mers qui servent les cinq continents. Notre pays qui a sa plus longue frontière commune avec le Brésil et qui de toutes les façons possibles partage avec les Cinq davantage qu’avec les Etats Unis d’Amérique. Notamment la passion du futur, le goût de régler les problèmes du quotidien, mais par-dessus tout l’idée de l’égalité. Voilà ce que la France devrait être en train de faire à cette heure, une France indépendante et souveraine, qui n’est pas à la remorque des Etats Unis d’Amérique, où l’on ne voit pas son monarque qui décide tout seul, un mois après avoir été élu, d’aller signer à Chicago un texte inepte, où il donne à l’OTAN le système de la dissuasion nucléaire française et la démantèle. Mes amis, mes camarades, vous pensez ce que vous voulez de la dissuasion, mais la chose la plus incroyable n’est-il pas que le président de la République, en signant son accord pour qu’il y ait des batteries antimissiles nord-américaines en Europe, décide que dorénavant les français accepteraient des agressions partielles sans que la réplique soit totale. C’est la fin de la dissuasion. On en a pas parlé une seconde dans ce pays.

Il faut que j’aille à ce qui est le plus important : notre responsabilité d’être humain. Maintenant nous comprenons tragiquement que nous sommes tous semblables, puisque nous dépendons tous du même écosystème, le seul qui permet notre vie. Ainsi l’intuition du bien commun, du communisme, du socialisme qui dit c’est avec les autres qu’on se débrouille, du républicanisme qui dit c’est tous ensemble qu’il faut penser ce qui est bon, est confirmé. Mais il ne faudrait pas que ce soit confirmé avant le désastre total. Cette année, depuis le 19 août, il se trouve que notre terre est rentrée en dette écologique, dorénavant nous consommons et nous jetons plus que ce que la planète peut recycler ou reproduire. C’est une tragédie. L’arrivée du jour du remplacement est de plus en plus éloignée dans l’année : dans les années 1970 c’était à la mi-décembre, maintenant nous en sommes à la mi-aout. La conséquence, vous la voyez, ce productivisme effréné, c’est le dérèglement du climat. Cet été s’est tenu un congrès de météorologistes et que ceux-ci nous disent de la manière la plus claire qui est : dorénavant le changement climatique est commencé. Ce n’est pas une menace, quelque chose qui pourrait se produire, non, c’est quelque chose qui est commencé. Et les effets du changement climatique ne sont pas proportionnels au niveau du réchauffement, c’est-à-dire que les conséquences sont mille fois plus étendues que le degré de réchauffement. Chaque fois que l’atmosphère se réchauffe de 1 degré, l’évaporation progresse de 7 points. Cela signifie que le mouvement de l’eau vers l’air, puis de l’eau dans l’air vers l’eau s’accélère. Ce cycle s’accélère, provoquant des mouvements climatiques extrêmes. Ah ! ceux qui disent après nous le déluge ne croient pas si bien dire, il va beaucoup pleuvoir, lamentablement au même endroit, tandis que d’autres n’en verront plus la couleur. Nous sommes entrés dans ce cycle : il faut qu’on ouvre une issue. D’abord l’implication citoyenne : en 2015 il y aura un sommet sur le climat en France. Françaises, français, je vous appelle à vous impliquer dans les débats que les associations, les partis, les organisations vont lancer. Il faut prendre pleinement conscience de ce qui est en train de se faire. Nous ne pouvons pas agir si nous ne comprenons pas bien ce qui est en cause et pourquoi les événements pourraient être extrêmes. Cette réunion de météorologues dit qu’autrefois les marins croisaient de manière exceptionnelle des vagues de 20 mètres, aujourd’hui les marins croisent de façon moins exceptionnelle des vagues de 40 mètres. Des vagues, il y en a toujours eu, des tremblements de terres aussi, des tsunamis de même, mais autrefois les vagues passaient sur des cabanes de pêcheurs, dorénavant elles passent sur des centrales nucléaires. 75% de la population du monde habite à moins de 100 km d’une côte. Si la mer monte d’un mètre 40 comme on le prévoit d’ici à la fin du siècle dans les évaluations optimistes, cela signifie que 200 millions de personnes vont devoir se déplacer, sans oublier les installations qui vont avec. Voilà le défi qui est lancé à toute l’humanité. Et c’est là que vous voyez la classe dirigeante irresponsable que nous avons, à l’échelle du monde, comme à l’échelle de la France. A l’échelle du monde, que font-ils ? Rien ! Toutefois il y en a qui ont trouvé une bonne idée ; en entendant mon discours ils vont se dire, c’est pas mal ce que dit Mélenchon, on va acheter des actions dans les sociétés de parapluie. D’autres diront, si on vendait des bouées de sauvetage, ça serait pas mal ! Ce que je vais vous dire c’est presque aussi ridicule, l’élévation du niveau de la mer augmente la pression sur les fonds marins, cela déclenche la remontée de la glace qui s’y trouve et qui contient en quantité extrêmement importante des gaz à effet de serre, du méthane. Les glaçons remontent, ils flottent et ensuite ils fondent et le méthane émerge. Eh bien ! il y en a qui ont dit, il y a du méthane, on va le ramasser pour le vendre. Voilà ce qu’ils ont décidé. Et en Europe, qu’a-t-on décidé ? De tout reporter à 2030. Le reste cosmétique ! Et on a inventé les droits pollués, c’est-à-dire un trafic qui engendre toutes sortes de spéculations, qui consiste à vendre le droit de polluer. Et si on pollue moins, on a donc des droits qui consistent à vendre des droits de polluer plus. Irresponsabilité des classes dirigeantes !

C’est pourquoi le coup de balai dont nous avons parlé doit être ample, large, profond. Tous dehors ! Chassez les tous ! Ils sont bons à rien ! Ils ont mené l’économie à la catastrophe, la planète au désastre et regardez-les, à peine leur donne t’on quelque chose, qu’ils se le prennent pour eux ! La cupidité sans fin ! Quand vous tirez la langue parce que vos salaires diminuent, ils ont augmenté de 30% le leur. Regardez ceux qui vous disent sans arrêt, vous ne travaillez pas assez, il faut travailler plus longtemps. Ah bon ! vous voulez qu’on ait la productivité de la Grèce ? Combien de fois nous avons parlé de ces travailleurs allemands, si sérieux ? Combien de fois avons-nous comparé la France pour la traîner dans la boue, la montrer du doigt, toujours la France à la traîne, la lanterne rouge, le dernier wagon, toujours des mots méprisants pour le pays. Pourquoi ils font cela ? Pour vous briser les reins. Pour que vous doutiez de vous. Pour que vous disiez, on ne peut rien faire car on est déjà si mal. Non ! ce n’est pas vrai ! Mais eux ils se gavent plus que les autres. Le patronat du CAC 40 s’est gavé plus que ceux d’Allemagne et d’Angleterre. Alors nous commençons à nous dire que, puisque vous trouvez toujours des ouvriers qui coûtent moins chers, nous allons essayer de trouver des patrons qui nous coûtent moins chers. C’est trop ! C’est irresponsable ! Pourquoi ? Parce que cette masse d’argent qui est donnée à quelques-uns, qui en font des usages souvent déraisonnables. Comme de le placer dans des objets financiers tellement compliqués, qu’eux-mêmes ne savent plus ce qu’il y a dedans. Cette masse considérable de richesses qui est le résultat de l’activité de tant de monde, elle devrait pouvoir être affectée aux investissements pour changer le modèle de production. Pour faire la planification écologique, c’est-à-dire pour réorganiser la production et l’échange, dans des conditions telles que la dette écologique puisse être retardée dans l’année, jusqu’à ce que la capacité de la planète de se reconstituer, il faut des investissements considérables. Et il faut donc choisir où va l’argent. Ou bien dans la poche de quelques-uns, ou bien dans le bien commun. Et chaque fois qu’on investira ce sera du travail, de l’invention, de l’imagination. Et nous pourrons de cette façon-là concilier la relance de l’activité sans sombrer dans le productivisme. Faire exactement le contraire de ce que fait François Hollande qui donne 40 milliards à des gens qui n’en ont pas besoin, en leur disant produisez n’importe quoi, n’importe comment, n’importe où, du moment que c’est pas cher et que grâce à la publicité vous aurez créé des besoins bidons. C’est ça le productivisme.

Nous nous adressons aux jeunes qui ont la volonté de mettre leur immense imagination au service du pays, et à tous les autres, ingénieurs, techniciens, tous ces gens à qui nous pourrons dire, si le peuple le décide, et notamment s’il décide de l’inscrire dans la nouvelle constitution que la règle verte est dorénavant la règle des français. On ne produit plus rien qui ne permette pas à la nature de reconstituer ce qu’on lui aura pris. Les techniciens de notre pays sont capables d’inventer les machines, les procès de production qui permettent de tenir cet objectif. Ils ont relevé tous les défis techniques, par conséquent c’est à leur imagination que nous nous adressons. Le patronat cupide du CAC 40 qui a amené le pays dans l’état où il est, nous ne le confondons pas avec ces milliers de gens à qui l’on a dit, parce qu’ils étaient auto-entrepreneurs (c’est-à-dire auto-esclaves), qu’ils seraient des patrons. Nous ne les confondons pas avec ces équipes d’artisans, ces petits chefs d’entreprise, nous savons très bien que ce n’est pas la même chose. Mais que comme d’habitude, comme dans le monde paysan, les gros se cachent derrière les petits, c’est souvent comme cela dans la vie.

Le discours que je suis en train de faire, vous permet de voir comment, si nous changions la règle du jeu, en changeant la constitution, plus personne n’aurait ce droit magique d’en faire qu’à sa tête pendant 5 ans, en méprisant tout le monde, y compris sa propre majorité. Deuxièmement si celui que vous aurez désigné à telle ou telle fonction, se croyait autorisé à faire ce qui lui passe par la tête, vous pourriez le sanctionner en faisant, comme c’est le cas au Venezuela et dans plusieurs pays d’Amérique latine, des referendums révocatoires. Au lieu d’attendre pour savoir si François Hollande a suffisamment été démenti par les votes populaires, vous en auriez l’initiative. Cela vaudrait aussi pour le maire, le député, les sénateurs. Pour tout pouvoir qui vient du peuple, il faut concilier la stabilité des institutions – il faut qu’il y en ait, car la démocratie c’est le débat ce n’est pas l’AG permanente – c’est une organisation qui doit déboucher sur la mise en œuvre des décisions. Mais en même temps il faut que la capacité d’intervention révolutionnaire du peuple soit préservée à tout moment. Le referendum révocatoire c’est le fait que lorsque tant de % des électeurs inscrits en marquant leur numéro le demandent, un referendum révocatoire est convoqué et décide si celui ou celle à qui la demande est adressée doit garder sa fonction ou non. Voilà une idée parmi bien d’autres qui montre qu’on peut parfaitement concilier de manière responsable et sérieuse, les initiatives populaires et la stabilité des institutions.

De la même manière il faut dire dans l’entreprise, pourquoi certains ont tous les droits et d’autres aucun ? Pourquoi Alsthom peut être dépecé et vendu ? Alcatel, quasi mis dans la main de Goldman Sachs ? Et combien d’autres entreprises qui mettent en cause l’indépendance technique de la France ? Et même son indépendance militaire, quand on voit que ce gouvernement a vendu les actions de la société qui produit le char Leclerc – vous pensez ce que vous voulez du char Leclerc – mais moi je préfère décider quand on en produit, ou quand on en produit pas, plutôt que d’y mettre des actionnaires privés, comme ça vient d’être décidé, notamment une famille de capitalistes allemand (il fallait y penser), qui maintenant va avoir intérêt à vendre des chars. Car quand c’est la propriété de l’Etat, figurez-vous qu’on est plus mesuré dans leur usage. D’abord parce que cela coûte à tout le monde. Donc la défense nationale et ses instruments doivent appartenir à la patrie et au peuple, et à personne d’autre. On ne peut pas faire un commerce privé des armes et de la mort.

Pourquoi tout cela est-il possible, sans que jamais le peuple ait son mot à dire ? Etes-vous d’accord pour qu’on vende le câble qui permet de faire les liaisons internet, comme cela est en train de se faire, parce qu’Alcatel a déposé 27000 brevets à Goldman Sachs en garantie d’un emprunt d’1,5 milliards que l’Etat aurait dû consentir, car elle vient d’entreprises qui avait été nationalisées auparavant et qui sont donc le fruit du travail des français, des ingénieurs, de leurs chercheurs, de leurs travailleurs, qui n’appartiennent pas à cette petite caste qui fait de l’argent avec tout et qui finira par vider notre pays de toute sa capacité de production et d’invention. Voilà mes amis, ce qui ne peut plus durer. Et voilà pourquoi quand on change la règle du jeu, c’est-à-dire la constitution, on élit une assemblée constituante. Le travail achevé, ceux qui la composeront , rentreront à la maison.

Alors comment va-t-on s’y prendre ? On voit bien que ce n’est pas une affaire de parti. C’est-à-dire une occasion dont se saisirait le parti de gauche pour s’emparer d’un thème. Nous savons que nombreux sont ceux qui pensent comme nous, qu’il faut une 6ème république. Celle-ci est un bricolage inepte. Qu’on soit pour que le parlement ait tous les pouvoirs, ou que le président y garde un certain nombre de prérogatives, nous avons une chose en commun. C’est nécessaire. Je ne dis pas que toute l’activité politique doive se résumer à la bataille pour la constituante, mais c’est une bataille révolutionnaire centrale. Quelle tâche plus révolutionnaire existe que celle de vouloir changer de fond en comble les institutions et l’énoncé des droits du peuple. C’est pourquoi je pense que nombreux seront ceux qui voudront s’associer dans ce combat. C’est pourquoi après avoir longuement discuté avec les camarades du PG, qui voyaient bien quels inconvénients il y a pour notre parti à changer notre dispositif. Ils préféreraient que je reste le co-président. Néanmoins je ne serais pas, nous ne serions pas à la hauteur du moment politique si nous ne nous avancions pas. Il faut fédérer le peuple. Il faut mettre en débat, en mouvement le peuple, c’est-à-dire je ne vous propose pas d’organiser des colloques sur la 6ème république. IL y en aura. Mais nous allons faire plus. Nous allons nous inspirer des méthodes de travail de nos camarades espagnols. C’est au peuple lui-même qu’on va demander de faire le travail. Pendant quelque temps chacun mettra dans sa poche sa carte de parti, auquel il est légitimement fier d’appartenir et se projettera dans un mouvement plus grand que nous tous, dans un mouvement où il n’y aura pas de président, qui pourrait avoir un comité d’initiative et qui ensuite se propagerait dans tout le pays. Où tous ceux qui le voudraient pourraient s’associer, directement, personnellement et s’impliquer.

On me dit, c’est une façon que vous avez trouvé de parler de 2017 ! Oui ! En 2017, ce ne sera pas une élection, ce sera une insurrection. Et nous allons y travailler. Et comme nous avons vu que le cratère pouvait s’ouvrir du mauvais côté du volcan, nous allons travailler à ce que l’énergie passe du bon côté. Et après, le peuple français décidera. Et puis, oui ! nous avons un candidat, la 6ème république. Sur cette base on peut s’entendre. J’avais dit dans la dernière campagne qu’on le ferait. J’ai pas été élu. Il s’en est fallu de pas beaucoup… (rires dans la salle) Oui, mais attendez les amis, vous étiez déçus car vous n’en reveniez pas qu’on fasse seulement 4 millions de voix. Au début je me disais, ils sont fous, qu’est ce qui leur prend. Mais non, c’est vous qui avez raison, c’est comme ça qu’il faut voir la vie, il faut aller de l’avant. Et je me dis regardez, en 2002, vous vous souvenez, le jour de l’année de naissance du vote utile, la dernière fois c’était Chirac ou l’extrême droite, la prochaine fois ça va être l’extrême droite ou la quasi extrême droite. Monsieur Hollande pense qu’il va se faufiler là au milieu. Je reviens sur 2002. L’extrême droite a été présente au deuxième tour avec combien de voix à votre avis ? 4,8 millions. Nous on a déjà trouvé les 4 premiers millions. Il faut être capable de les fédérer de nouveau, et combien d’autres en plus. Je vous parle avec le plus grand sérieux. Si nous n’agissons pas, si nous ne nous mettons pas en mouvement, vous ne pourrez pas dire, je ne sais pas. Nous autres qui sommes dans cette salle, nous parlons aux dizaines de milliers qui sont en train de nous écouter. Et nous leur disons, nous marchons devant, nous ouvrons la voix, nous prenons toutes les peines, « nous vous épuiserons », comme disait Jaurès, par notre dévouement. Mais mettez-vous en mouvement, occupez-vous en, saisissez-vous de cette situation, sinon, alors en France on roulera vers le pire, comme c’est en train de se dessiner en Europe. Cette situation n’a rien d’inéluctable, nous pouvons la retourner, les jours heureux sont à portée de main du fait de notre immense capacité à imaginer, à inventer…

Vous êtes à Grenoble, il n’y a pas meilleur endroit pour parler de cela. Ici la révolution a commencé un an avant 1789. En 1788, le peuple est monté sur les toits pour empêcher les gardes du roi de disperser les élus du parlement, qui avaient auparavant fait fusionner les ordres. Tout cela aura lieu un an après. Et les députés qui étaient là, comme d’aucuns que je connais et que je ne veux pas nommer, quand le roi a dit « tout cela ça suffit, maintenant on rentre à la maison », ils s’en sentait pas trop d’aller affronter la troupe. C’est le peuple qui en montant sur les toits jette des tuiles sur la troupe et aussi fait un signe aux députés en leur disant qu’ils avaient intérêt à continuer ce pour quoi vous êtes là et pas vous sauver. Je ne vous invite pas à monter sur les toits pour jeter des tuiles, mais c’est un exemple à méditer.

Au demeurant, c’est ici qu’a été la capitale de la résistance armée des français contre les allemands et les nazis. 4000 hommes et femmes sur le plateau voisin. Toute l’armée allemande s’était concentrée pour exterminer les nôtres et la bataille a été rude avec des gens, pour une bonne part, quasi-désarmés, en face d’une armée suréquipée. Les nazis prirent en otage la population qui était rendue responsable et pilonnèrent les villages, massacrant la population, comme le font chaque fois les très puissants qui se sentent les mains libres. Mais la résistance inébranlable a tenu le choc. Et Grenoble s’est libérée par elle-même. Ce sont les résistants francs-tireurs et partisans qui ont libéré Grenoble. C’est vrai qu’ils ont eu l’appui du premier régiment de parachutistes qui avait été créé en Afrique du Nord.

Grenoble est restée fidèle à cette tradition et dans les années 1960, c’est ici qu’on a inventé une autre façon de vivre en ville, une autre manière de répartir, une autre manière de faire vivre le lien de la population au pouvoir local. Dois-je prolonger le trait, oui ! C’est ici à Grenoble qu’une nouvelle page de la gauche a été ouverte. Une gauche, un mouvement citoyen puissant s’est levé ; regardez les détails. Au premier tour, on était pas si bien placés dans les quartiers populaires. Et puis nos amis font leur beau résultat. Et voilà le moment de bonheur, soudain de partout ceux qui ne s’intéressaient plus à rien, dont on disait qu’ils ne comprenaient rien, que rien ne les intéresse ; ce n’est pas vrai. Ils se sont dits, on a vu la faille, on passe. Ils venaient pas centaines au local, demander tout, un tract, une affiche, un autocollant, un foulard, quelque chose… Qu’est-ce que je peux faire, demandaient-ils à nos camarades ? Et nos amis de dire, nous distribuons des tracts, nous faisons du porte à porte, et là soudain le feu a pris de tous les côtés. Des milliers de braves gens ont montré en quelques heures qu’ils avaient tout compris, tout suivi, tout entendu, et qu’ils voulaient en être. Voici la glorieuse révolution citoyenne à laquelle j’espère que les français vont se décider. Français, françaises, ils n’ont pas d’autre issue que celle-là, sinon une souffrance interminable et sans objet. Car la dette en Europe ne sera pas remboursée, jamais, je vous le dis pour la raison suivante, elle est inremboursable. Il y faudrait plusieurs générations. Les gens souffrent pour rien. Leur énergie serait plus utilement appliquée à produire autrement, autre chose. A Grenoble, alors que tous les états-majors s’étaient conjurés contre l’araignée rouge, vous savez qu’ils sont très élégants dans les rapports avec les personnes. Moi vous connaissez le sort auquel je suis soumis, l’adjectif auquel j’ai droit. Mais alors les femmes, c’est deux fois pire. Elle, Elisa Martin, c’était l’araignée rouge. Piolle, c’était une sorte de bolchévik déguisé en vert, à moins que ce soit un agent des paradis fiscaux. Et, naviguant d’une calomnie à l’autre, d’une caricature à l’autre, à quoi sont-ils arrivés les uns et les autres, à rien. J’ai noté que ceux qui nous faisaient des leçons de regroupement pour le second tour ne se sont pas regroupés. Eh bien ! nous nous sommes passés d’eux. Et vous avez vu que nous l’avons emporté de cette façon. Non pas en rassemblant la gauche, c’eut été totalement piteux, mais en fédérant le peuple. Grenoble a apporté la démonstration concrète de ce que cela veut dire : des citoyens politisés qui se mettent au service du pays et de leurs semblables pour prendre le pouvoir ensemble. C’est cette tâche que je vous propose. Nous ne sommes pas résignés. Nous ne coulerons pas avec François Hollande. La France républicaine, l’idéal républicain et progressiste ne sera pas enterré avec François Hollande et sa bande de copains de promotion, ni avec les occupants lamentables de la rue de Solferino, ni avec aucun de ceux qui nous injurient au lieu d’essayer de répondre et de penser aux signaux d’alarme que nous leur envoyons. Comme nos camarades de Podemos, nous faisons nôtres une formule qui dorénavant est notre ligne stratégique : nous avons bien compris le message des élections européennes et municipales, message qui vient du peuple, qui en a par-dessus la tête du système, de la caste, de l’oligarchie. Et ce peuple nous a dit : le système n’a pas peur de la gauche, car elle lui mange dans la main, le système a peur du peuple. Et c’est pourquoi nous décidons de mettre le peuple en mouvement.


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