Grand Marché Transtlantique, rien n’est joué

samedi 25 octobre 2014.
 

Pendant que la Commission européenne fait les gros yeux à la France, et focalise à juste raison l’attention sur le projet de budget, les négociations commerciales sur le Grand marché transatlantique (GMT) s’accélèrent et entrent en phase conclusive dans une opacité totale. De cela il n’est guère question. Le mandat de négociations vient d’être rendu public, plus exactement accessible dans un bureau sécurisé du Parlement européen pour empêcher toute diffusion par les quelques parlementaires qui pourront seulement le toucher. C’est dire que nous sommes à la fin des négociations.

Concernant le Canada, l’accord CETA qui anticipe sur le GMT ou TAFTA est déjà écrit et doit être soumis à ratification dans les prochaines semaines. La France aurait les moyens de résister. Nous ne serions pas seuls. Les Allemands ont fait connaître leurs réticences vis-à-vis du mécanisme d’arbitrage qui donne aux entreprises le pouvoir de faire condamner les lois nationales devant des juridictions privées. La commissaire européenne Malmström se débat dans la complexité du dossier et n’exclut pas qu’il faille une ratification État par État ce qui donnerait beaucoup de chance d’avoir la peau de cet accord. Mais la France ne dit rien. Elle est prisonnière du dogme de la compétitivité : il faut vendre à tout prix sur les marchés étrangers. Alors l’accord peut passer sur le fil.

C’est dire la cohérence idéologique qui existe dorénavant entre la Commission européenne et le Gouvernement français. Hollande est persuadé que la Commission peut nous ouvrir des marchés en utilisant les ficelles du libre-échangisme. Les conséquences politiques et civilisationnelles quand il est question par exemple de la souveraineté des États ou du prix des médicaments ne lui importent guère. C’est un épicier qui préside la République, la Ve.

Par ailleurs, on retrouve l’alignement de Hollande sur les thèses étasuniennes. Il est persuadé comme Obama que l’intégration du « bloc occidental » redonnera de la compétitivité au Vieux continent. C’est l’épicier le plus atlantiste que la Ve ait connu. En témoignent ses aventures guerrières. En nous opposant au GMT nous resituons le commerce comme une question politique. L’intérêt général n’est pas soluble dans les eaux glacées du calcul commercial. Vieille idée, mais devenue vitale à l’heure où le libre-échange prétend réorganiser les sociétés humaines.


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