Cazeneuve doit démissionner

jeudi 6 novembre 2014.
 

Au moment où j’écris ces lignes, nul ne sait comment se propagera l’onde de choc de l’indignation provoquée par la mort de Rémi Fraisse dans la manifestation devant le barrage du Testet. Nous avons demandé la démission du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Nous ne faisons pas souvent ce genre de demande. En tous cas pas avec l’intensité avec laquelle Harlem Désir le faisait lorsqu’il était Premier secrétaire du parti socialiste. Aussitôt, le ministre de l’Intérieur déclare à notre sujet que nous « chassons en meute ». Cela parce que sur l’ensemble des médias où nous sommes intervenus, mes amis du PG et moi, nous avons demandé cette démission. Pourquoi nous comparer à des chiens et à une meute ? Nous sommes simplement des militants organisés pour agir ensemble sur les mêmes objectifs.

Les caciques du PS ont décidément changé de camp et leur vocabulaire en témoigne. Car aurait-on imaginé qu’un héritier de Jean Jaurès dans le Tarn aille dire qu’il est stupide de mourir pour des idées comme l’a fait le président du Conseil général du Tarn ? Ou que le président du Conseil général du Jura, après avoir lui-même demandé que Valls démissionne, se risque à dire que notre proposition de referendum révocatoire est « digne de madame Le Pen » ? Bien sûr, c’est panique à bord, et ces gens parlent dans l’affolement après avoir espéré que le silence leur permettrait de passer entre les gouttes. Gonflés de contrition autour du cadavre de Christophe de Margerie (sans une fleur pour les autres passagers de l’avion), leur silence et inaction devant la mort de Rémi Fraisse laisse pantois tant elle est caricaturale !

Pourquoi Cazeneuve doit-il démissionner ? La question devrait être renversée. Sinon quoi ? Quelle est cette façon de se défausser sur le gendarme mobile qui a fait de son arme un usage aux conséquences si disproportionnées ? S’agit-il d’une bataille privée entre manifestants et gendarmes ? Bien-sûr que non ! Le ministre doit s’en aller car il doit assumer devant la société la responsabilité de la mort du manifestant.

Car c’est l’échec suprême de la tâche de maintien de l’ordre dans une démocratie pacifique, quand une opération de police aussi banale tourne à l’opération militaire. Rappelons qu’un gouvernement démocratique n’est pas en guerre contre ses citoyens ! Il est vain d’arguer la violence de certains manifestants pour renvoyer tout le monde dos à dos. Le maintien de l’ordre, la protection des biens et des personnes est prévue pour se faire pacifiquement et dans certaines règles quelle que soit la situation. C’est d’ailleurs ce qui explique les équipements incroyables dont disposent les équipes de garde mobile et CRS. C’est donc tout un que le métier en question et ses méthodes de travail en République. Je renvoie au blog de mon camarade Corbière car il rend bien compte des antécédents en la matière.

Refuser de prendre la responsabilité de la situation c’est pousser les manifestants à se retourner contre les gendarmes et les policiers comme responsables de la situation et de la mort du jeune homme. Pourtant même si la responsabilité personnelle de celui qui a fait ce tir est décisive, ce n’est pas sous cet angle que s’apprécie la situation. La responsabilité est toute entière dans les mains de celui qui a pris les décisions et non dans celles de ceux qui les ont exécutées.

Naturellement personne n’a voulu la mort du manifestant, nous le savons. Mais c’est justement pourquoi il faut se demander pourquoi il est mort si personne ne voulait cela. C’est donc bien une faute d’évaluation de la situation et des moyens mis en œuvre. Tout autre raisonnement produit pour dégager la responsabilité du ministre va conduire à une escalade aux conséquences imprévisibles. Ou alors il faut admettre qu’au lieu d’obéir, les effectifs engagés doivent se mettre à débattre, à discuter les consignes et à auto évaluer la situation et le contexte. Qui peut vouloir que les forces de l’ordre décident d’elles mêmes de l’usage de la force ?


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