François Hollande au Canada a rabougri la France

mercredi 12 novembre 2014.
 

Il a commencé cette visite d’État au Canada par la province de l’Alberta dimanche 2 novembre. C’est l’une des provinces les plus à l’ouest du pays. Il est assez curieux que le président de la République française ait choisi de se rendre d’abord dans une province anglophone. Surtout en ne rendant visite aux 6 millions de francophones du Québec qu’à la fin de sa visite d’État de trois jours. Mais passons. Hollande ne connaît pas l’Histoire et ne s’y intéresse pas. La francophonie aux Amériques, à ses yeux, c’est sûrement juste du folklore. Mais il y a pire, on le sait. C’est la première fois que les Français ont honte de leur représentant quand il est à l’étranger. Car en Alberta, François Hollande a vanté l’exploitation du pétrole comme un pauvre petit commis de service. « Je souhaite que la France puisse continuer à mettre en valeur les immenses richesses du Nord-Ouest canadien, que ce soit dans les techniques d’exploitation, de transformation, d’acheminement des hydrocarbures ou que ce soit dans la construction d’infrastructures ». La France ? Total, c’est la France ? Des propos irresponsables. Certes, grâce à ce gisement, le Canada est devenu la troisième réserve mondiale de pétrole derrière le Venezuela et l’Arabie Saoudite ! Deux millions de barils de pétrole sont produits chaque jour dans la région. Mais c’est un des pétroles les plus sales du monde ! Pourquoi ? Parce qu’il se présente comme une sorte de pâte visqueuse mêlant pétrole et sable. Or, pour séparer le pétrole du sable, il faut des quantités énormes d’eau et de produits chimiques dans des bassins de décantation. Mais ce n’est pas tout. Les conditions même d’exploitation du pétrole de l’Alberta sont une catastrophe écologique. Pour récupérer ce bitume, les pétroliers ont littéralement dévasté une immense zone géographique. Les opérations de déforestation ont ainsi décimé une partie de la forêt boréale.

Cette visite est une faute. Elle est intervenue le jour où le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat remettait un nouveau rapport encore plus alarmant que les précédents ! C’est le rapport le plus complet depuis 2007. Que dit le GIEC ? Que le changement climatique a commencé et que si nous n’agissons pas, il aura des conséquences « graves, étendues et irréversibles ». Que les niveaux de concentrations de gaz à effets de serre dans l’atmosphère ont atteint des niveaux record depuis 800 000 ans. Que la température moyenne à la surface de la Terre et des océans augmente de manière inédite dans l’histoire : +0,85°C depuis 1880 ! Que, « nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2 °C ne disparaisse ». Que pour atteindre cet objectif, il faut réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 50 à 70% d’ici 2050 et les faire disparaître totalement d’ici 2100. Que pour cela, il faut en particulier se passer des énergies fossiles, dont le pétrole et stopper la déforestation. C’est-à-dire tout le contraire de ce qu’a encouragé François Hollande au Canada ! Et pendant ce temps, Laurent Fabius et Ségolène Royal versaient des larmes de crocodile à Paris sur le rapport du GIEC.

Le signal envoyé par François Hollande est désastreux ! En effet, notre pays accueillera en décembre 2015, la Conférence climat de l’ONU. Des dizaines de chefs d’Etats et de gouvernement vont se presser au Bourget. Pour cette COP21, la 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques. L’objectif affiché est d’arriver à un accord international sur la lutte contre le changement climatique pour prendre la suite du protocole de Kyoto qui arrive à échéance en 2020. Au Canada, François Hollande affrontait un des points durs de la négociation sur le climat. Le Canada a décidé de se retirer du protocole de Kyoto en 2011, notamment pour pouvoir exploiter et consommer plus facilement son pétrole des sables bitumineux. En octobre dernier, le Premier ministre canadien Stephen Harper a même refusé de rencontrer l’envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète, Nicolas Hulot. En vantant le pétrole canadien, Hollande a rendu les armes avant même d’engager la bataille. Il s’est tiré une balle dans le pied avant sa conférence de l’an prochain. Tant pis pour lui. Le drame est qu’il ait agi contre l’intérêt général humain. Et au nom de la France.


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