Les entreprises françaises victimes d’une vague d’escroqueries venue d’Israël

vendredi 21 novembre 2014.
 

Notre « meilleur allié » a l’ingratitude de s’en prendre aux entreprises françaises : après le viol vocal qui a fait des victimes, mais reste impuni, le journal Le Monde révèle les graves conséquences, voire les drames humains et financiers, qui découlent d’escroqueries sur des centaines d’entreprises françaises !

"C’est une spécialité franco-israélienne : l’escroquerie aux « faux ordres de virement internationaux », ou « Fovi ». Les cibles sont pour la plupart des entreprises françaises ou francophones, dont plusieurs grands noms du CAC40. Ses auteurs, qui ont la double nationalité, opèrent en toute impunité depuis les villes côtières de Netanya, Ashdod ou Herzliya, surnommée la « Silicon Valley israélienne ».

"Ces équipes de « braqueurs dématérialisés » ont fait leurs armes dans les arnaques aux encarts publicitaires, la fraude à la TVA ou à la taxe carbone. Au fil des années, ils ont affûté leur maîtrise de l’informatique pour déjouer les systèmes de sécurité. Né il y a une dizaine d’années, le phénomène, pourtant largement documenté, a explosé depuis quatre ans pour atteindre une intensité inégalée cette année, avec plusieurs tentatives par semaine. Depuis fin 2010, 700 entreprises françaises ont porté plainte, pour un préjudice estimé à 300 millions d’euros."

Mais, indique Le reportage du monde, la plupart des entreprises escroquées n’osent pas porter plainte, et les sommes d’argent réellement détournées sont nettement plus considérables.

Exemple donné par Le Monde :

"Le 14 mars 2013, Mme C. a reçu un mail inhabituel. Il était 10 h 15. Comptable chez un grand négociant en vin de Bourgogne, elle découvre, surprise et flattée, que son patron compte sur sa « discrétion » pour une importante opération financière. C’est la première fois que cette jeune femme de 35 ans échange par courriel avec son employeur, dont le bureau se trouve à quelques mètres du sien. Le caractère exceptionnel du message, se dit-elle, justifie ce moyen de communication inédit, bien qu’il soit truffé de fautes d’orthographe :

« Je vous ai choisi pour votre discrétion incontestable et votre travail irréprochable aux seins de notre entreprise et dans votre groupe de travail. Nous effectuons en ce moment une opération financière. Cette opération doit rester confidentielle jusqu’à son annonce à l’Autorité des marchés financiers et dans le cadre d’un strict confinement voulu aux seins de la direction du groupe. »

Le courriel poursuit ainsi : « L’annonce publique aura lieu avec la présence de toute l’administration le 22 mars 2013. Veuillez prendre contact avec notre cabinet Me Botin [suit une adresse mail] pour ma remise des coordonnées bancaires afin d’effectuer le virement immédiatement de la facture en pièce jointe. Merci de votre entière discrétion. »

Mme C. ne s’en est pas aperçue, mais l’adresse de son patron a été contrefaite. Son interlocuteur n’est pas dans le bureau d’à côté : il est en Israël. La comptable est sur le point de se laisser embarquer dans une incroyable escroquerie qui coûtera plus d’un million d’euros à son entreprise. Et elle est loin d’être un cas isolé. Avant elle, des centaines d’entreprises ont été victimes du même procédé.

Quelques minutes plus tard, elle reçoit un appel de Me Botin depuis un numéro de téléphone acheté sur une plateforme de dématérialisation, qui permet d’afficher l’indicatif désiré. Le faux avocat lui reproche d’un ton péremptoire de ne pas avoir respecté les instructions. Ce coup de poker des escrocs, qui avaient anticipé sa réaction, achèvera de refermer le piège.

A 10 h 54, Me Botin lui fait parvenir par mail une facture de 395 700 euros au nom de la société suisse Libo Diamond and Jewellery LTD, accompagnée d’un RIB de la Liechtensteinische Landesbank de Genève. La comptable édite l’ordre de virement et en réfère au faux PDG : « Je viens juste de terminer, mais il me faut une signature écrite au-dessus du tampon pour que je puisse le valider par fax à la banque. Je le mets dans votre casier. Je le récupère quand vous l’aurez signé », écrit-elle. « Surtout pas, répond l’escroc avec un art tout personnel de la conjugaison : vous le scanner, vous le tamponner et vous me l’envoyer par mail de suite, merci. »

A 13 heures, Mme C. envoie l’ordre de virement à la banque. « Je vous félicite pour votre dévouement et votre discrétion », la complimente l’escroc. Dans les jours qui suivent, quatre nouveaux virements, d’un montant total de 3,5 millions d’euros, seront effectués. Seuls les deux premiers seront décaissés, pour un préjudice d’un million d’euros. Les suivants seront bloqués à temps, un cadre de l’entreprise ayant fini par déceler la supercherie.

Ces escroqueries ont aussi un coût humain très lourd, avec des licenciements à la clé, et parfois des drames. Depuis cette folle semaine, Mme C. est en arrêt maladie pour dépression. Cette mère de deux enfants a confié à ses collègues s’être sentie « humiliée » et « violée ».

Pendant les six jours de l’escroquerie, elle n’en avait pas touché un mot à son patron. Elle s’en était en revanche ouverte à son directeur financier, Monsieur B., qui ne s’en était pas alarmé. Le cadre de 57 ans, dévoué à son entreprise depuis plus de trente ans, n’est jamais retourné travailler après l’escroquerie. Le 2 juin, il a annoncé à sa femme qu’il sortait acheter du vin. Il a poussé un peu plus loin et s’est jeté d’un pont.


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