Autogestion du logement : Les Castors

mardi 16 décembre 2014.
 

Le mouvement « Castor » d’autoconstruction et d’autogestion de logements a inspiré une quarantaine de projets en France, avec notamment la Cité des Castors érigée à Pessac au lendemain de la seconde guerre mondiale, mêlant maisons individuelles loties et vie collective intense.

Les Castors sont les héritiers des cottages sociaux de l’entre deux guerres et une réponse militante à la crise du logement qui suit la seconde guerre mondiale. Travailleurs de l’agglomération bordelaise influencés par les syndicats et partis de gauche dont les JOC, ils suivent Etienne Damoran, prêtre ouvrier, qui leur propose de se prendre en main pour construire leurs logements.

Constitués en Comité Ouvrier de Logement (COL) en 1948, ils achètent un terrain grâce à un prêt obtenu en faisant reconnaître en mai 1949 par le ministre de la reconstruction et de l’urbanisme Claudius Petit leur « apport travail » : les 150 hommes s’engagent à travailler 24 heures par mois ainsi que 15 jours par an afin de garantir l’emprunt (au total, cela représente plus de 1500 heures de travail par Castor, soit plus d’un an de travail). Cette innovation sera ensuite inscrite dans la législation sociale HLM (circulaire du 12/09/1952).

Les travaux nécessiteront de défricher, de creuser et couler les fondations, de tracer les routes et de construire 150 pavillons individuels, à coût réduit et avec un confort supérieur (salle de bain, cuisine, chai), à une époque où l’insalubrité était la règle. De plus, les Castors construisent un château d’eau et un réseau d’assainissement (égouts, écoulement des eaux pluviales).

De nombreux problèmes d’organisation sont rencontrés au quotidien pour organiser et répartir le travail. Les Castors mettent en place des règles strictes pour que le nombre d’hommes reste égal à 150 et que le chantier avance malgré un turnover important (90 Castors remplacés un ou plusieurs fois sur les 150) : cahier de garde, décompte des heures de travail, lettres de remontrance,.

La vie collective du chantier se prolonge dans une vie commune riche d’entraide, de coopération et d’implication dans la vie de la cité. Des événements culturels et services autogérés sont mis en place : épicerie coopérative, troupe de théâtre, ciné club, bibliothèque, gestion de l’eau.

De nombreux autres groupements de Castors se créent également au niveau national, fédérés par des instances telles que l’UNC ou la CFUC.

Après le milieu des années 1950 et les constructions de grands ensembles, les politiques publiques favorisent l’habitat collectif en location. Le mouvement Castor se tourne alors vers le logement individuel. Puis la loi Chalandon de 1971 supprime la circulaire permettant la reconnaissance de l’apport travail et le statut de locataire coopérateur.

Aujourd’hui, de telles expériences d’autoconstruction semblent plus difficiles, notamment à cause de la disparition de l’apport travail, du développement des normes de construction, ou de l’accès au foncier dans les grandes agglomérations. Le gouvernement socialiste a cependant réintroduit des dispositions favorables à l’habitat participatif (loi ALUR), dont l’effet sur le terrain reste à évaluer.

Aurélien

LIENS

http://www.cites-castors.com

http://castorsrhonealpes.fr/index.p...

film « L’utopie de Pessac », Bertineau, 2011.


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