Sommet des peuples à Lima : Premier et deuxième jour

vendredi 12 décembre 2014.
 

C’est au Parque de la Exposicion, dans le centre de Lima à quelques pas du lieu de la COP20 officielle que les organisations et mouvements écologistes péruviens et latino-américains ont donné rendez-vous pour ce « Sommet des peuples » (Cumbre de los pueblos en Espagnol). Le mot d’ordre est clair : changeons le système, pas le climat. Les négociations climatiques qui ont lieu lors de cette COP 20 ne prennent pas suffisamment en compte la voix des peuples, et le lobby des multinationales spécialisées en Greenwashing y est tout puissant.

Parmi les organisateurs, beaucoup de mes ami-e-s et connaissances péruvien-es, tous engagés pour changer ce système capitaliste et libéral, qui maintient leur pays dominé par les multinationales des pays développés, qui colonisent et exploitent les richesses et les ressources nationales au profit de la minorité oligarchique qui domine cette économie monde. Ce sommet des peuples est volontairement ouvert et libre à la participation, aux échanges et à la confrontation des idées. Mais les participants, qu’ils proviennent d’organisations politiques et sociales locales, ou qu’ils viennent de délégations internationales diverses, ont tous compris que la sortie par le haut de la crise écologique est le changement du mode de production prédateur qui exploite l’Homme, les peuples, et le seul écosystème permettant la vie humaine.

Les mêmes principes, les mêmes mots d’ordre de la société civile qui était réunie à Margarita au Venezuela en Novembre sont présents lors de ce sommet des peuples. Il est nécessaire de remettre la démocratie au cœur des négociations climatiques, et de prendre en compte les intérêts des peuples, quand les groupes de pression et d’intérêt privés ont pris une place grandissante depuis des années dans les négociations climatiques.

Ce premier jour de ce sommet des peuples fut l’occasion de retrouvailles, avec les ami-e-s et camarades qui avec qui nous avions monté la campagne des élections consulaires pour les francais-es du Pérou, Au Pérou l’Humain d’Abord. Tous présents, engagés de diverses manières, pour soutenir ce mouvement de convergence des luttes écologiques et sociales, et proposer une alternative concrète et cohérente aux fausses solutions qui émergent depuis quelques années dans les négociations climatiques (en particulier le marché carbone qui a déjà démontré toute son inefficacité au sein de l’Union Européenne).

La journée s’est conclue par une ouverture du sommet des peuples dans un amphithéâtre en plein air contenant près de 4000 personnes. C’est un événement assez extraordinaire à Lima. Les stands et les allées du Parque de la Exposicion étaient pleins toute la journée, dans une ambiance festive et combative. Parmi les délégations internationale, les militants de Alternatiba-France étaient très présents pour préparer le sommet de Paris 2015, et une convergence des luttes nécessaire à Paris en décembre prochain.

Alternativa-COP20_cumbre-peru.jpg Toutes et tous se préparent pour la grande marche de ce mercredi 10 décembre, qui se terminera par un meeting sur la Plaza San Martin, lieu historique de la gauche, ou la présence de Evo Morales est dores et déjà annoncée. L’organisation de ce contre sommet en Amérique latine est significatif à bien des égards. C’est ici que sont en germe de nombreux mouvements écologistes et progressifs, ainsi que des changements politiques concrets et radicaux qui ouvrent la voie à un changement global. L’appui de gouvernements progressistes, comme celui de Bolivie ou du Venezuela (organisateur de la Pre Social Cop en novembre dernier) à cette convergences des luttes est un pas important dans ce sens.

Pour la préparation de la marche, des militants écologistes ont crée à quelques avenues du lieu central de la cumbre de los pueblos la "casa Tierra Activa", maison dans le centre de Lima ou se réunissent les militants et toutes les personnes qui souhaitent participer à la réalisation de pancartes et affiches. Cette maison est aussi le lieu de nombreux rassemblements et échanges. Les militants sur place sont beaucoup de jeunes, venus de divers pays d’Amérique latine en particulier. Ce mardi 09 décembre ils étaient une trentaine dans l’après midi à préparer des pancartes. Tandis que plusieurs autres militants sillonaient les rues de Lima pour coller des affiches appelant à la marche du 10. C’est un ami péruvien qui est dans l’organisation de ce sommet qui m’a invité à visiter ce lieu alternatif mais néanmoins central de la Cumbre de los Pueblos. La dimension autonome du mouvement est marquée, sans sombrer dans le rejet de la politique et des partis politiques. Il est au contraire très facile de discuter avec ces militants, même en affichant clairement son étiquette politique.

Car il s’agit bien d’un mouvement fondamentalement politique. La dépolitisation de l’écologie est l’oeuvre de ceux qui ne souhaitent pas changer le système. Ici, tout le monde à compris que la crise écologique n’était pas uniquement une affaire de scientifiques, mais qu’il s’agissait bien de la manifestation, sous une forme quelque peu différente, du clivage traditionnel entre une oligarchie qui souhaite préserver ses privilèges et les peuples qui doivent reconquérir sa souveraineté. Comme le rappelait Gustavo Pedro, maire de la capitale Colombienne de Bogota lors de l’inauguration de la cumbre de los pueblos : un clivage entre ceux qui exploitent la nature et les êtres humains, et ceux qui subissent cette exploitation.

Arthur Morenas


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