Une vague populaire contre la haine  !

lundi 12 janvier 2015.
 

La France républicaine doit être là, dressée face aux tueurs, répugnant aux amalgames, refusant les guerres de civilisation, répliquant à l’obscurantisme au front bas. Le carnage perpétré à Charlie Hebdo est un choc dont toutes les ondes nous ont frappés. Jamais notre pays n’avait connu pareil crime contre la liberté d’expression, de volonté si sanglante d’éradiquer un journal, d’éteindre ses intelligences. La destination de ce geste est de provoquer la haine et la peur. Il pourrait atteindre son but sans une réaction populaire, tant des ferments toxiques ont été abondamment semés, notamment par les Finkielkraut, Zemmour et Houellebecq.

Du côté des tueurs, on veut éteindre la lumière et, de l’autre, flinguer l’héritage des Lumières. Duo sinistre de deux obscurités, de deux obscurantismes. Ce n’est pas une France repliée qui doit défiler dimanche mais un peuple debout contre la haine, debout contre ces flingueurs qui ont emprunté leur savoir-faire à la maffia, debout contre les amalgames ravageurs et les stigmatisations. Autant dire que le Front national n’y a pas sa place, lui qui réclame à cor et à cri la peine de mort, récupère le drame pour attaquer les immigrés, veut réduire les citoyens à des indigènes oublieux des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Alors, les fanatiques à la kalachnikov auraient gagné contre la démocratie. Alors, le message des dessinateurs de Charlie assassinés, eux qui préparaient un numéro contre le racisme, serait englouti sous la boue, trahi.

Les États-Unis après le 11 septembre 2001 se sont déshonorés avec le Patriot Act, Guantanamo, Abou Ghraib et la torture institutionnalisée, acceptant d’être ravalés vers la fureur meurtrière de leurs adversaires. La France doit combattre le terrorisme sans avilir ses valeurs, sans s’enfermer dans les lois d’exception qui affaiblissent son modèle. Cette lutte sans merci ne peut être gagnée sans l’arme de la démocratie, sans la conquête pour tous de nouveaux droits et d’une plus grande égalité. Le contraire de la guerre du chacun contre chacun et du tous contre tous qu’instaure le libéralisme.

Par Patrick Apel-Muller

Vendredi, 9 Janvier, 2015

L’Humanité


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