Fort de ses 15 députés à l’issue des législatives d’octobre, contre 5 auparavant, le Front s’affirme comme la seule force d’opposition face à l’alliance gouvernementale des droites libérale et religieuse qui avaient pourtant fait mine de s’affronter lors des élections.

A l’Assemblée, le Front peut compter sur des figures populaires. La courageuse et percutante Mbarka Brahmi, veuve de l’autre leader assassiné Mohamed Brahmi, a été élue députée de la bouillante région de Sidi Bouzid, là où la révolution s’était déclenchée en 2011. Le jeune Mongi Rahoui, leader de la résistance laïque des députés constituants face aux islamistes a été réélu. Le Front populaire étant désormais la principale force d’opposition, Mongi pourrait accéder à la présidence de la Commission des finances, réservée à l’opposition en vertu de la nouvelle Constitution. Il avait présenté devant la précédente assemblée un contre-budget dont l’idée avait germée lors d’un échange entre une délégation du Parti de Gauche. Autre figure importante du Front populaire qui entre au Parlement, Amar Amroussia, leader depuis plusieurs années de la lutte du bassin minier de Gafsa, pourra faire entendre avec plus de force l’exigence d’un nouveau partage des revenus du phosphate au profit des populations pauvres du sud tunisien.

L’avenir du Front populaire tunisien est aussi conforté par le leadership de Hamma Hammami, dont le passé résistant mais aussi la remarquable campagne présidentielle ont fait une figure populaire et patriotique. Hamma est en effet devenu le 3e homme de l’élection présidentielle de décembre, derrière le président sortant Marzouki et le nouveau président Essebsi. A cette occasion il a doublé le nombre de suffrages obtenus par le Front populaire grâce à une campagne dépassant largement les « partis » avec le mot d’ordre « Hamma fils du peuple ! ». Pour conforter cette dynamique, le Front populaire envisage désormais de franchir l’étape des adhésions directes de citoyens non membres des partis qui le constituent.